La marinière, du matelot aux podiums de mode

S’il existe bien un corps d’armée qui s’impose comme une source d’inspiration inépuisable pour les créateurs de mode, c’est bien notre bonne vieille Marine Nationale ! Avec le pull marin et le treillis, la marinière s’affiche parmi les vêtements militaires qui ont envahi nos gardes robes et fait aujourd’hui partie des « indispensables » de nos dressings.

À l’origine de la marinière… le matelot !

Portée sous la vareuse, la marinière est, à l’origine, une pièce de l’uniforme du matelot. Si avant le Second-Empire, le port de la marinière n’était pas encore strictement codifié, l’ordonnance de 1859 mit les choses au clair en détaillant avec une infime précision la manière dont devait être conçue la marinière arborée par les hommes d’équipage, ainsi que les autres éléments de leur tenue que sont le pantalon à pont, le bonnet à pompon, la chemise blanche à col bleu et le caban de laine.

Finies les rayures rouges, blanches ou bleues ! Désormais, les marinières doivent réglementairement être composées de 21 raies blanches de 20 millimètres et de 20 ou 21 raies bleues de 10 millimètres, pour le corps, et de 15 raies blanches pour 14 à 15 raies bleues pour les manches.

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La rayure, un symbole de stigmatisation

Au Moyen-Âge, les rayures et toutes les autres figures géométriques sont mal perçues par la population, car elles symbolisent les vêtements attribués, entre autres, aux bourreaux, aux lépreux et aux bouffons. En quelque sorte, les rayures servent à stigmatiser certaines catégories de population. Au fil des siècles, la rayure garde cette symbolique négative puisqu’elle servira notamment à habiller les bagnards, les domestiques ou encore les déportés des camps de la mort.

En ce qui concerne la marinière, ce vêtement rayé n’est porté que par des hommes d’équipage qui se situent en bas de l’échelle hiérarchique tandis que les officiers, eux, arboraient un uniforme différent. Certains expliquent également que le choix de ce vêtement particulier permettait une meilleure détection des hommes tombés à la mer.

 

Photo John Wayne dans le film Adventure’s End en 1937. Crédits : Getty

Un pas vers le monde de la mode

Il faut attendre la fin du XIXe siècle pour que la rayure retrouve ses lettres de noblesse et apparaisse sur les plages. La bonne société européenne s’adonne alors aux plaisirs des bains de mer et s’abandonne à la mode du « tout rayé » : maillots de bains, bonnets, serviettes.

Le XXe siècle signe l’avènement du vêtement à rayures qui devient, miraculeusement, un attribut d’élégance et de classe. Il faut dire que la marinière reçoit le coup de pouce inattendu d’une certaine Gabrielle « Coco » Chanel qui, en 1917, lance une collection largement inspirée par le style marin et qui séduit immédiatement la grande bourgeoisie. La marinière est désormais raffinée, bien loin de l’image qu’elle avait à l’époque moyenâgeuse. 

Photo d’Audrey Tautou extraite du film Coco avant Chanel. 

La marinière, un vêtement porté par de nombreuses célébrités

Si Coco Chanel a redonné une nouvelle image à la marinière, de nombreux autres artistes ont contribué à faire de ce vêtement un incontournable de toutes les garde-robes. Pablo Picasso, par exemple, fut très souvent photographié en marinière tandis que Brigitte Bardot participa, de son côté, à en faire un produit glamour et tendance.

Grâce à Yves Saint-Laurent, la marinière défile sur les podiums du monde entier et Jean Paul Gauthier en fait son vêtement star, qu’il décline en une multitude de modèles et d’objets dérivés portant son nom. Garant de la tradition, les marques Saint-James et Armor-Lux, elles, continuent à fabriquer le vêtement rayé en perpétuant un savoir-faire ancestral.

Photo de Brigitte Bardot. Crédits : Abaca

 

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