Privés des revenus de leurs tournées mondiales, les auteurs-compositeurs se résolvent à vendre leur catalogue de chansons à des sociétés telles que Universal Music Publishing Group et Hipgnosis Songs Fund. Ces transactions s’inscrivent dans une tendance forte au sein d’une industrie que Goldman Sachs estime à 131 milliards de dollars d’ici 2030.
La dernière acquisition en date concerne le prestigieux catalogue de 1.180 chansons de Neil Young, dont la moitié des droits a été acquise par le groupe d’investissement Hipgnosis Songs Fund. Bien que la société de Merck Mercuriadis n’ait pas révélé le montant de la transaction, il s’élèverait à 150 millions de dollars selon plusieurs sources. Une coquette somme pour acquérir les droits patrimoniaux d’un des répertoires les plus prestigieux de la musique rock, et qui comporte des morceaux tels que « Heart Of Gold », « Harvest Moon », « Rocking In The Free World » et « Devil’s Sidewalk ».
Merck Mercuriadis, qui était le manager de Beyoncé et Elton John avant de fonder Hipgnosis, est d’ailleurs un grand fan de Neil Young. « J’ai acheté mon premier album de Neil Young à l’âge de sept ans. [La chanson] ‘Harvest’ était ma compagne et j’en connais intimement chaque note, chaque mot, chaque pause et chaque silence. Neil Young, ou du moins sa musique, a été mon ami et a été constant depuis », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Si l’on en croit les dernières acquisitions de Hipgnosis, le rockeur canadien n’est pas le seul artiste dont Merck Mercuriadis apprécie le travail. Lindsey Buckingham, Debbie Harry, Nile Rodgers, Chrissie Hynde… Ces icônes du Rock and Roll Hall of Fame ont toutes récemment vendu les droits de leur catalogue de chansons à la société d’investissement cotée en bourse. Et ils ne sont pas les seuls. Bob Dylan a fait les gros titres en décembre dernier lorsque le groupe Universal Music a annoncé le rachat des droits de l’intégralité de son répertoire pour une somme estimée entre 300 et 400 millions de dollars. Soit plus de 600 chansons écrites et composées par le musicien iconoclaste de 79 ans, dont l’exploitation et les revenus qui en découlent seront désormais gérés par Universal Music Publishing Group.
Capitaliser sur les classiques
Autrefois fortement déconseillé, vendre son catalogue de chansons est une option qui séduit de plus en plus d’auteurs-compositeurs vieillissants qui préfèrent tirer immédiatement profit de leur patrimoine plutôt que gérer son exploitation commerciale dans des films, des séries télévisées, des publicités, des jeux vidéo… « Ils ont besoin de gérer leurs finances, d’autant qu’ils ne savent pas quand ils vont pouvoir reprendre la route des tournées pour générer du cash à cause de la crise sanitaire. Je leur propose de les aider à monétiser leurs actifs tout en les associant et respectant leurs aspirations artistiques », a expliqué Merck Mercuriadis aux Échos.
Et le pari semble gagnant jusqu’à présent. Ces dernières années, la valeur des répertoires de chansons a fortement augmenté sous l’impulsion des plateformes de streaming musical, et leur capacité à offrir une seconde jeunesse à des morceaux datant des années 70 ou 80. « Avec l’avènement de Spotify, 30 millions de disques se sont réveillés et ont eu une nouvelle vie, » a affirmé au Financial Times Amy Thomson, responsable chez Hipgnosis. La preuve avec la ballade « Dreams » du groupe Fleetwood Mac, qui a récemment accumulé des millions d’écoutes grâce à une vidéo virale sur TikTok. Face à ce regain de popularité, la vocaliste du groupe, Stevie Nicks, a sauté sur l’occasion pour vendre la majorité de son catalogue à Primary Wave Music.
Aussi alléchantes soient-elles, ces transactions ne sont pas forcément un investissement sans risque puisqu’elles reposent sur la croissance continue de l’industrie musicale, et la capacité de morceaux comme « Heart of Glass » de Blondie et « Forever Young » de Bob Dylan à générer toujours plus de revenus. Quoiqu’il en soit, Dolly Parton et David Crosby ont d’ores et déjà annoncé qu’ils réflechissaient à vendre leur répertoire. Que les enchères commencent.
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