Repli sur soi, échec scolaire, décrochage… Telles sont les conséquences de l’homophobie à l’école, qui peuvent parfois aller jusqu’à des comportements suicidaires. Jasmin Roy, auteur de "Sale Pédé", victime d’homophobie lorsqu’il était enfant, s’est livré au Journal des Femmes.
Sale Pédé, Jasmin Roy
Quels sont les moyens mis en place au Canada pour lutter contre l’homophobie à l’école et contre le harcèlement scolaire ?
En 2012, le Canada a adopté une loi visant à responsabiliser chacun des intervenants au sein du milieu scolaire. Une commission comprenant des membres de la direction, des enseignants, des parrains, des élèves, des spécialistes de la santé et des policiers, etc. doit veiller à ce que chacun s’implique pour lutter contre toute intimidation et mener ensemble un plan d’actions.
Avec la fondation Jasmin Roy, nous demandons aux établissements scolaires de recruter une personne au sein de l’école qui sera présente tout au long de l’année. Nous finançons une journée par semaine (sur deux à trois ans) pour leur offrir une formation continue auprès de spécialistes qui les accompagnent. Nous avons commencé en 2010 avec des projets pilotes. Une centrale de syndicats d’enseignants a évalué ce dispositif et a déterminé, dès la première année, une baisse de 50 % de la violence à l’école. Cela fonctionne dès lors que l’on s’en occupe, à condition que tout le monde se sente responsable et investi.
Que faudrait-il faire selon vous pour améliorer la lutte contre l’intimidation en France ?
Il faut sortir de la culture de la punition, surtout avec les agresseurs. Selon les dernières recherches, il s’avère que la suspension, la réprimande et les vidéos de surveillance ne permettent pas à elles seules de lutter efficacement contre le harcèlement, mais tend au contraire à faire perdurer le problème. Il faudrait plutôt apprendre à l’enfant à se sociabiliser et lui montrer les bons comportements à avoir au sein du groupe (tout en lui faisant comprendre que son attitude n’est pas tolérée au sein de l’école). A travers une éducation bienveillante et positive, on peut créer du lien sans user de la violence. Le harcèlement est avant tout un problème relationnel.
« Les actions de sensibilisation menées auprès des jeunes ne doivent pas être ponctuelles, mais avoir lieu tout au long de l’année. »
L’enfant harcèle pour attirer l’attention sur lui, et 8 à 9 fois sur 10, les agressions sont commises devant des témoins. Ces derniers sont parfois eux-mêmes terrorisés par le harceleur : par conséquent, ils se taisent et regardent, de peur de subir la même chose. Il faut donc garantir l’anonymat aux témoins qui ont le courage de dire ce qu’il se passe. Au Québec par exemple, nous parlons de « signalement » plutôt que de « dénonciation ». Tout le monde est donc concerné et devrait davantage lutter ensemble contre les intimidations à l’école. Par ailleurs, les actions de sensibilisation menées auprès des jeunes ne doivent pas être ponctuelles, mais avoir lieu tout au long de l’année. Enfin, il est essentiel de faire l’éloge de la différence et dire que ce sont ces différences qui font la richesse humaine.
Quels conseils donneriez-vous aux victimes d’homophobie ou de harcèlement à l’école ?
En cas de harcèlement scolaire, il faut signaler le problème et en parler auprès de personnes qui seront capables de nous accompagner et de gérer la situation. Si la victime n’est pas prise en charge immédiatement, les conséquences peuvent être pires.
Newsletter
Les informations recueillies sont destinées à CCM Benchmark Group pour vous assurer l’envoi de votre newsletter.
Elles seront également utilisées sous réserve des options souscrites, à des fins de ciblage publicitaire.
Vous bénéficiez d’un droit d’accès et de rectification de vos données personnelles, ainsi que celui d’en demander l’effacement dans les limites prévues par la loi.
Vous pouvez également à tout moment revoir vos options en matière de ciblage. En savoir plus sur notre politique de confidentialité.
Voir un exemple
*Le clip de sensibilisation « Ils dansent » met en scène deux pingouins de même sexe qui vivent leur histoire d’amour librement, dans un zoo. Et s’ils sont heureux, c’est parce qu’ils restent à l’abri du regard des scientifiques, des touristes ou autres curieux qui viennent les admirer. Ce clip montre ainsi que l’homosexualité est naturelle chez certaines espèces animales et que l’homophobie, à l’inverse, est contre nature ! Jasmin Roy chante en duo avec Emilie Bierre pour diffuser un message de paix et de respect.
*Interview réalisée en 2016.
En savoir plus sur la fondation Jasmin Roy.
Source: Lire L’Article Complet