Infantilisés, culpabilisés par les propos déresponsabilisants du pouvoir, les seniors en ont assez qu’on les prenne pour des gamins.
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Ce fut la remarque de trop. Celle qui a fait déborder le vase déjà trop plein d’ordres, d’injonctions, d’interdictions et de messages anxiogènes. « Évitons que papi et mamie aillent chercher leurs petits-enfants à l’école », lançait Jean Castex le 27 août dernier, adoptant le ton puéril d’un père de famille expliquant à sa marmaille qu’il faut attendre que le petit bonhomme passe au vert pour marcher dans les clous. Malheur au Premier ministre qui a sous-estimé l’exaspération des vieux.
« Assez ! », hurlent-ils. Pas la peine de leur faire un dessin, ni d’en rajouter : ils se savent en danger, dans la ligne de mire d’un serial virus qui, statistiquement, les tue en priorité. Pour y échapper, les boomers – et leurs parents – ont tout accepté : d’être assignés à résidence, seuls, fragiles et isolés. Et maintenant, on veut les ostraciser ! Comment ne pas entendre leur ras-le-bol lorsque le chef du gouvernement s’érige en père la morale et en directeur de conscience ; met tous les seniors dans le même panier, qu’ils soient malades ou en bonne santé, retraités hyperactifs ou âgés et dépendants. Et ose se permettre, lui, à 55 ans tout mouillé, de parler d’autorité à ses aînés ! « Au lieu de les responsabiliser, le gouvernement leur a servi un discours infantilisant. Mais les plus de 65 ans ne sont pas idiots, ils ne vont pas aller danser en boîte tous les soirs ! », sourit Serge Guérin, sociologue de la famille qui pointe les incohérences de pouvoirs publics-pompiers-pyromanes. Avant la crise sanitaire, on leur a fait comprendre qu’ils étaient aptes au travail jusqu’à 65 ans. Puis en mars, à la veille du confinement, qu’ils devaient aller voter aux municipales. Aujourd’hui, non seulement il faut qu’ils se planquent, mais on empêche leurs petits-enfants de voir leurs potes et de boire des coups pour les sauver ! « En disant aux vieux qu’ils sont irresponsables, et aux jeunes que si le virus se propage c’est de leur faute, on nourrit les oppositions entre générations », alerte Serge Guérin. Un clivage délétère pour la cohésion de notre société fondée sur la solidarité.
Que deviendrait-on sans eux ?
En reléguant les « vieux » au rang de martyrs de la pandémie, on en oublierait presque qu’ils sont depuis des décennies sur tous les fronts. Les seniors constituent en effet le socle des solidarités intergénérationnelles, patiemment construites au cours du XXe siècle. La preuve en quelques chiffres. Nounous, ils ont chaque année 23 millions d’heures de garde de petits-enfants au compteur. Donateurs, ils distribuent 13 milliards d’euros à leurs proches. Bénévoles, ils sont 3,7 millions à œuvrer dans des associations sportives, culturelles, caritatives, qui n’auraient pas d’existence sans eux.
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