Magali Soucille a repris la Coutellerie Goyon-Chazeau créée par ses grands-parents à Thiers en 1953. Elle compte bien faire perdurer le savoir-faire familial et régional, comme le montre Faut pas rêver mercredi 9 décembre à 21 h 05 sur France 3.
Qu’aimez-vous dans la coutellerie ?
Magali Soucille : D’abord, le produit en lui-même. Un couteau, c’est beau comme un bijou, et il permet de dresser de jolies tables, ce que j’apprécie en tant qu’épicurienne. Ensuite, j’aime ce qu’il y a autour de la coutellerie : un couteau représente une transmission familiale, avec de vraies valeurs et une vraie histoire. Et puis la coutellerie, c’est l’histoire de ma famille, de mes racines, depuis trois générations.
C’est la raison pour laquelle vous avez repris l’entreprise familiale ?
J’ai toujours eu l’intention de reprendre la société mais je voulais avoir une expérience ailleurs, ce que j’ai fait pendant treize ans dans la communication et le marketing. Quand mon père est parti à la retraite, j’avais le sentiment d’avoir fait le tour de mon poste. C’était le moment de prendre la suite.
Cela vous permet ainsi de faire perdurer le savoir-faire de votre père…
Nous sommes parmi les derniers fabricants à maîtriser la soudure de l’inox et le travail de la forge. Mon père a transmis ces techniques à notre chef d’atelier et à mon mari. Nous ne sommes pas sur une fabrication de masse avec une découpe laser industrialisée mais sur de l’artisanal. Tout est réalisé à la main.
Vous défendez aussi l’héritage de la marque Le Thiers…
Le Laguiole n’a jamais été déposé. Ce n’est donc pas une marque mais une forme de couteau que tout le monde peut faire. Le bassin thiernois (Puy-de-Dôme) a une grande histoire dans la coutellerie avec des gens spécialisés dans toutes les étapes de la fabrication. Ils ont eu l’idée de créer un couteau avec une forme spécifique qui s’appellerait Le Thiers et qui serait emblématique de leur savoir-faire. Aujourd’hui pour utiliser cette marque, il faut présenter les couteaux devant un jury de la Confrérie du couteau Le Thiers, garante d’une charte de qualité, de traçabilité, de territorialité et de morale professionnelle. C’est elle qui me permet de fabriquer et de vendre des couteaux Le Thiers par Goyon-Chazeau.
Étant membre de cette confrérie, passer devant ce jury, n’est-ce pas une formalité ?
Pas du tout. Mes couteaux peuvent se faire recaler s’ils ne remplissent pas les spécificités du Thiers. Ce n’est pas du folklore. Cela nous sert de protection juridique face à la contrefaçon. On a tellement souffert d’une concurrence déloyale chinoise puis pakistanaise concernant les couteaux Laguiole qu’on ne veut pas que cela se produise avec Le Thiers. Cela nous permet de garder notre savoir-faire français.
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