Fin de tournage pour Amel Bent dans le rôle de Malika Bellaribi

Village éducatif Saint-Philippe de Meudon, vendredi 18 septembre. A l’heure où les élèves entrent en classe, le parvis de l’ancien orphelinat catholique surplombant un immense parc arboré, est en effervescence. Le tournage d’une des dernières scènes du téléfilm Les Sandales blanches, dont la diffusion est prévue sur
France 3 en 2021, se prépare. Après la réalisation du Diable au cœur, avec Zabou Breitman, Christian Faure adapte ici le roman autobiographique de la mezzo-soprano Malika Bellaribi. La chanteuse
Amel Bent y tient le rôle principal.

Paru en 2008, Les sandales blanches raconte l’histoire d’une fillette des bidonvilles de Nanterre qui, dans les années 1960, est victime d’un grave accident. Alors qu’elle admire les nouvelles sandales que sa mère vient de lui acheter, un camion la percute. C’est le début de nombreuses souffrances qui l’éloignent de sa famille et la conduisent d’hôpitaux en maisons de convalescence. Soignée par les sœurs de Saint Vincent de Paul, elle se rend à la messe et découvre le chant sacré. S’entame alors un parcours vers la réussite de celle que l’on surnomme désormais « la diva des banlieues ».

Une émotion palpable

Sur un banc faisant face aux équipes du film, ce matin-là, Amel Bent et Malika Bellaribi se font une joie de se retrouver. La veille, les deux femmes ont tourné ensemble une scène très émouvante puisqu’il s’agit du moment où la mezzo-soprano, à l’occasion d’un concert, revoit sa mère pour la première fois depuis des années. « J’ai essayé de cacher mon émotion. Ça m’a remuée de devoir chanter devant elle, même si c’est en playback, avoue Amel Bent. Souvent, j’allais pleurer entre les prises, sous les yeux de Christian, le mari de Malika, qui m’a dit les larmes aux yeux : « je dois ouvrir les yeux et tenir ma femme dans les bras pour me rendre compte que ce n’est pas elle que j’ai devant moi ». Cette phrase m’a reboostée jusqu’à la fin du tournage ».

Ce tournage, Malika l’appréhendait légèrement. « Savoir que mon histoire allait être mise en images, ça m’a étonnée sur le moment, j’avais du mal à y croire, confie-t-elle. Puis, j’ai réalisé que j’allais devoir revivre encore une fois mon passé. Ça m’a fait un peu peur ». Alors même qu’elle ne connaissait pas la chanteuse lyrique, Amel Bent, au contraire, n’a pas hésité une seule seconde. « A la lecture de ce scénario, j’ai directement prévu un énorme trou dans mon planning pour jouer ce rôle tellement je l’aimais. J’en ai parlé à des amies comédiennes, Leïla Bekhti et Sabrina Ouazani, elles m’ont dit de foncer ».

« On ne se laisse pas redéfinir »

La chanteuse aux six albums et centaines de concerts a tout de même dû affronter le trac durant toute la première semaine du tournage. « C’était une première fois pour moi, ça m’a fait peur. J’étais pétrifiée mais au fur et à mesure, en allant chercher l’empathie et la bienveillance des gens de l’équipe, j’ai appris à me détendre. » Incarner un personnage, c’est tout un art qu’Amel a rigoureusement appris. « J’ai beaucoup travaillé pour ce rôle. Plus je suis préparée, moins j’ai peur, en théorie (rires). Je veux mériter ce pour quoi je travaille. C’est le secret de tout ce qu’on entreprend à mon avis ». Tout sourire, Malika la félicite droit dans les yeux et admet qu’elle a su jouer « à la fois la femme forte et vulnérable, ce qui n’est pas une mince affaire. Me voir en elle m’a permis de m’apaiser par rapport à mon histoire ».

Cette histoire aborde la condition des femmes, la condition sociale, le racisme, et la réussite par la musique. Des questions auxquelles ces deux artistes d’origine algérienne ont été confrontées au cours de leurs carrières. « Nos chemins n’ont pas été tracés de la même manière, mais on a réussi à se faire une place dans un monde où il n’y en avait pas pour nous, se félicite la cantatrice. Ce que j’aime, c’est qu’on ne se laisse pas redéfinir ». Jeune femme des quartiers populaires, Amel ajoute : « On dit que Dieu n’éprouve que ceux qu’il aime. Jamais je me suis dit :  » c’est impossible, j’abandonne « . On peut se reconnaître à plein de niveaux dans l’histoire de Malika. Il y a tellement de choses dans lesquelles je me reconnais en tant que maghrébine, en tant que banlieusarde, mais aussi en tant qu’artiste, que femme, épouse et mère, que je me dis que ce film peut plaire au plus grand nombre ».

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