Comment j’ai ramassé « Les Feuilles mortes » d’Aki Kaurismaki avec lui

  • La journaliste ciné de « 20 Minutes » a été chargée de modérer la conférence de presse d’Aki Kaurismäk, un plaisir et un honneur.
  • « Les feuilles mortes », le nouveau film du cinéaste finlandais, lui ressemble.
  • A la fois drôle et désespéré, le film évoque l’histoire d’amours de deux Finlandais solitaires sur fond de guerre en Ukraine.

« Il n’y a plus beaucoup d’humanité dans le monde, mais c’est tout ce qui nous reste », déclare Aki Kaurismäki qui n’a pas hésité dans son film Les Feuilles mortes à faire suivre, par ses personnages, la guerre en Ukraine à la radio. Il est touchant en conférence de presse, le cinéaste finlandais, par sa façon de mettre en avant ses acteurs et clame son admiration pour les œuvres d’autres cinéastes comme Godard ou Bresson. « Mon film est pas mal ? », me demande-t-il comme pour se rassurer. Quand je le complimente sincèrement en coulisses son regard bleu se mouille d’émotion.

Modérer une conférence de presse à Cannes est à la fois un plaisir et un honneur. Les journalistes chargés de cette mission sont choisis en fonction de leurs affinités avec l’œuvre des cinéastes et des interprètes. L’irremplaçable Didier Allouch, correspondant à Hollywood pour Canal+, anime, par exemple toutes celles des Américains. Ce mardi midi, j’ai eu le grand bonheur d’accueillir Aki Kaurismäki et ses acteurs Alma Pöystil et Jussi Vatanen pour Les Feuilles mortes.

De quoi être un peu inquiète quand on connaît le goût du cinéaste pour la bouteille et sa timidité maladive qui le pousse à en abuser quand il est stressé comme lors d’une conférence de presse par exemple. Surtout que sa montée des marches hier soir était des plus rock’n’roll. « Mon film est le quatrième volet d’une trilogie », s’amuse-t-il au moment d’en parler.

Un peu d’alcool et beaucoup d’humanité

Quand le réalisateur finlandais arrive dans la salle, force est de constater qu’il est rouge, très rouge. Malgré sa diction un tantinet pâteuse, ll est toujours aussi drôle, répondant qu’il a « arrêté de boire depuis dix ans » quand on le questionne sur le sujet. Les Feuilles mortes ressemble au cinéaste finlandais : poétique, amusant, touchant avec un sens de l’autodérision remarquable. Son beau film sur l’histoire d’amour entre deux solitaires a bouleversé les festivaliers par son humour désespéré.

Un joyeux délire sur les asperges blanches ou vertes succède à une dénonciation très forte de la guerre en Ukraine. Un mélange de genres, de tons et de thématiques qui constitue le charme de ses films et d’une rencontre avec lui. « Le cinéma, c’est ce qui restera pour l’éternité », explique-t-il. Quand on voit Les Feuilles mortes, film pétri de tendresse, de chansons et de poésie, on se prend à l’espérer. Et plus encore.

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