Celle qui a dédié sa vie à la prévention des mutilations génitales féminines et aux droits des femmes en Ethiopie nous a quittés début novembre à Los Angeles…
Bogaletch Gebre aura marqué l’histoire de son pays comme personne. Née dans le village de Zata en Kembata Alaba et Tembaro, la militante ethiopienne se sera battue toute sa vie pour ses droits et ceux des femmes de son pays. Interdite d’éducation par son père, elle décide quand même de poursuivre l’école en cachette et sera la première fille de son village à arriver au terme de sa scolarité à l’école primaire. Déjà si jeune, Bogaletch est un exemple pour de nombreuses femmes et fillettes et sa soif de réussite la poussera à faire de grandes études. Envoyée à Addis-Abeba, elle obtient par la suite une bourse pour étudier la microbiologie et la physiologie en Israël. C’est finalement aux Etats-Unis qu’elle termine ses brillantes études, avec un doctorat d’épidémiologie obtenu à l’université de Californie. Toujours aussi déterminée à aider son peuple, Bogaletch Gebre retourne alors en Ethiopie et s’investit pour les droits des femmes et l’éducation.
Pour prouver sa crédibilité, elle fournit les matériaux nécessaires à la construction d’un pont qui permet aux enfants de la région d’atteindre l’école la plus proche et aux commerçants d’atteindre le marché local. En 1997, elle fonde avec sa soeur l’association Kembatti Mentti Gezzimma pour défendre les droits des femmes dans son pays natal. Celle-ci oeuvre notamment dans la prévention des mutilations génitales féminines et des mariages forcés. Selon le Comité national sur les pratiques traditionnelles de l’Éthiopie, de telles pratiques ont été la base de 69% des mariages dans le pays depuis 2003. The Independent rapporte notamment que KMG a réduit le taux d’enlèvements maritaux dans le Kembatta de plus de 90%, tandis que L’Économiste fait remarquer qu’elle a été créditée de la réduction des mutilations génitales féminines de 100% à 3%.
Excisée à l’âge de 12 ans
L’Ethiopie compte l’un des plus forts taux de filles et de femmes excisées au monde. Selon un rapport de l’UNICEF datant de 2013, 23,8 millions de femmes, soit 74,3% des femmes entre 15 et 49 ans, déclarent avoir subi une excision. Bogaletch Gebre n’y a d’ailleurs pas échappé puisqu’elle a elle-même subi cette tradition brutale à l’âge de 12 ans. Comme de nombreuses autres filles, elle frôle la mort au moment de l’acte. Un traumatisme physique mais surtout moral qui lui a donné la force de se battre contre cette pratique jusqu’à la fin de ses jours. A l’heure actuelle, 200 millions de filles et de femmes vivent avec une mutilation génitale féminine. Bien que la majorité d’entre elles vivent dans 30 pays d’Afrique et du Moyen-Orient, on estime que 5% de ces femmes mutilées vivent en Europe, dont environ 53 000 femmes résidant en France d’après les estimations. D’ici à 2030, on estime que 68 millions de filles dans le monde subiront des mutilations génitales féminines si l’on n’accélère pas les efforts visant à éliminer ces pratiques ancestrales néfastes…
Ces femmes qui luttent contre l’excision
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