Nouveau lieu, nouveau nom, nouvelles ambitions : le Salon du Livre, tel qu’on l’a connu, n’est plus, vive le Festival du Livre de Paris !
Quittant les hangars de la porte de Versailles, où elle a officié plus de deux décennies, la manifestation se transplante au cœur de Paris, au pied de la tour Eiffel, dans ce Grand Palais Éphémère, majestueuse structure conçue par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, qui héberge, le temps de la rénovation du Grand Palais historique, tous les évènements de prestige – Fiac, Paris Photo, Saut Hermès, etc.
Un événement ouvert sur tous les arts
Mais loin d’un festival de l’entresoi littéraire, « bunkerisé » dans son luxueux écrin rive gauche, celui-ci se diffracte avec un sens consommé du « hors les murs » : du monumental Panthéon à la méconnue Académie du Climat, les évènements et rencontres qu’il propose s’immiscent dans tout Paris.
Où l’on croisera prix Nobel comme primo-romancier·ères, éditeurs historiques comme maisons encore jeunes, où l’on s’immergera dans le foisonnement littéraire et culturel de l’Inde, pays invité, où l’on se nourrira de poésie comme de polars, de BD comme d’essais et où tous les genres, tous les arts même, s’entremêleront. Une fête du livre inclusive, en somme, qui nous promet mille émois et pas seulement littéraires.
Trois questions à Marie-Madeleine Rigopoulos, directrice artistique du Festival du Livre
Marie Claire : Pourquoi « Festival » au lieu de « salon » ? Qu’implique ce mot ?
Marie-Madelein Rigopoulos : Le mot « festival » sous-tend deux notions : l’importance de la programmation, des évènements, et le déploiement. Jusqu’ici, le Salon avait lieu dans un espace clos. Désormais, le Festival essaime dans sept lieux, avec le Grand Palais Éphémère comme cœur battant : le Panthéon, où viendra le prix Nobel Orhan Pamuk, le Petit Palais, où nous aurons par exemple une lecture dansée d’Agnès Desarthe, l’Académie du Climat, avec une rencontre musicale autour de Cyril Dion, ou encore la Maison de la Poésie, l’École militaire et la Sorbonne.
Quel est le fil rouge de votre programmation ?
L’interdisciplinarité, l’hybridation, car pour moi, le livre est le véhicule de tous les arts. Certes, toutes les grandes plumes de l’année, de Karine Tuil à Nicolas Mathieu [finalistes en lice pour le Prix du roman Marie Claire, ndlr], seront là, mais le débat monte toujours d’un cran quand un romancier rencontre un philosophe, un auteur de polar un essayiste…
Par exemple, au Grand Palais, Enki Bilal dialoguera avec le philosophe des sciences Étienne Klein. Franz-Olivier Giesbert avec les bédéistes Nicolas Juncker et François Boucq autour de la figure de de Gaulle. Les auteurs comme le public sont heureux qu’on les sorte ainsi de l’évidence et qu’on décale les regards.
Que permet le grand palais éphémère que la Porte de Versailles ne permettait pas ?
Déjà, ne boudons pas notre plaisir, c’est plus joli ! Quand on aime le livre, on a envie d’un bel écrin qui le valorise. Le Grand Palais Éphémère, sous la tour Eiffel, est plus central, aussi : cela, ajouté à la gratuité d’entrée, favorise l’accessibilité à tous du festival.
Et puis, les visites « opportunistes » me tiennent à cœur : je veux que ceux qui n’auraient jamais eu l’idée de venir au Salon, donc de prendre un métro jusqu’à la porte de Versailles, puissent passer une tête au Festival, par hasard, alors qu’ils se baladent au Champ-de-Mars et qu’ils se disent : « C’est aussi pour moi. »
Du 22 au 24 avril au Grand Palais Éphémère, Paris 7e, et dans tout Paris.
Cet article a été initialement publié dans le Marie Claire n°836, daté mai 2022.
- "J’ai échappé au destin de ma mère grâce aux livres"
- 20 classiques de la littérature française à lire ou à relire
Source: Lire L’Article Complet