« Quand on m’a proposé de faire un album de Noël, j’ai cru à une blague »

  • Natasha St-Pier sort Christmas Album ce vendredi 10 novembre. Elle reprend onze des chansons de Noël les plus plébiscitées en France.
  • « La musique de Noël, c’est chaud, c’est enveloppant, avance l’artiste à 20 Minutes. Cela doit être réconfortant et positif. (…) On a du vibraphone, mais pas strident, on a des clochettes, mais elles ne sont jamais très fortes dans les mixes. »
  • Au sujet de la place de la religion dans sa vie, Natasha St-Pier répond : « La spiritualité prend une plus grosse place que la religion, pour être tout à fait honnête. Je n’ai pas envie de me considérer simplement comme un être de chair et d’os car on est davantage que ça. »

Noël commence ce vendredi avec Natasha St-Pier chez les disquaires – et sur les plateformes de streaming. La chanteuse livre son Christmas Album, un disque composé de reprises de chansons de Noël, de Douce Nuit à Mon beau sapin en passant par l’inévitable All I Want for Christmas Is You… « Un album de Noël, ça s’écoute à partir du moment où on s’accorde le droit de mettre un sapin chez soi – me concernant, c’est plutôt mi-novembre – jusqu’à la mi-janvier », avance à 20 Minutes l’artiste qui voue une « passion » à cette fête de fin d’année.

Les albums de Noël sont populaires dans les pays anglo-saxons, mais ils ne sont pas vraiment une tradition en France…

Ce n’est pas du tout une tradition ! C’est un rêve que j’ai depuis plusieurs années. Je demandais cet album à mes maisons de disques, à mes manageuses et tout le monde me répondait qu’en France, les albums de Noël ne se vendaient pas. Je me suis résignée et j’ai arrêté d’en parler. Quand Antoine Gouiffes-Yan, le patron de mon label, Parlophone, m’a proposé d’en faire un, je pensais qu’il se foutait de ma gueule. Il m’a assuré qu’il était sérieux, alors cela a été un grand oui. Il voulait quelque chose qui fasse plaisir aux gens, alors nous nous sommes renseignés sur les chansons que les Français écoutent à Noël. Et on a retenu les dix les plus écoulées. Il y a eu des surprises.

Lesquelles ?

Hallelujah de Leonard Cohen, ou Jeff Buckley, selon vos goûts, pour moi, ce n’était pas une chanson de Noël mais, apparemment, les Français aiment particulièrement cette chanson à cette période. Oh Happy Day, je ne savais pas que c’était une chanson de Noël alors que si, puisqu’elle parle de la naissance de Jésus.

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Sur cet album, il y a bien sûr « All I Want for Christmas Is You ». Comment aborde-t-on la reprise d’un titre aussi culte ?

C’est très compliqué parce qu’en matière de vocalistes, Mariah Carey est une des meilleures au monde, donc je n’allais pas m’amuser à faire un duel contre elle, ce n’est pas du tout l’intérêt. Je ne pouvais pas non plus la réinterpréter énormément parce que les gens ont dans leur inconscient la version de Mariah. On n’est pas prêts, on n’a pas envie d’entendre un truc différent. Alors j’ai choisi de faire moins de vibes, seulement une petite au début, et de garder la même structure.

Un album de Noël implique certains codes. Il faut une dimension « feel good », un effet cocon…

La musique de Noël, c’est chaud, c’est enveloppant, il faut qu’on ait l’impression de bougies qui sentent bon, de maison joliment décorée. Cela doit être réconfortant et positif. Mon oreille est très sensible aux sons aigus, je ne les aime pas, donc on n’en a pas mis beaucoup. On a donc du vibraphone, mais pas strident, on a des clochettes, mais elles ne sont jamais très fortes dans les mixes.

« Minuit, chrétiens » est également au rendez-vous. C’est celle dont la dimension religieuse est la plus marquée. Etait-il important pour vous de rappeler les origines de cette fête ?

Oui et non. Oui car, si on est chrétien, il est important de se rappeler que c’est la base de notre religion. Et non car Noël est devenue une fête commerciale et j’ai aussi envie qu’elle appartienne à tous ceux qui n’ont pas envie de croire mais qui, pendant cette période, souhaitent se laisser bercer par quelque chose. On décore, on met des lumières et on se rassemble en famille. On n’a pas besoin d’être chrétiens pour cela, pour se dire, « soyons proches des gens qu’on aime ».

Quelle place a la religion dans votre vie ?

La spiritualité prend une plus grosse place que la religion, pour être tout à fait honnête. Je n’ai pas envie de me considérer simplement comme un être de chair et d’os car on est davantage que ça. On a appris à nourrir le corps avec de bons aliments, à nourrir notre mental avec du savoir et je pense qu’il faut aussi nourrir notre âme avec de la spiritualité, c’est-à-dire le retour à soi.

Depuis une dizaine d’années, vous avez proposé des albums consacrés à Sainte Thérèse de Lisieux ou Jeanne d’Arc. Vous avez aussi eu une émission sur AirZen pour parler de yoga. Votre introspection et quête de spiritualité influent donc sur votre musique ?

Je peux difficilement faire tout un parcours dans le yoga, m’ouvrir à cette dimension-là, essayer de la nourrir, et proposer artistiquement des choses qui sont à l’opposé. La musique, c’est une partie de moi. Je ne sais jamais où j’en serai quand je prépare un album. J’ai fait un album pour enfants [L’Alphabet des animaux, en 2017] au moment où je devenais maman parce que c’était la part de moi qui prenait le plus de place.

Après Sainte Thérèse de Lisieux et Jeanne d’Arc aimeriez-vous consacrer un album concept à une autre personnalité ?

Je suis très fan des femmes qui ont réussi à exister à des endroits où on ne leur laissait pas la place pour cela. C’est le cas de Thérèse, c’est le cas de Jeanne d’Arc. C’est aussi le cas de Marie Curie mais je ne me vois pas faire un album sur elle (rires), c’est compliqué. Peut-être que je vais découvrir une autre figure inspirante. Les femmes fortes m’inspirent beaucoup car elles ont en elle des qualités que j’aimerais avoir.

Vous avez eu l’impression d’avoir été jugée dans le milieu musical par rapport à ces albums-là ?

Quoi que l’on fasse, dans le milieu de la musique, on est jugés. Alors autant faire ce dont j’ai envie.

Vous êtes par ailleurs animatrice de radio sur AirZen. Vous vous épanouissez donc aussi dans ce rôle-là ?

Enormément ! Pendant deux ans [en 2021 et 2022], j’ai eu une émission sur le yoga et, désormais, j’en ai une sur le bonheur. Cela me plaît car cela me donne l’occasion de rencontrer énormément de gens. J’apprends beaucoup. Le métier d’intervieweur, par exemple. Je découvre la difficulté de faire une bonne émission avec un « bon » invité et de faire une bonne émission avec un invité plus difficile.

La chanson, la radio… Y a-t-il un autre domaine que vous souhaiteriez explorer ?

J’aimerais bien jouer la comédie. Au théâtre ou à l’écran, les deux me plaisent. J’adore incarner un personnage parce que je trouve qu’on a une vraie liberté. Toutes les choses que je n’ose pas faire en Natasha St-Pier, lorsque je suis en personnage, le costume me donne le droit de le faire.

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