Pourquoi Lyon est considérée comme la capitale du funk ?

  • Les Lyonnais en sont persuadés et le revendiquent régulièrement, surtout sur les réseaux sociaux : Lyon est la capitale du funk.
  • Récemment, un jeune artiste du coin a d’ailleurs « percé » sur TikTok avec « ce soir en ville », un son dont le rythme est assimilé à du funk.
  • 20 Minutes s’est alors intéressé aux origines de ce mythe et a rencontré Kâshif Kroche, considéré comme une référence dans le milieu.

Avec près de 50 millions de vues cumulées sur TikTok, le son « ce soir en ville » est devenu le morceau tendance du moment (du moins, sur le réseau social). Un succès qui vient surtout du rythme entêtant, assimilé à du funk. Repris par de nombreux utilisateurs – même par la préfecture de police – le titre fait la fierté de son auteur, Sandji do Brazil qui a désormais près de 80.000 abonnés, qui met ainsi en lumière « le talent des Lyonnais ». Et oui, parce que, si vous ne le saviez pas, la capitale du funk, c’est Lyon.

Clip « Ce soir en ville » enfin disponible sur YouTube !! 🕺(lien dans ma bio) #cesoirenvilleyadlachatte #cesoirenville #lyon

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« Tu n’as qu’à taper funk sur YouTube et tu verras qui met la trik à qui [expression lyonnaise qui signifie dire battre quelqu’un] ! C’est le soixante-neuf pélo !! C’est le 6.9 c’est comme ça ! », dixit le jeune chanteur. « Tous les Lyonnais sont nés avec le funk dans le sang », ajoute son producteur. Mais alors, d’où vient ce mythe ?

« J’ai grandi avec le funk »

Avant toute chose, le funk est bien né aux Etats-Unis, au milieu des années 1960. Il est arrivé progressivement en France, notamment à Lyon, et n’en est plus jamais réellement parti. « Dans les années 1990, quand le hip-hop a percé en France dans les grandes villes comme à Paris et à Marseille, ça n’a pas été le cas ici. Nous, on est resté au funk et ça nous a suivis depuis », lance le disquaire et musicien Kâshif Kroche, considéré comme une référence dans le milieu. Il est le gérant de The Sounds of music, avec plus de 3.000 références de funk en tout genre.

« Dans les quartiers comme Vaulx-en-Velin ou Bron, on est resté très nostalgique, poursuit-il. Il suffit qu’on ait un parent ou un grand frère qui écoute du funk et on fait automatiquement la même chose. Moi, j’ai grandi avec le funk. » Il raconte qu’à l’époque, il était difficile de trouver de nouveaux sons, le marché de l’importation n’étant pas ce qu’il est aujourd’hui. « On s’échangeait nos cassettes, certains les remixaient ou ajoutaient des influences musicales d’autres régions du monde », se souvient le passionné.

C’est de cette manière que de nombreux labels ont ouvert dans les années 1980 à Lyon. Comme le rappelle Le Petit Paumé, à cette époque, les rassemblements festifs autour du funk se déroulaient souvent dans les bars et les cafés de la Guillotière, entre le 3e et 7e arrondissement.

Une mode qui ne passe pas

La tendance n’est pas passée. Elle a évolué. « Plus de quarante ans après l’émergence du funk, c’est un style encore très actuel à Lyon, assure Kâshif Kroche, lui-même membre d’un groupe, The Funky Drive Band. Et il existe une bonne scène locale. »

Le musicien développe : « Maintenant, on va plus appeler ça du modern funk. Dans le coin, on a Nickee B, Master Fonk ou encore DJ AK. Dans les sons encore plus actuels, il y a aussi Dabeull qui a très très bien marché. Ce sont différentes façons de faire du funk, comme ce que font les jeunes sur les réseaux, mais ça reste du funk. » D’après lui, c’est aussi pour cette raison que Lyon est considérée comme la capitale du funk. « Mais la capitale en France, hein ! », précise-t-il. Car en matière de référence, les Etats-Unis ou le Royaume-Uni semblent loin devant.

D’après le spécialiste, « on ne passera jamais à autre chose ». Comperenez, le funk vivra éternellement. « Récemment, des artistes comme Daft Punk ou Bruno Mars ont remis ce style au goût du jour. Ils ont repris les rythmiques dans leurs morceaux et ça a fait un carton, étaie-t-il. La base pour un bon funk, c’est que ça fasse danser. » Le hit de Sandji remplit donc bien les règles D’après les vidéos, « ce soir en ville » fait bien bouger les Lyonnais (et les autres).

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