Seulement 3 femmes sur 10 disent être informées des risques liés à la prise de médicaments pendant la grossesse. L’agence nationale du médicament lance ce mercredi une action de sensibilisation.
« Enceinte, les médicaments, c’est pas n’importe comment ! », met en garde le slogan de la campagne de prévention qui démarre ce mercredi. Lancée par l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), l’action vise à rappeler que prendre un médicament pendant la grossesse n’est jamais anodin et ne doit se faire que sur l’avis d’un médecin, d’une sage-femme ou d’un pharmacien. « Le but poursuivi est de déclencher dans la société un réflexe équivalent à celui de l’alcool et du tabac pendant la grossesse », explique l’ANSM.
Si près de sept femmes sur dix se disent tout à fait informées des risques liés à la consommation d’alcool ou de tabac pendant la grossesse, elles ne sont que trois sur dix à dire la même chose pour la prise de médicaments, selon un sondage de l’institut Viavoice réalisé entre novembre 2019 et novembre 2020. Dans la pratique, 36% des femmes enceintes de leur premier enfant ont pris un médicament de leur propre initiative, chiffre qui grimpe à 48% chez les femmes enceintes dont ce n’est pas la première grossesse. Or « la grossesse est une période particulière pendant laquelle la prise de médicaments doit être en général évitée » indique l’ANSM.
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Les médicaments courants également déconseillés
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En France, l’information sur les risques liés aux médicaments pendant la grossesse a été renforcée dans le sillage du scandale de la Dépakine (valproate), un médicament contre l’épilepsie et les troubles bipolaires dont les dangers pour le foetus, connus de longue date, ont tardé à être signalés dans la notice.
Mais même les médicaments les plus courants, comme certains anti-douleur ou anti-nauséeux, peuvent « avoir des répercussions immédiates ou futures sur l’enfant à naître », explique l’ANSM. Le risque de malformations (des organes ou des membres) est maximal au premier trimestre de grossesse, notamment avec les médicaments à base de thalidomide (sédatif et anti-nauséeux), d’isotrétinoïne (traitement de l’acné sévère, comme le Roaccutane) et de valproate, connu sous le nom de Dépakine (traitement de l’épilepsie et des troubles bipolaires). Pris plus tard dans la grossesse, au deuxième et troisième trimestre, d’autres médicaments comme l’ibuprofène (anti-inflammatoire et anti-douleur) ou des traitements de l’hypertension peuvent freiner la croissance du fœtus ou le bon développement des reins, ainsi que provoquer des atteintes cardiaques.
Le Gylénia, à destination des femmes souffrant de sclérose en plaques, ne convient pas non plus aux femmes enceintes. Le traitement doit donc être interrompu pendant la grossesse pour limiter les risques de malformations congénitales. C’est aussi le cas des médicaments à base de modafinil, habituellement utilisés en cas d’hypersomnie ou de narcolepsie. Pour ces mêmes raisons, le Mycophénolate (prescrit en cas de rejet de greffe d’organes) est également contre-indiqué par l’ANSM. La prise de ce médicament pendant la grossesse augmenterait aussi le risque de fausses couches. Certains traitements peuvent aussi être en cause dans l’apparition de troubles du développement (autisme, hyperactivité).
Une seule prise peut suffire
« Ce risque n’est pas de 100%, fort heureusement : ce n’est pas parce que je vais prendre un médicament qu’il aura un effet » sur l’enfant à naître, précise Céline Mounier, directrice de la surveillance à l’ANSM. Mais une seule prise « peut parfois suffire à générer un effet, y compris des interruptions involontaires de grossesse ». Deux à trois pour cent des bébés naissent avec une malformation majeure et une étude européenne attribue 5% de ces cas à une prise de médicaments par la mère. À l’échelle française, cela représenterait 800 à 1 200 naissances par an sur 800 000.
L’agence de santé souhaite « inciter au dialogue » avec les soignants dès le projet de grossesse, car certains médicaments produisent des effets pendant plusieurs mois et d’autres sont risqués dès les premières semaines de grossesse, à un moment où les femmes ignorent encore qu’elles sont enceintes.
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