- Avec plus de 13 millions de vues pour son titre « Casanova », un disque d’or et une percée dans les charts français, Were Vana est devenu l’une des révélations musicales de cette année.
- L’artiste, né dans une famille de musiciens traditionnels guadeloupéenne, peaufine son deuxième album au sein de son nouveau label parisien, Play Two.
- De nouveaux défis que le chanteur âgé de 29 ans est prêt à relever, déterminé.
« Appelle-moi Casano, Casanova. T’es la plus belle, t’es ma supernova. Si l’amour est un délit, t’es mon grain de folie. T’es la mienne, patati, patata »…. Depuis quelques mois, ces paroles ont pris d’assaut les radios française, suisse, belge,
Instagram ou encore
TikTok pour s’inscrire comme l’un des tubes de l’année. Son interprète : Évariste Geoffroy alias Were Vana, un artiste
guadeloupéen déjà bien connu aux
Antilles avec ses titres
Voleur de coeur et
Doudou.
Bercé par la musique depuis son enfance, il grandit au son du gwoka, un genre musical guadeloupéen reconnu au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco, pratiqué par sa famille. Très tôt il commence à chanter, puis son frère l’initie au dancehall, l’une des musiques phares de sa génération, avec des artistes jamaïcains comme Buju Banton, Capleton et Sean Paul. Une rencontre qui nourrit son amour des mélanges de sonorités et fait éclore son premier album éponyme en 2017. Son nom de scène, c’est grâce à sa Guadeloupe qu’il le déniche. « Internet venait d’arriver et c’était Wanadoo à l’époque. J’avais toujours dit que si jamais je chante, je chanterai ce que les gens vivent, je veux être connectée au monde. Au début c’était Vers Wana, puis j’ai été chanté dans une fête communale et on m’a appelé Were Vana. J’ai aimé, j’ai gardé », confie l’artiste qui vit désormais depuis cinq ans de sa passion.
Touché au sens propre par la crise du Covid-19, il est l’un des parrains de l’opération #COVIDAttitude lancée par l’ARS Guadeloupe pour sensibiliser la population au respect des gestes barrières. « Une bonne pause, mais trop longue maintenant », qui lui a offert plus de temps avec sa famille, son fils et la signature dans son nouveau label,
Play Two (Gims, TayC, Madame Monsieur ou encore MC Solaar). Bosseur, solaire et plein d’humour, le « Casanova » a profité d’un passage express sur son île pour se ressourcer et travailler avec son équipe soudée et répondre à nos questions.
Comment expliquez-vous le succès de votre titre « Casanova » ?
Je reste moi-même. En même temps j’ai pas le choix avec mon équipe qui me ramène vite fait sur Terre même quand je suis sage. (Rires). C’est pour ça qu’on dit qu’il faut bien s’entourer. On est une équipe. Ils ont tous leur mot à dire. On travaille jusqu’à ce qu’on soit tous d’accord. Lorsqu’on est soi-même dans les choses, il n’y a pas de difficulté pour le rester. C’est mon entourage qui fait que je suis serein dans ma tête et que je vis pleinement ce qui est en train de m’arriver tout en continuant à travailler. Car ça peut vite fait tourner.
Quelle est l’histoire de ce morceau. Êtes-vous surpris par son succès ?
Casanova, c’est un morceau qu’on a écrit depuis un petit moment. Même avant la signature dans notre nouveau label. Y a pas vraiment d’histoire, je pense qu’on a tous un petit côté Casanova en nous. C’est ce que j’ai voulu mettre en avant. Lorsqu’on fait un morceau, on veut toujours qu’il aille le plus loin possible. On le fait, on pense qu’il est bien, on aime ce qu’on fait mais c’est vrai que si je dis que je m’y attendais, c’est mentir. Je suis super content de ce qui se passe. J’espère que ça va se reproduire mais on ne s’y attendait pas, on est juste agréablement surpris du chemin parcouru. On espère que les morceaux qui vont suivre feront la même chose ou sinon plus si Dieu veut.
Comment définissez-vous votre musique ?
Je dirais inqualifiable, sans être arrogant, ni drôle. On fait énormément de mélanges, parce que je sors d’une famille de musiciens traditionnels, avec le gwoka, qu’on entend que ce soit dans la mélodie ou dans la rythmique. Lorsque j’arrive en studio avec mon beatmaker et qu’on est en pleine composition d’un titre, on fait des mélodies, on y ajoute nos idées. Alors à chaque fois les gens se demandent comment classer ces sons-là. Est-ce que c’est du zouk ? Du dancehall ? De la pop ? Je pense que l’avenir appartient au métissage et pourquoi pas dans la musique.
Vous avez sorti un nouveau single, « Bombardé », nouveau
carton sur TikTok, quelle formule avez-vous appliqué pour ce titre ?
La même formule que pour tous mes titres : rester soi-même et faire de la musique. On ne calcule rien du tout. On fait ce qu’on sait faire, comme pour « Casanova ». On ne change pas une équipe qui gagne comme on dit, donc on continue à faire la même chose, en restant simple, en vivant, en aimant et on est passionné par ce qu’on fait. Je veux dire aux jeunes que le travail paye.
Vous préparez votre nouvel album dans un nouveau label, quels sont vos nouveaux challenges ?
Faire mieux que ce qu’on a déjà fait et surtout essayer d’aller le plus loin possible. Maintenant on est signé en major donc c’est vrai que nos morceaux ont une plus grande visibilité. On a également plus de moyens pour faire de la musique et c’est une des choses que j’apprécie. Aller plus loin en signant en majeur, ça nous permet de faire plus de musique et c’est tout ce que j’aime. Donc je peux faire des séances en studio sans compter. Ça nous permet de travailler plus sereinement et ça permet je pense aussi d’être beaucoup plus efficace. On est à fond sur le nouvel album. Il y aura de belles surprises, des morceaux sur lesquels on ne m’attend pas… et un titre avec mon père. Il est prévu pour la fin d’année.
Vous étiez déjà très connu aux Antilles, comment arrivez-vous à toucher de nouveaux publics en Europe ? Avez-vous dû changer des choses dans votre manière de travailler ?
C’est un travail qui est différent, mais notre challenge c’était de ne pas perdre le public des Antilles et de gagner celui de l’Hexagone. C’est-à-dire agrandir la famille, je n’aime pas dire le public. Ce n’est pas si difficile parce qu’en réalité j’ai été confronté à ça dès le départ. Issu du gwoka, quand je me suis tourné vers la musique urbaine, chacun avait des avis divergents sur mes mélodies. Et c’est vrai qu’il a fallu trouver un juste milieu : amener le gwoka dans la musique d’aujourd’hui. On a réussi à le faire. Et maintenant on doit amener ce qu’on a déjà et l’exporter. Garder cette couleur, cette authenticité et faire en sorte que tous ceux qui nous écoutent puissent s’y reconnaître.
Comment gérez-vous les va-et-vient entre Paris et la Guadeloupe ?
Ah… Ça c’est compliqué. On vient quand on peut, quand on a le temps. Mais moi je ne peux pas rester sans la Guadeloupe, sans mon île. J’en ai besoin. Je le ressens. Il y a des moments où j’ai un trop-plein et il faut que je rentre même pour un week-end. Ça fait partie de moi. D’ailleurs, en parlant de ma situation avec le gérant de Corsair, il m’a proposé un partenariat, ce qui fait qu’aujourd’hui j’ai plus de facilité à rentrer chez moi pour me ressourcer, pour pouvoir être au top.
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