- Louis Albi sort ce vendredi 20 octobre son premier album, Pleurer de joie.
- L’artiste de 21 ans, originaire du Lot-et-Garonne, était l’an passé finaliste de la « Star Academy » sur TF1, dont la saison 2023 débute le 4 novembre.
- « Je souhaitais parler de moi, que ce projet soit personnel, une présentation, explique Louis Albi à 20 Minutes. J’aime raconter qui je suis pour que les gens puissent se reconnaître, se dire qu’ils ne sont pas les seuls à ressentir ces choses. »
La veille de son entrée à la « Star Academy », Louis Albi a téléphoné à sa mère, « en panique ». C’était le 14 octobre 2022. « Je lui ai dit : « Je viens de me rendre compte que je vais être dans une chambre avec des garçons. » J’avais peur parce que cela me rappelait tous les moments, où, ado, avec l’ambiance des vestiaires et tout ça, on peut vivre des choses assez traumatisantes. »
Du haut de ses 20 ans, les mauvais souvenirs étaient remontés à la surface. Lui qui a grandi à Boudy-de-Beauregard, un bourg de 400 habitants du Lot-et-Garonne, se sentait « en marge de tous les autres ». « J’avais une très grande sensibilité pour un garçon et, dans cet univers-là, c’était assez dévalorisé. On associe cela au féminin et on sait que la féminité est énormément rabaissée », analyse-t-il. Alors il a connu la mise à l’écart, subi le harcèlement scolaire, essuyé les insultes homophobes à un âge où il n’avait pas encore conscience d’être gay. Il souligne aussi qu’il a eu la chance d’être « très aimé » de ses parents, piliers dans l’adversité. Preuve en est, lorsqu’il l’a appelée, perclus d’inquiétude à l’approche du télécrochet de TF1, sa mère lui a répondu : « Ne t’inquiète pas : si tu es là, ce n’est pas pour rien. »
« Je voulais que la « Star Academy » soit le seul chemin possible »
Au fond de lui, Louis, le savait. La « Star Ac’ » , pour lui, c’était quasiment écrit. Le casting avait ouvert le jour de son anniversaire. C’était un signe. Il est « très superstitieux », il a « des croyances » mais il dit aussi qu’il ne faut pas attendre que tout arrive tout cuit, qu’il faut « secouer sa propre vie pour avancer ». Alors il a arrêté ses études de psychologie à Bordeaux et trouvé un boulot pour gagner un peu d’argent au cas où. « Je voulais que la « Star Academy » soit le seul chemin possible. J’ai tout conditionné pour que ça arrive. Je me suis mis dans un état d’esprit ou j’allais être sélectionné, où il ne pouvait pas en être autrement. »
Il n’était pas né quand la première saison du programme a été lancée en 2001, mais il a grandi avec les suivantes : c’est ce que sa nounou regardait en lui préparant son repas. « J’ai commencé à chanter avec l’émission », assure-t-il, et il n’a pas arrêté : « Le chant était la seule chose qui me comblait de joie dans cette solitude dans laquelle je vivais. »
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Sa culture musicale s’est d’abord construite autour de ce que ses parents écoutaient, Balavoine et Goldman en tête. Vanessa Paradis a été son idole. Il est toujours fan de Céline Dion. « S’il suffisait d’aimer est mon album préféré, il est très doux, elle ne pousse pas forcément la voix. Je pense que cela m’a influencé car je chante beaucoup dans la crête de ma voix », glisse-t-il.
« Je suis en paix avec qui je suis »
En intégrant la « Star Academy », Louis Albi a donc réalisé son « rêve de gosse ». Il a vu que ses craintes n’avaient pas lieu d’être, que ses camarades étaient bienveillants. Même l’omniprésence des caméras n’a pas été un problème : « Je n’avais rien à cacher, je suis en paix avec qui je suis et je suis fier des valeurs que je véhicule. Je ne voulais pas me créer une image et laisser le fantasme créer la magie autour de moi. Je n’aime pas mentir. Etre filmé H24 contribuait à cette honnêteté envers les gens. »
Au fil des épisodes, téléspectateurs et téléspectatrices découvrent ce garçon à la silhouette de dandy, cheveux blonds mi-longs et traits à la beauté aiguisée. Ils assistent à son épanouissement, l’entendent chanter avec Clara Luciani ou Hyphen Hyphen, et le voient danser, en talons aiguilles, sur Born This Way de Lady Gaga… La saison s’est étendue sur six semaines. « Emotionnellement, j’ai l’impression que ça a duré des mois », mesure-t-il. Enola, autre élève de la promo est devenue « comme une sœur ». Ensemble, ils ont atteint la finale. Il savait que la victoire ne serait pas pour lui. « Dès le départ, on sentait qu’Anisha gagnerait. C’est mérité et c’était dans l’ordre des choses. »
« Il fallait que je me démarque »
Louis n’était pas pour autant défait. « Sur le plateau, on m’a dit que j’avais rendez-vous le lundi suivant à la maison de disques, raconte-t-il. Mais tout le monde l’a eu, ce rendez-vous, alors il fallait que je me démarque. » Il savait ce qu’il voulait. Il liste : « Quelque chose de fidèle à moi-même, une certaine élégance et un côté très pop. Des instrus à la guitare, de la batterie, un univers planant à l’américaine ou rock anglais, Charlie Puth, Harry Styles… Des envolées vocales, des notes plus basses et intimes. Je souhaitais parler de moi, que ce projet soit personnel, une présentation. »
Son contrat chez Columbia signé en janvier, il s’est mis au travail avec des auteurs et compositeurs tels qu’Adé (ex-Therapie Taxi), Pierre Paul (47ter), Vincha et MARSÔ. « Je n’avais pas la prétention de dire qu’à 20 ans je pouvais tout faire tout seul. J’ai besoin d’apprendre et l’autre peut offrir un regard différent sur nous alors qu’on peut facilement vouloir s’embellir et se rendre plus parfait qu’on est. »
« Je n’ai pas trop de limites »
Il y a bien eu une réunion pour parler des sujets à aborder ou non sur l’album. « Ce n’était pas pour me formater mais pour me protéger et savoir où étaient mes limites. J’avoue que je n’ai pas trop de limites, rit-il. J’aime raconter qui je suis pour que les gens puissent se reconnaître, se dire qu’ils ne sont pas les seuls à ressentir ces choses. » Les treize chansons de son premier album, Pleurer de joie, qui sort ce vendredi, sont donc « très personnelles » et à son image, sensibles. Elles racontent en creux la belle histoire de celui qui brille pour tout ce qui lui était reproché avant. Le premier extrait, Que tu te mentes, invitation à s’assumer pleinement, annonçait la couleur.
Le gamin du Lot-et-Garonne est aujourd’hui un jeune homme parisien bien dans sa peau. Il a parcouru ce chemin d’émancipation que tant d’autres ont effectué avant lui et que d’autres feront après lui. « Mes parents sont fiers, confie-t-il. Mais avant tout de la personne que je suis, et du fait que je suis épanoui. Ils ne sont pas fiers parce que je suis dans la lumière, mais parce que je l’utilise à bon escient pour faire passer des messages et avancer de jolies causes. »
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