Mostra de Venise : la Française Audrey Diwan remporte le Lion d'Or pour "L'évènement", un film sur l'avortement

La réalisatrice française Audrey Diwan, 41 ans, a reçu samedi le Lion d’Or à Venise pour L’événement, un film sur une jeune femme qui avorte clandestinement, adapté du récit autobiographique éponyme de la romancière Annie Ernaux. 

« Malheureusement quand vous travaillez sur l’avortement vous êtes toujours dans l’actualité« , a déclaré en recevant son prix Audrey Diwan, qui succède à la Sino-Américaine Chloé Zhao, sacrée l’an dernier pour Nomadland.

« J’ai fait ce film avec mes tripes »

« J’ai fait ce film avec colère et désir, je l’ai fait avec mon ventre, avec mes tripes avec mon coeur« , a-t-elle ajouté. « Je voulais que ce soit une expérience« , un « voyage dans la peau de cette jeune femme« .

Audrey Diwan, dont c’est le second film après Mais vous êtes fous (2019), est aussi journaliste, romancière et scénariste – elle a cosigné les scénarios de Bac Nord et La French.

Le Lion d’Or lui a été décerné à l’unanimité par le jury présidé par le réalisateur sud-coréen Bong Joon-Ho (Parasite).

Le calvaire d’un avortement clandestin au début des annés 60

Anne, le personnage principal, est une étudiante insouciante dans la France du début des années 1960, où l’avortement clandestin est puni de prison pour celles qui le pratiquent comme pour ceux qui aident. Il ne sera dépénalisé qu’en 1975.

Anne découvre qu’elle est enceinte, mais la jeune femme, issue d’un milieu populaire, souhaite continuer ses études de lettres, seule chance de se construire un avenir hors de son village natal. Médecins, amis, partenaire, professeur: elle ne trouvera personne pour l’aider.

Cadré au plus près du personnage, avec un long plan-séquence durant lequel Anne tente de se faire avorter, L’Evènement (deuxième adaptation d’Annie Ernaux cette année après Passion simple) peut être éprouvant, se voulant au plus près de la réalité et du calvaire enduré par les femmes qui devaient avorter clandestinement, au péril de leur vie.

La jeune Anamaria Vartolomei crève l’écran

Le film est porté par une jeune actrice de 22 ans, Anamaria Vartolomei, une brune aux yeux clairs et au teint diaphane, qui crève l’écran pour son premier grand rôle.

« Je me suis mise vraiment à sa place. Je me suis dit : ok, on a 21 ans toutes les deux, qu’est ce que c’est pour une jeune fille » d’avorter, a-t-elle expliqué à l’AFP. « Moi, j’ai la chance d’avoir des droits, acquis mais qui sont encore fragiles. Je l’ai défendue avec le plus d’intérêt possible, parce que c’est terrible, elle doit choisir entre ses études, sa carrière ou sa vie. C’est injuste ! »

Née en Roumanie à Bacau (nord-est) Anamaria a vu ses parents partir pour la France à l’âge de deux ans. Le père travaille dans le bâtiment et lorsqu’elle a six ans ses parents gagnent assez d’argent pour la faire venir avec eux, à Issy-les-Moulineaux, en banlieue parisienne (Hauts-de-Seine).

C’est à l’école qu’elle découvre le théâtre avant de s’inscrire à un casting pour un film d’Eva Ionesco, My Little Princess, où elle jouera à l’âge de 10 ans. Douze ans plus tard, « j’ai envie d’attaquer des rôles de plus en plus riches, compliqués, nuancés, casse-gueule, ambigus. Je me sens prête« .

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