Maladie de Bouveret : comment soigner ce trouble qui provoque une accélération du rythme cardiaque ?

La maladie de Bouveret est un trouble du rythme cardiaque qui se traduit par une forte accélération des battements du cœur. Cette pathologie est bénigne, mais elle peut s’avérer gênante sur le long terme, car les crises surviennent de manière spontanée.

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La maladie de Bouveret, également appelée « tachycardie jonctionnelle », se caractérise par une accélération brusque du rythme cardiaque. Pendant cette crise, le cœur bat très rapidement, dépassant parfois les 200 battements par minute. Ce trouble du rythme cardiaque s’arrête aussi soudainement qu’il est apparu. Les crises peuvent durer de quelques minutes à plusieurs heures.

« La tachycardie jonctionnelle touche plus les jeunes femmes avec un cœur en bonne santé. En moyenne, ce trouble concerne 70 femmes pour 30 hommes. La raison précise de cette prédominance féminine reste mal connue.Les femmes souffrant de tachycardie jonctionnelle ont également tendance à faire plus de crises lorsqu’elles tombent enceintes », explique le Dr Stéphane Boulé, cardiologue.

Quels sont les symptômes de la tachycardie jonctionnelle ?

Les palpitations sont les principales manifestations de la tachycardie jonctionnelle. Une crise peut s’accompagner d’autres symptômes comme des angoisses, des sensations d’oppression ou des essoufflements. Dans la plupart des cas, il est difficile d’identifier des facteurs qui favorisent la survenue des crises. D’après Stéphane Boulé, des changements de position ou une activité physique peuvent parfois déclencher une crise de tachycardie jonctionnelle.

Maladie de Bouveret : quelles sont les causes de ce trouble du rythme cardiaque ?

Deux mécanismes principaux peuvent la déclencher. La cause la plus fréquente est la réentrée intranodale. « Les accélérations du rythme cardiaque sont provoquées par une variante anatomique qui se situe au niveau du noeud auriculo-ventriculaire, le câble électrique qui relie les oreillettes aux ventricules du coeur. En général, l’électricité provient des oreillettes, puis passe par le câble pour rejoindre les ventricules. Chez certaines personnes, une variante entraîne la dissociation de la zone avec une partie qui conduit l’électricité plus rapidement que l’autre », détaille le cardiologue. Dans ce cas, il s’agit d’un trouble du rythme bénin, sans risque vital.

La maladie de Bouveret peut également être due à une voie accessoire, un câble électrique supplémentaire présent depuis la naissance. « Chez certaines personnes, on remarque une anomalie congénitale qui est la voie accessoire. Au lieu d’avoir un seul câble électrique reliant les oreillettes aux ventricules, le patient en a deux. Cela peut causer un court-circuit et susciter un trouble du rythme cardiaque », complète Stéphane Boulé. Certaines de ces voies accessoires sont bénignes, d’autres peuvent être malignes, à risque de mort subite.

Comment est diagnostiquée la tachycardie jonctionnelle ?

Le diagnostic de la maladie de Bouveret est parfois difficile à poser, car il repose sur l’enregistrement d’un électrocardiogramme au moment de la crise. Lorsqu’une personne atteinte par une tachycardie jonctionnelle ne fait pas de crise, son électrocardiogramme est normal dans la plupart des cas notamment pour la réentrée intranodale.Le cardiologue ne détecte aucune anomalie. Il est donc essentiel de réaliser cet examen (ECG) pendant une accélération du rythme cardiaque.

Cependant, comme les crises sont spontanées et souvent de courte durée, il est parfois compliqué de se rendre aux urgences pour faire un électrocardiogramme. Le Dr Stéphane Boulé explique qu’il existe désormais des technologies qui permettent aux patients de réaliser eux-même l’enregistrement de leur électrocardiogramme au moment des épisodes de palpitations. Cela permet d’avoir un diagnostic précis et plus rapide. Il recommande notamment certaines applications mobiles et montres connectées.

Quels sont les traitements pour soigner la maladie de Bouveret ?

Il existe deux solutions pour soigner ou apaiser les crises de tachycardie jonctionnelle : le traitement au moment des crises et une prise en charge sur le long terme afin d’éviter qu’elles ne reviennent. Lors d’une crise, il est conseillé de se mettre au repos. Trois étapes permettent de la calmer :

  • Les manœuvres vagales

Ce sont des petits moyens à mettre en place pour arrêter une crise sans avoir besoin de médicaments. Le patient peut notamment utiliser la manœuvre de Valsalva qui consiste à se pincer le nez et souffler afin d’équilibrer la pression. On répète l’exercice pendant quinze à vingt secondes. Cette stimulation vagale agit sur les nerfs et régule la fréquence cardiaque afin de stopper la crise.

Autre manœuvre possible ? Le massage sino-carotidien : « On pose ses mains sur son cou au niveau du passage de l’artère carotide. Il suffit d’appuyer dessus en faisant des cercles, car certains nerfs qui régulent la fréquence cardiaque se trouvent à cet endroit », recommande Stéphane Boulé. Le cardiologue précise que les changements de position brusque peuvent parfois interrompre les crises. Par exemple, vous pouvez vous allonger brusquement en surélevant les jambes.

  • La prise orale de médicaments

Si les manœuvres vagales ne fonctionnent pas, le patient peut se voir prescrire des inhibiteurs classiques ou des bêta-bloquants pour calmer les crises de tachycardie jonctionnelle. Dans la plupart des cas, le malade est soulagé au bout de dix à quinze minutes.

  • La consultation à l’hôpital

Lorsque la crise ne cède pas, le patient peut se rendre à l’hôpital afin de recevoir l’injection d’un médicament par perfusion (adénosine). Généralement, l’intraveineuse permet d’arrêter l’accélération du rythme cardiaque.

Pour éviter la répétition des crises, le patient et le cardiologue peuvent décider de réaliser une intervention mini-invasive appelée « ablation par radiofréqence ». Elle se pratique à l’aide d’un cathéter introduit par la veine fémorale. Cette opération se fait sous anesthésie légère et ne nécessite pas d’ouverture du thorax ou du pli de l’aine.

Le chirurgien remonte le cathéter jusqu’à l’oreillette droite du cœur et déclenche la crise de tachycardie jonctionnelle afin de trouver son origine. Si elle est causée par une réentrée intranodale, le praticien cautérise la voie lente du noeud auriculo-ventriculaire. Lorsque la maladie de Bouveret est due à la voie accessoire, il cautérise le câble électrique supplémentaire et le retire.

Merci à Stéphane Boulé, cardiologue et à la fondation Agir pour le Coeur des Femmes

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