Le légendaire pianiste de jazz Chick Corea est décédé à 79 ans

Il avait contribué à libérer le jazz de ses chaînes pour s’aventurer vers la fusion. Le pianiste américain Chick Corea, est mort mardi d’une forme rare de cancer, à l’âge de 79 ans, selon un communiqué mis en ligne jeudi sur sa page Facebook.

«Je veux remercier tous ceux qui, tout au long du voyage, ont aidé à faire briller les feux de la musique», a-t-il indiqué dans un message rédigé avant sa mort, selon le communiqué préparé par son équipe.«J’ai l’espoir que ceux qui ressentent l’envie de jouer, d’écrire, de se produire en spectacle, puissent le faire. Si ce n’est pour eux-mêmes, alors pour nous autres. Pas seulement parce que le monde a besoin de plus d’artistes, mais parce que c’est plus amusant», a-t-il ajouté.Le cancer du musicien «n’a été découvert que très récemment», précise le communiqué.

Le piano avant la lecture

Compositeur et pionnier des claviers électriques et électroniques, Chick Corea était, avec Herbie Hancock et Keith Jarrett, l’un des pianistes les plus influents du XXe siècle. Ses morceaux comme Spain, 500 Miles High ou La Fiesta sont devenus des classiques. Originaire du Massachusetts, fils d’un trompettiste de jazz, Chick Corea a appris le piano avant de savoir lire, puis s’est également mis à la batterie, vers 11 ans.

Inscrit à l’université Columbia à New York à sa sortie du lycée, il arrive à New York en 1959. Un soir, il se rend au club de jazz Birdland où il voit notamment le trompettiste Miles Davis et le saxophoniste John Coltrane interpréter Les feuilles mortes. C’est un choc. «Après ça, (…) pourquoi voudrais-je étudier l’histoire de la civilisation occidentale?», dira-t-il, dans un sourire, dans le podcast Prestige 70, en 2019. Il abandonne l’université et, après avoir envisagé de faire carrière comme batteur, il est embauché par le saxophoniste Stan Getz.

«Libéré»

Il participe à plusieurs projets et enregistre aussi ses premiers albums solos à la fin des années 1960, notamment Is, où il laisse libre cours à l’improvisation. A l’automne 1968, pour un concert à Baltimore (Maryland), il remplace, au pied levé, un autre pianiste de renom, Herbie Hancock, dans le groupe formé par Miles Davis.

«Joue simplement ce que tu entends», lui dit le musicien de sa voix éraillée. «Ça m’a vraiment libéré. Parce que j’étais habitué à jouer de la musique improvisée», expliquait-il dans le podcast.

Ensemble, ils vont vers une forme de jazz totalement libérée, sans répétition préalable, au sein de laquelle chaque musicien donne son interprétation du thème, où la spontanéité est essentielle.

Miles Davis enregistrera avec Chick Corea certains de ses albums phares, comme Bitches Brew (1970), un album de rupture, révolutionnaire, libéré des canons stricts du jazz pour ouvrir cette musique à d’autres styles, notamment le rock. C’est la naissance du jazz fusion, qui mêle de multiples influences, parmi lesquelles le rock, la funk et le rythm and blues.

En 1971, le pianiste frêle aux cheveux frisés fondera son propre groupe, Return To Forever, pour poursuivre son aventure musicale. Enchaînant albums, concerts et projets, il glanera pas moins de 23 Grammy Awards, les récompenses de l’industrie musicale américaine, le dernier en 2019.

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