- Jean-Pierre Pernaut quitte le JT de 13 heures de TF1 ce vendredi. Pour son dernier, la chaîne a préparé un reportage en son honneur. A 20 Minutes, nous sommes allés rencontrer les Françaises et les Français qui ont eu la chance d’avoir un reportage dans son journal.
- En Aveyron, la pharmacie de Saint-Sernin-sur-Rance a été à l’honneur dans deux reportages des journaux de JPP.
- Etre passé dans le journal de mi-journée de TF1 a eu un impact crucial pour l’officine familiale, qui a failli fermer l’été dernier après près de deux siècles d’existence. L’ancienne et la nouvelle pharmaciennes, ainsi que le maire, racontent.
Peut-être qu’un jour, à Saint-Sernin-sur-Rance, une statue à la gloire de Jean-Pierre Pernaut s’élèvera sur la place du Fort. Non loin de celle de Victor,
« l’enfant sauvage de l’Aveyron» dont l’existence tragique a été immortalisée par François Truffaut. Son inoxydable 13 heures
sur TF1 a en tout cas permis de sauver la pharmacie deux fois centenaire de cette petite commune de 650 habitants, à travers l’opération « SOS Villages ».
« Si elle avait disparu, il y aurait eu un effet boule de neige pour l’ensemble des commerces, lance le maire Richard Sleizak. Ce passage au 13 heures a eu un retentissement énorme. J’en remercie personnellement Jean-Pierre Pernaut, c’est quelqu’un qui est proche des Français. »
« Toute l’équipe de la pharmacie remercie M. Pernaut », reprend en écho Béatrice Bitaud, la nouvelle patronne de l’officine, où les emplois d’une préparatrice et d’un pharmacien adjoint ont pu être préservés.
Pour raconter cette belle histoire dont 2020 n’a pas été prodigue, il faut remonter à la situation sur place au 16 juin dernier, jour de diffusion du fameux reportage. Après 45 ans d’exercice, dont 37 à Saint-Sernin-sur-Rance, Martine Gaubert est sur le point de plier boutique. « J’étais épuisée, se rappelle-t-elle aujourd’hui. Nous cherchions depuis trois ans un repreneur. Nous nous étions adressés à tous les réseaux, à quatre agences spécialisées, aux confrères… En vain. »
Une ultime piste héraultaise s’éteint au sortir du premier confinement. « Alors, nous avons décidé avec les enfants de fermer au 30 juin. » Fin mai, la sexagénaire envoie une lettre aux élus locaux ainsi qu’aux professionnels de santé pour annoncer la fin prochaine de la pharmacie Gaubert, née en 1827.
33 appels après le reportage
« Nous avons remué ciel et terre, assure le maire Richard Sleizak. Quelqu’un à la communauté des communes connaissait des journalistes de TF1 à Toulouse. On avait essayé les médias locaux, les radios mais la portée n’était pas la même. Là, ça a été très rapide. » L’effet Pernaut sera même radical. « J’ai reçu très exactement 33 coups de fil de toute la France, des Vosges à la Bretagne jusqu’à la Réunion, détaille Martine Gaubert. Il y avait un tiers de sérieux, un tiers de curieux et un tiers de rigolos. »
L’appel de Béatrice Bitaud appartient à la première catégorie. « Des amis qui avaient vu le 13 heures m’ont dit qu’un village avait besoin d’un pharmacien, éclaire la quinquagénaire, qui officiait alors dans la région de Tours. J’avais été licenciée deux jours plus tôt. J’ai regardé le journal en replay. Dans un premier temps, je suis venue soulager Martine Gaubert. »
« L’accueil a été tellement chaleureux »
Béatrice Bitaud découvre alors les charmes du sud-Aveyron et de la région des Grands Causses, au pays du Roquefort, où elle n’a encore jamais mis les pieds. Tout s’enchaîne très vite : « Le 23 juin, j’étais à Saint-Sernin-sur-Rance. D’habitude, il faut six mois pour reprendre une pharmacie. Là, tout a été réglé en trois mois. »
« L’accueil a été tellement chaleureux. J’ai eu le soutien de tout le monde, la population, la municipalité, sans oublier la gentillesse de M. et Mme Gaubert. » Laquelle est forcément ravie d’un tel épilogue. « Pour moi, fermer la pharmacie n’aurait pas été une bonne fin professionnelle. Mais pour le village et mon mari, dont la famille était la propriétaire depuis sept générations, cela aurait été une catastrophe. »
L’officine a été cédée pour quelque 63.000 euros, entre le fonds de commerce et le stock. Une « paille » dans ce métier, mais l’essentiel était sauf pour la famille Gaubert et Saint-Sernin-sur-Rance, dont le réseau médical, très dense pour un si petit village (médecin, dentiste, kiné, infirmières, ambulanciers…) aurait forcément souffert d’une telle disparition.
Notre dossier sur Jean-Pierre Pernaut
La désormais pharmacie Bitaud a de nouveau eu les honneurs du 13 heures le 12 octobre, quelques jours après la reprise effective. Alors que 2020 va (enfin) tirer sa révérence, Béatrice Bitaud se dit ravie de son changement de vie, malgré des soucis persistants avec son opérateur Internet et les vicissitudes de l’époque. « Il faut que je reconnaisse les gens à leurs yeux », plaisante-t-elle. Même masqué, Jean-Pierre Pernaut ne passera pas inaperçu, s’il s’aventure un jour du côté de Saint-Sernin-sur-Rance.
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