- Jean-Luc Godard, qui vient de mourir à 91 ans pouvait être « parfois méchamment drôle et parfois drôlement méchant ».
- Certaines femmes artistes, qui avaient un lien sentimental avec lui, n’ont pas hésité à raconter ou à montrer pourquoi et comment il les avait fait pleurer.
- C’est le cas d’Anna Karina, sa première muse et actrice fétiche de Pierrot le fou, ou d’Agnès Varda, sa collègue cinéaste de la Nouvelle vague qui l’estimait pourtant jusqu’à la fin de sa vie.
«Jean-Luc Godard, c’était un drôle de type : un provocateur parfois méchamment drôle et parfois drôlement méchant », confiait Anna Karina en 2018 à 20 Minutes. Son actrice fétiche, sa première femme et sa muse à ses débuts, ne s’est jamais vraiment remise de leur rupture en 1967. Et elle ne manquait jamais de rappeler deux anecdotes sur le manque de tact de son ex-mari.
La première concerne l’annonce que le jeune cinéaste avait passé en 1960 afin de trouver « une comédienne et une âme sœur » pour Le Petit soldat. La comédienne bondit : « En tant que Danoise, je ne savais pas ce que ça voulait dire, « âme sœur ». Mais quand j’ai compris que c’était assez olé olé, ça m’a choquée. Je ne voulais plus faire le film. » Godard est venu jusqu’à son domicile lui présenter ses excuses, avec un bouquet de 50 roses.
Godard, invité surprise de Thierry Ardisson
Vingt-sept ans plus tard, Godard avait encore beaucoup à se faire pardonner après avoir réussi à faire pleurer son ex sur le plateau de télévision de Thierry Ardisson. Anna Karina, qui n’avait pas été prévenue de la présence de Godard en invité surprise, laisse Ardisson multiplier les questions sur leur relation et notamment sur la difficulté de travailler ensemble quand on est en couple. Jean-Luc Godard répond : « Effectivement, ça n’a jamais marché », sort quelques généralités sur d’autres couples célèbres coupables des mêmes erreurs… « On pense qu’il faut avoir un grand amour, on n’en est pas capable ; les femmes beaucoup plus. Elles en souffrent certainement. Moi, tout ce que je pouvais donner, c’était les films ». Anna Karina fond en larme et quitte le plateau. Godard commente alors : « moi je pleurerais chez moi, mais pas ici »…
« C’est une peau de chien, on s’en va »
Pleurer chez lui, ou plutôt devant chez lui, c’est ce qui est arrivé à Agnès Varda venus le rencontrer avec JR en Suisse en 2017, pour leur documentaire, Visages Villages. L’idée d’une rencontre filmée a germé dans l’esprit de la cinéaste du fait qu’elle trouvait une ressemblance physique entre les deux hommes. Au Godard de la Nouvelle vague, qu’elle fit tourner en 1962 dans une séquence célèbre de Cléo de 5 à 7 intitulée Les fiancés du Pont Mac Donald, elle ne cessait de demander d’enlever ses lunettes fumées « pour voir ses beaux yeux », comme avec JR pendant le tournage de leur film. Mais une fois arrivés à Rolle, Agnès Varda et JR se sont retrouvés face à une porte close, avec un mot évoquant Jacques Demy qui eut le don de bouleverser Varda. « C’est pas très drôle, c’est pas très drôle… s’il veut pas ouvrir, c’est une peau de chien, on s’en va », dira-t-elle dans une réaction proche de celle d’Anna Karina après l’émission d’Ardisson. « C’est quoi, dégueulasse », demandait Jean Seberg à la fin d’A bout de souffle.
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