- Après Drive to Survive, Break Point, Full Swing ! ou Au cœur du peloton, Netflix publie une nouvelle série documentaire sur le même modèle : Quarterback.
- Ces séries sur des milieux sportifs sont destinées au grand public, mais dans les passionnés peuvent aussi y découvrir certaines choses.
- Les spécialistes des sports traités dans ces séries pointent tout de même que Netflix a parfois tendance à tordre la réalité pour dramatiser les situations.
Après le carton de la série Formula One : Drive to Survive, sortie en 2019, Netflix a clairement passé la seconde sur la sortie de documentaires sportifs en 2023. Après le tennis, le golf ou encore le cyclisme, c’est au tour du football américain d’être la star d’une série Netflix, avec Quarterback, à partir du 12 juillet. Produites par la société Box to Box Films, toutes ces séries rencontrent la même problématique : comment faire découvrir ces disciplines à des novices sans ennuyer les passionnés ?
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Une vaste question à laquelle Netflix répond en appliquant la même recette partout. Les moments intimistes (mais qui sonnent parfois un peu faux) ouvrent les épisodes, avant que les plans courts des moments forts de la saison, accompagnés par une musique haletante, ne les clôturent. Dès lors, si la mise en scène est répétitive, ce qui reste d’intéressant pour les fans sont les images des coulisses. Mais encore faut-il qu’elles aient une plus-value.
De belles images pour revivre des moments forts
Netflix sait prendre de belles images. Qu’on soit novice ou amateur de deux-roues, on ne peut qu’être subjugué face aux efforts des cyclistes. Les épisodes du Tour de France nous plongent au cœur d’un peloton lancé à pleine vitesse et immortalisent des corps mis à rude épreuve par ceux qui veulent vêtir le maillot jaune. Et si les plus mauvaises langues rétorquent qu’il est facile de rendre sensationnel le vélo ou la Formule 1, le pari est aussi réussi pour le golf. Loin d’être aussi spectaculaires, les vues aériennes des immenses parcours verts donnent envie de vêtir un polo et de swinguer sur une herbe bien tondue.
À cela s’ajoute le plaisir de « revivre des moments de la saison » comme l’explique Joseph Ruiz, présentateur de l’émission de vélo Roue Libre. Par exemple, les fans de la balle jaune ont sûrement eu un sourire en coin au moment de revoir le match, ou plutôt le cirque, de Tsitsipas et Kyrgios à Wimbledon 2022. Pendant que l’un insultait pour la énième fois de sa carrière un arbitre, l’autre a presque éborgné des spectateurs en balançant des balles dans le public.
Une ultrascénarisation qui agace
Netflix utilise donc le scénario des compétitions sportives pour augmenter la tension des épisodes. Malheureusement, les observateurs assidus connaissent déjà le dénouement et regrettent de ne pas avoir accès à assez d’images inédites. Cela est très bien expliqué par le vidéaste Depielo, qui regrette les changements opérés par Drive to Survive : « La Formule 1 est opaque. Mais grâce à Netflix ce sport est humanisé dans la saison 1, car les personnes dans le paddock ne savaient pas à quoi s’attendre. Puis les écuries se sont rendu compte que Netflix n’avait pas loupé une miette de moments peut-être trop privés. Désormais, dans les dernières saisons, on se retrouve avec une façade fade qu’ils essayent de vendre comme des coulisses. »
Cela se caractérise par une scénarisation du documentaire. Netflix romancerait et exacerberait la réalité. Si cela passe inaperçu pour les novices, les experts ne tombent pas dans le panneau. « La mise en scène d’une concurrence entre Alaphilippe et Jakobsen dans l’équipe Quick-Step est incohérente. Car en réalité, la sélection pour le Tour de France s’est jouée entre les sprinteurs Jakobsen et Cavendish » détaille le spécialiste vélo Watt Robin. Cet agacement est même monté au nez de certains sportifs, comme Wout Van Art ou Max Verstappen. Ce dernier, au comportement bien trempé, avait boycotté la quatrième saison de la série Drive to survive car « ils ont créé des rivalités qui n’existent pas vraiment ».
Des séries d’abord pour le grand public
En réalité, toutes ces séries sont à destination du grand public. Au début de chaque série, les règles et les enjeux de ces disciplines sont expliqués, ce qui pousse le vidéaste de Service Volée à dire que « Break Point est une série didactique et une excellente porte d’entrée pour ce jeu ».
Si cela permet d’attirer une nouvelle audience, le créateur de la chaîne YouTube « Peace and Golf » regrette lui que la série ne soit « pas très technique ». À l’inverse, il déplore l’image caricaturale de ce sport présentée dans le premier épisode : « Les premières minutes sont terribles. On affiche directement les clichés du golfeur. » En effet, pendant une quarantaine de minutes on y découvre deux jeunes hommes blancs, stars du jeu, pariant de l’argent, le tout dans un jet privé.
Mais parfois, le spectateur accède malgré tout à des moments d’intimité et constate le rythme de vie absurde de ces athlètes. Souvent seuls dans leur chambre d’hôtel ou dans leur maison luxueuse, ces derniers passent leur temps à ressasser leurs échecs en attendant leur moment de gloire.
De ce point de vue, la joueuse de tennis Ons Jabeur rayonne. Accompagnée par son mari, elle mène une réflexion sur la maternité des sportives en expliquant que tout aurait été plus simple si elle avait été un homme. Plus tard, on la voit se réfugier en pleurs dans les bras de son clan après sa défaite en finale. Ce sont ces petits moments furtifs que les passionnés doivent attraper pour apprécier leur visionnage, comme l’explique Watt Robin : « Il y a des acteurs du vélo que l’on connaît bien, mais c’est intéressant de les suivre. Par exemple, Thibaut Pinot avoue qu’il aurait voulu être moins populaire, mais gagner plus d’étapes. »
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