Classes non-mixtes, port du niqab : les étudiantes afghanes autorisées à retourner à l'université sous plusieurs conditions

Alors que les universités privées ont rouvert, le nouveau régime taliban a publié un décret encadrant les conditions du retour en classes des afghanes.

Le nouveau régime taliban, par l’intermédiaire de son ministère de l’Enseignement supérieur, a publié un décret, samedi 4 septembre, qui encadre les conditions d’accès aux universités privées des étudiantes afghanes. Celui-ci stipule qu’elles devront porter une abaya noire (un large voile couvrant le corps, NLDR) assortie d’un niqab, qui couvre le visage et ne laisse apparaître que les yeux. Elles suivront également les enseignements dans des classes non mixtes. Il est précisé que les femmes inscrites dans ces établissements devront quitter leur salle de classe cinq minutes avant leurs collègues masculins, et patienter dans des salles d’attente le temps que ces derniers aient quitté les lieux, sans doute pour ne pas les croiser dans les couloirs. Les universités seront quant à elles tenues de «recruter des enseignantes pour les étudiantes», ou tenter de recruter «des enseignants âgés» dont la moralité aura été passée au crible, peut-on encore lire dans ce décret.

Un semblant de mieux

La question des droits des femmes est celle sur laquelle les talibans, qui ont pris le pouvoir le 15 août dernier à l’issue d’une offensive militaire éclair, sont le plus attendus par la communauté internationale. Cette dernière, ainsi qu’une partie de la population afghane, garde en effet en mémoire la brutalité du mouvement islamiste qui s’efforce, depuis son retour au pouvoir, de montrer un visage plus modéré. Lors du premier passage au pouvoir des talibans entre 1996 et 2001, la règle de la non-mixité avait empêché la quasi totalité des femmes d’étudier. Le port de la burqa, long voile couvrant complètement la tête et le corps, avec un grillage dissimulant les yeux, était alors obligatoire.

Une réalisation difficile

Concernant les classes non mixtes, «ça va être compliqué d’un point de vue pratique, nous n’avons pas suffisamment d’enseignantes ni suffisamment de salles de classe pour séparer les filles» des garçons, souligne auprès de l’AFP un professeur d’université, qui a requis l’anonymat. «Mais le fait qu’ils permettent aux filles d’aller à l’école et d’aller à l’université est en soi une étape importante et positive», ajoute-t-il. Avant le retour des talibans, les étudiantes afghanes pouvaient suivre les cours dans des classes mixtes et assister à des séminaires donnés par des hommes.

Au cours des vingt dernières années, les écoles et les universités n’ont pas été épargnées par les violences qui ont secoué le pays et ont essuyé plusieurs attentats meurtriers. Les talibans ont toujours nié toute implication dans ces attaques, dont certaines ont été revendiquées par la branche locale du groupe Etat islamique.

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