Alors que la bande-annonce vient d’être dévoilée, Hugh Jackman, Rebecca Ferguson et la réalisatrice Lisa Joy évoquent « Reminiscence », thriller de science-fiction attendu le 18 août dans nos salles.
À un peu plus de deux mois de sa sortie, prévue le 18 août sur nos écrans, Reminiscence a donné le ton avec sa bande-annonce. Et soulevé quelques questions. Premier long métrage réalisé par Lisa Joy, co-créatrice de Westworld, ce film noir mâtiné de science-fiction nous plongera dans un monde futuriste, où il est possible de revisiter ses souvenirs grâce à la technologie dont se sert un détective privé.
Jusqu’au jour où une nouvelle affaire tourne à l’obsession pour lui et l’enferme dans une boucle temporelle. Alors que la bande-annonce nous avait été dévoilée en avant-première, Lisa Joy et ses acteurs Hugh Jackman et Rebecca Ferguson se sont entretenus avec la presse mondiale pour lever le voile sur ce projet mystérieux, qui est encore loin d’avoir révélé tous ses secrets.
AlloCiné : Où est née cette idée d’une personne capable de se plonger dans les souvenirs des gens ?
Lisa Joy : Cela m’est venu lorsque j’étais à un moment charnière de ma vie, alors que j’étais dans un village du nord de Londres, après le décès de mon grand-père. Là-bas, toutes les maisons sont modestes, en briques. Mais à l’entrée de celle de mes grands-parents, il y avait une plaque qui annonçait son nom, « Suki Lin », comme si c’était un manoir. Et c’est quelque chose qui m’a toujours fascinée quand j’étais enfant, car je voulais savoir d’où venait le nom marqué dessus.
A la mort de mon grand-père, parmi ses affaires, j’ai trouvé une vieille photo qui devait avoir été prise en Asie, au cours de l’un de ses voyages quand il travaillait pour l’ONU, cinquante ou soixante ans plus tôt. Et derrière, il y avait écrit « Suki Lin ». Après avoir travaillé pour les Nations Unies, mon grand-père a passé le reste de sa vie à Huddersfield avec ma grand-mère, et ils ont eu mon père. Il n’a jamais parlé d’elle, mais quelque chose a vraiment dû le marquer pour qu’il donne son nom à sa maison, et conserve cette photo.
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La bande-annonce est illustrée par la chanson « Save My Love », qui nous plonge dans l’aspect émotionnel de cette quête. A quel point son choix était important pour ces images ? Et quelle importance revêt la musique dans le film ?
Lisa Joy : La musique est très importante, y compris pour l’intrigue. Rebecca y chante merveilleusement dans le rôle de Mae par exemple. L’attirance qu’elle suscite ne repose pas uniquement sur sa beauté, sa personnalité ou sa chaleur : une chanson, selon la manière dont elle sera chantée, apportera de la musique dans ce monde et peut aider à définir quelqu’un. La musique a toujours eu cette capacité à nous transporter, lorsque nous entendons une chanson qui nous est familière. Elle peut nous transporter vers un lieu, une époque. C’est en quelque sorte la première machine à souvenirs.
J’ai toujours eu envie qu’elle soit très particulière ici. J’ai travaillé sur la bande-originale avec Ramin Djawadi, avec qui j’avais déjà collaboré plusieurs fois [sur Westworld notamment, ndlr]. Nous avons joué avec les codes du film noir, mais je voulais les mettre à jour. Pour qu’elle reflète l’arrogance de Nick Bannister, nous avons ajouté de la basse. Et des percussions pour accompagner l’action. Chacun de nos personnages possède un thème, et si vous écoutez attentivement, la musique donne des indices.
S’agissant de la bande-annonce, je voulais une chanson qui paraîtrait naturelle dans le film. Qui aurait grandi dedans de manière organique. Il était important pour moi, vis-à-vis de tous ceux qui ont travaillé à mes côtés sur le film et se sont investis, qu’il y ait le même degré de passion dans la chanson. Donc j’ai expliqué à un producteur ce que je cherchais et, après avoir vu le film, il m’a dirigé vers Lorna et Amber Mark, que j’imaginais être les chanteurs parfaits, pour leur côté international autant que leur âme.
Nous voulions qu’il y ait l’arrogance de Nick, mais également l’ampleur du film, dans cette chanson. Un peu de sensualité aussi. Et du mystère. Il fallait que la musique et l’instrumentation soit cohérente avec le reste de la bande-originale, pour que cela ait l’air d’un ensemble. Ainsi est née cette chanson que j’ai dû écouter des milliards de fois maintenant (rires) Mais c’est une bonne chose.
Hugh, que pouvez-vous nous dire sur votre personnage, ce détective privé de l’esprit ?
Hugh Jackman : Il dirige la compagnie Bannister & Associés, qui se compose de lui-même et de sa partenaire, jouée par Thandiwe Newton. Et nous proposons aux gens, non pas de revisiter leurs souvenirs, mais de les revivre. Les ressentir, les voir, les toucher, les entendre. Grâce à une technologie développée pendant la guerre au cours de laquelle mon personnage a dû s’en servir pour des interrogatoires.
Au début de l’histoire, c’est quelqu’un de brisé. Il paraît solide physiquement, mais son expérience pendant la guerre, comme interrogateur, a laissé des séquelles. Indifférent et méfiant vis-à-vis du monde qui l’entoure, alors que sa compagnie est, au mieux, sur le déclin. Mais l’arrivée de Mae va tout changer. Il ne s’attend plus à ce que quiconque le secoue de quelque manière que ce soit. Et surtout pas de la façon dont elle le fait.
Il est immédiatement intrigué et fasciné, puis devient obsédé par elle après leur courte liaison amoureuse. Il veut alors découvrir ce qu’il s’est passé, car il sait au fond de lui qu’il lui est arrivé du mal. Et c’est ainsi qu’il se lance dans cette odyssée à travers les plus sombres recoins de Miami.
Rebecca, vous êtes familière des personnages complexes et mystérieux, mais celui-ci semble différent des précédents. Qu’est-ce qui vous a attirée dans le rôle de Mae ?
Rebecca Ferguson : Il faut d’abord savoir une chose avec Lisa, c’est que vous l’écoutez parler et penser, et qu’elle fait de même. Il n’y a pas une seule manière de voir les choses. Et ce sont mes conversations avec elle qui m’ont donné envie de m’emparer du rôle de Mae.
L’une des premières choses dont nous avons parlé, c’est de notre personnalité, de qui l’on est vraiment. Je ne suis pas la même avec chacun d’entre vous, et cela ne correspond peut-être pas à la façon dont je me vois moi. Ou la manière dont j’aimerais que l’on me perçoive.
J’aimais vraiment cette idée que, dans le film, le personnage se construise à travers le regard de tous les autres. C’était un vrai défi, à plusieurs niveaux. C’était imprévisible. Et il y avait cet environnement, ce monde nocturne dans lequel se déroule l’intrigue. La pression et les conséquences y sont plus élevées.
Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Paris le 2 juin 2021
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