Dimanche 21 mars, Canal+ a diffusé le documentaire de Marie Portolano et Guillaume Priou, Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste, recueillant les témoignages de femmes journalistes sportives sur le sexisme qu’elles subissent dans un milieu particulièrement machiste.
D’après le site d’investigation Les Jours, Canal+ a coupé au montage plusieurs séquences incriminant Pierre Ménès, chroniqueur foot phare de la chaîne cryptée. Deux faisaient état d’agressions sexuelles. L’une d’elles concernait directement la co-réalisatrice du documentaire, Marie Portolano. Une agression qui avait pourtant eu l’effet d’un déclic pour elle, en 2016.
Deux agressions sexuelles sur la plateau de Canal Football Club
Les faits ont lieu le 28 août 2016 sur le plateau du Canal Football Club. Alors que l’émission en direct vient de se terminer, mais que le public est toujours en place, Pierre Menès soulève la jupe de la journaliste et lui attrape les fesses.
D’après Les Jours, la journaliste souhaitait à l’époque porter plainte, mais la direction l’en a dissuadée. Au même moment, Pierre Ménès quitte l’antenne près l’annonce de sa maladie.
Une autre scène d’agression sexuelle, coupée au montage, a lieu pendant le Canal Football Club. Cela se passe en 2011, pour la centième de l’émission. Elle est filmée en direct et toujours visible sur Internet. Tenant un bouquet de fleurs dans ses mains, Pierre Ménès s’approche de la journaliste Isabelle Moreau et l’embrasse de force. Une séquence tournée à la dérision en plateau.
Les réactions de Pierre Menès coupées
Le site révèle que Pierre Ménès a été confronté à ces scènes par Marie Portolano. Ses réactions ne figuraient pas dans la version finale diffusée par Canal+, mais étaient pourtant dans le projet écrit du documentaire présenté à la chaîne.
Canal+ a fini par demander de couper plusieurs séquences. Seuls les témoignages de femmes journalistes restent. Dans la version initiale, plusieurs journalistes masculins, comme Hervé Mathoux, présentateur de l’émission Canal Football Club, présent au moment des deux agressions, et Thomas Villechaize, journaliste à BeIn Sports, apportaient leur soutien à leurs consoeurs.
Confronté à la séquence où il soulève la jupe de Marie Portolano pour lui attraper les fesses, Pierre Ménès a estimé ne pas comprendre pourquoi elle s’était sentie humiliée. Face aux images d’Isabelle Moreau pleurant en revoyant la séquence de 2011, où il l’embrassait de force, il a évoqué une réaction « à l’aune de #MeToo », révèle Les Jours, qui a eu accès aux images.
Canal+ n’a pas souhaité commenter leurs révélations. « Moi, je n’ai rien à dire. Je suis aux ordres de ma direction, moi. Moi, si ma direction n’a rien à dire, je n’ai rien à dire non plus. Surtout si c’est pour m’accuser de conneries et de merde. Si votre papier, c’est pour dire de la merde et relayer des conneries, ça m’intéresse pas », a de son côté répondu Pierre Menès.
Sur Twitter, Marie Portolano a également réagi après la diffusion du documentaire : « L’essentiel c’est la parole des femmes qui a été intégralement respectée par @canalplus. S’il vous plaît ne l’oubliez pas. Bises à tous et à TOUT LE MONDE. »
Les internautes ne semblent, eux, pas satisfaits. Le hashtag #PierreMenesOut figure en tête des tendances du réseau social, le 22 mars, à la mi-journée, avec plus de 18.000 tweets.
- Victime ou témoin de violences, à qui m’adresser ?
- 86% de Françaises disent avoir été victimes d’atteinte ou d’agression sexuelle dans la rue
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