Que sont devenus les gros films attendus en 2020 ?

  • De Wonder Woman à James Bond, de nombreux héros attendus dans les salles de cinéma ont vu leurs aventures reportées de plusieurs mois.
  • Cette situation est préoccupante pour l’avenir du cinéma.
  • L’optimisme reste de mise car beaucoup de films vont malgré tout sortir dans les prochains mois.

Souvenez-vous, décembre 2019 : les cinéphiles se frottaient les mains devant la pléthore de films américains alléchants que promettait l’année 2020. Hélas, le Covid-19 semble avoir englouti les programmations dans un triangle des Bermudes démoralisant. Au point de se demander : où sont passés tous les films annoncés.

Chaque jour – ou presque – voit son lot de sorties reportées. Notamment les gros films que les exploitants attendaient comme des locomotives pour faire revenir le public dans les salles obscures. C’est le cas récemmentdu nouveau James Bond ou de 
de Dune de Denis Villeneuve. Sans perspectives à court terme, certains se lancent directement sur les plateformes : Mulan de Niki Caro sur Disney+, Bronx d’Olivier Marchal sur Netflix, Brutus vs César de Kheiron sur Amazon Prime…

Si bien qu’ils ne restent plus aujourd’hui que trois blockbusters américains programmés d’ici la fin de l’année : Wonder Woman 1984 de Patti Jenkins, Soul de Pete Docter et Mort sur le Nil de Kenneth Branagh. Mais pour combien de temps ?

Le cas Tenet

Les autres grosses productions attendues n’ont pas voulu prendre le risque de suivre Tenet de Christopher Nolan, sorti en salle le 26 août dernier. « Pourtant la fréquentation du film a tenu ses promesses en France avec 2, 5 millions de spectateurs, explique Nicolas Colle, journaliste en charge de l’analyse de l’exploitation et de la distribution pour Ecran Total. Mais il a pâti de la situation catastrophique dans les salles américaines qui fait qu’il n’est pas encore rentable. »

Le film n’a engrangé que 307 millions de dollars dans le monde, dont seulement 45 millions de dollars aux Etats-Unis, alors qu’il lui en aurait cent de plus pour commencer à gagner de l’argent. « Il finira peut-être par y arriver, mais cela va prendre du temps », estime Nicolas Colle.

Pas si bon pour James Bond

Résultat des courses : les blockbusters disparaissent comme happés par un trou noir. Si Mourir peut attendre, les fans de James Bond vont devoir en faire de même : la sortie du film de Cary Joji Fukunaga prévue le 11 novembre est remise au 31 mars 2021. « Les studios réagissent face à une situation à l’internationale, précise Nicolas Colle.

Bond est un phénomène en Angleterre et se priver d’une sortie sur ce territoire serait impensable. » Il faut savoir que les grands studios prévoient leurs sorties plusieurs années à l’avance : chaque changement bouleverse donc tout le calendrier.

Des fermetures de salles

Etre privées de James Bond est une véritable catastrophe pour les cinémas français mais aussi pour celles du monde entier : aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, le
circuit Regal a décidé de fermer l’ensemble de son réseau après cette annonce. Près de 700 salles sont concernées. « Nous surveillerons la situation de près pour voir quand nous pourrons rouvrir », a annoncé la compagnie dans un
communiqué le 5 octobre. Il faut dire qu’en Grande-Bretagne, James Bond est un tel phénomène que sa défection impacte cruellement les salles.

Enfin, ce mardi, le très attendu Dune de Denis Villeneuve annonce le report de sa sortie en octobre 2021. Avec un bel effet de dominos, il entraîne avec lui, The Batman de Matt Reeves, Jurassic World: Dominion de Colin Trevorrow et The Flash d’Andrew Muschietti qui ne devraient rencontrer les grands écrans de cinéma qu’en 2022. Matrix 4 de Lana Wachowski est
avancé de trois mois, au 22 décembre 2021. Mais Shazam 2 de David F Sandberg est carrément renvoyé à… 2023.

Un boulevard pour les Français

« Tout n’est pas perdu pour les salles françaises, déclare Nicolas Colle. Même si on est à un million de spectateurs par semaine au lieu des deux ou trois qu’on a habituellement pendant cette période de l’année. » Et d’expliquer que ce sont les productions françaises qui se taillent la part du lion depuis que les cinémas ont rouvert le 11 juin dernier. Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal, Effacer l’historique du duo Kervern/Delépine et Les Blagues de Toto de Pascal Bourdiaux tirent notamment leur épingle du jeu. Sans parler des films aux résultats convaincants malgré des sorties plus discrètes comme le documentaire Un pays qui se tient sage de David Duquenne qui affiche complet dans beaucoup des 89 salles qui le programment.

Des œuvres porteuses

Et cela ne fait que commencer ! De plus en plus de films français changent à leur tour leur date de sortie, souvent en fonction des places qui se libèrent ou de l’opportunité de se retrouver à l’affiche pendant les vacances scolaires. Eux sont prêts à s’engouffrer dans la brèche que leur ménage la disparition des films américains. « Les distributeurs français jouent le jeu et il y en a vraiment pour tous les goûts et tous les publics », déclare Nicolas Colle après avoir assisté au Congrès de la Fédération Nationale des Cinémas à Deauville en septembre. Aline de Valérie Lemercier, Kaamelott d’Alexandre Astier,Adieu les cons d’Albert Dupontel et Comment je suis devenu super-héros de Douglas Attal ont tous les atouts pour faire remonter la fréquentation en flèche.

Optimiste pour la suite

« Entre les films français et internationaux, je suis optimiste, insiste Nicolas Colle. Avec l’aide financière de l’Etat, les salles devraient pouvoir tenir jusqu’au retour à la normale. » Qu’il est impossible de dater précisément pour l’instant.

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