Alors que le tome 4 de la Passe-Miroir sort en librairie et que la Croisée des Mondes sort en série sur Netflix, on se replonge dans les grandes sagas adolescentes qu’il fait bon de (re)lire une fois adulte.
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La passe-miroir, c’est l’histoire d’Ophélie, une animiste maladroite qui a le pouvoir de voyager entre les miroirs. Pour une raison qui lui échappe, elle est promise en mariage à Thorn, un homme froid, grand et passablement désagréable. Au-delà de l’histoire romantique, la Passe-Miroir nous invite à voyager dans les recoins de notre imagination, en visualisant un monde dont on se sait rien, régi par de grandes et puissantes familles, pas toujours très recommandables.
Sur fond de fin du monde et d’omniprésence de forces divines qu’on a du mal à cerner, la saga pleine de poésie écrite par Christelle Dabos nous entraîne dans une réflexion philosophique, parfois presque manichéenne. Quelle place accorder aux valeurs humaines ? Qui sont vraiment les plus puissants ? Faut-il être courageux ou fou pour remettre en cause l’ordre établi ?
Autant de questions – et pas toujours de réponses claires – que soulève cette saga fantasmagorique dont le quatrième et dernier tome sort (enfin) en librairie, aux éditions Gallimard Jeunesse.
Pourquoi le (re)lire à l’âge adulte ? Outre le fait que la saga se termine tout juste, ce qui nous oblige en réalité à la lire adulte donc, on aime la double-lecture qui peut-être faite de cette romance, ni mièvre ni déjà-vue, qui nous embarque dans un monde dont on ne maîtrise rien. On se surprend à repenser la valeur de l’amitié, à se méfier des puissants et à espérer pouvoir nous aussi traverser les miroirs. Une plongée rafraîchissante dans l’imaginaire de Christelle Dabos qui redistribue les cartes de l’héroïc fantasy.
La passe-miroir, la tempête des échos, de Christelle Dabos, (Ed. Gallimard Jeunesse), 19,90 euros
Sur Terre, il y a deux types de personnes : les Moldus, qui sont passés totalement à côté de la déferlante Harry Potter et les Potterheads – avoir ou sans pouvoirs – qui ont certainement déjà envisager de s’inscrire à la fédération de Quidditch de leur ville, qui connaissent le bois et la composition de leur baguette (Bois d’if et crin de licorne pour ma part) ou la forme de leur Patronus. Ces mêmes personnes qui ont déjà tenté d’ouvrir la porte de chez eux avec un Alohomora, un jour où elles avaient oublié leurs clés, ou qui connaissent les pouvoirs du chocolat, après un moment désagréable avec un Détraqueur, qu’il vienne d’Azkaban ou qu’il soit dissimulé sous les traits d’un collègue de bureau.
Au travers de sept livres et huit films, cette saga passée à la postérité en moins de vingt ans et devenue une référence pop culture, aborde des tas de sujets de société qui connaissent un écho encore aujourd’hui : le bien, le mal, l’ouverture d’esprit, l’acceptation de celles et ceux qui sont différents, la maîtrise du pouvoir ou encore, l’importance de l’amitié et de la confiance en soi (Neville, c’est pour toi). Bref une panoplie de valeurs qui fait bon de retrouver.
Pourquoi le (re)lire à l’âge adulte ? Pour les fans inconditionnels, la question ne se pose pas, car comme on dit l’amour n’a pas d’âge. Et en toute objectivité (si si c’est possible), ce serait dommage de passer à côté d’un tel univers, magique et émotionnellement plein de rebondissement. Un monde qui permet à tout un chacun de rêver et de se dire que tout est possible.
Coffret 7 tomes Harry Potter, J.K. Rowling 84,90 euros
Orpheline d’un riche aristocrate à 16 ans, puis mère célibataire, Sally Lockhart défie les codes de bonne-conduite de l’époque victorienne et n’a pas peur de salir ses jupons à la recherche de vérité. Après la disparition suspecte de son père en mer de Chine, l’héroïne anglaise se retrouve entourée de dangers mortels. Un rubis mystérieux, un gang assoiffé de sang, une menace directe sur sa famille ou encore une princesse disparue dans un pays lointain, Sally Lockhart ne recule devant rien dans sa quête de justice.
Inquiétants, sombres et vraiment haletants, les quatre romans de la saga se dévorent à la manière d’une bonne série policière. En terme de rebondissements et d’aventure, l’auteur sait y faire. C’est Philip Pullman, l’écrivain derrière une autre saga culte : « À la croisée des mondes ». Il vous en faut encore ?
Pourquoi le (re)lire à l’âge adulte ? Tout le monde ou presque la regarde de biais, mais c’est tant pis, de toute façon elle n’a pas le temps de s’attarder sur les bonnes mœurs. En effet, Sally Lockhart ne respecte pas les injonctions qui pèsent sur les femmes de son époque : elle vit seule dans un Londres sale et malfamé, elle monte à cheval, et pas en amazone à la manière des « ladies », manie le pistolet comme son père le lui a enseigné et parle même l’hindoustani (langue commune dans l’Inde du Nord entre le XVI? et le XX? siècle – elle y est d’ailleurs née). C’est une figure d’émancipation et d’indépendance.
Élevée par son père, elle reçoit une éducation éloignée de la norme, ce qui fait d’elle une experte… en comptabilité et dans la Bourse. Aujourd’hui il n’y a encore très peur de courtière, alors en 1872… Elle n’en reste pas moins une femme brillante et autodidacte. Intrépide, elle emmène le lecteur au bout du monde, (re)donne le goût de l’aventure et du voyage. Comme à l’époque bénie où l’on rêvait tous d’être archéologue ou astronaute.
Sally Lockhart, la malédiction du rubi, de Philip Pullman (Ed Gallimard), 7,60€
Parmi les sagas adolescentes et fantastiques, adaptées depuis en film, Narnia se pose également comme une référence, d’autant que les livres sont parus pour la première fois dans les années 50. Une fratrie (deux frères, deux soeurs) traversent une armoire et découvrent un pays imaginaire où les animaux parlent, le froid est l’apanage des méchants et où le courage et l’entraide sont arborer comme les valeurs suprêmes.
Pourquoi le (re)lire à l’âge adulte ? Au-delà de l’imaginaire proposé, avant-gardiste pour l’époque, Narnia propose différentes grilles de lecture, dont certaines ont même été sujet à controverse (sexisme et apologie du christianisme, bonjour). C’est pourquoi, on aime se (re)plonger dans le monde magique de l’écrivain britannique C. S. Lewis et décrypter les messages cachés, qu’ils se trouvent au fond d’une vieille armoire ou entre les lignes de cette histoire.
Le monde de Narnia, de CS Lewis, (Ed. Gallimard) 24,90 euros
Il faut remonter jusqu’en 2003 pour (re)découvrir Ewilan, son frère Akiro et les habitants de Gwendalavir. Contrairement aux autres sagas suscitées, la trilogie de La Quête d’Ewilan de Pierre Bottero, s’adresse initialement à un public plus jeune qui aime se plonger dans des univers fantastiques, qui rappellent la Comté et Fondcombe.
Pourquoi le (re)lire à l’âge adulte ? Malgré cette aura enfantine qui pourrait vite lasser les adultes d’aujourd’hui de se (re)plonger dans cette saga, il est bon de mettre en lumière le pouvoir de l’imagination et l’art du dessin, qui sont au centre de l’intrigue. Une aventure utopique où le bien et le mal s’affrontent, et où les rêves et les pensées retrouvent une place prépondérante. Une bouffée d’air frais qui nous fait retomber en enfance.
La Quête d’Ewilan, Tome 1 à 3, de Pierre Bottero (Ed. Rageot), 39,05 euros
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