Elle qui n’avait rien, aujourd’hui, donne tout : Halima Aden, mannequin Somali-Américain au hijab distinctif, fait figure d’exception à bien des égards. Nous avons échangé avec la jeune femme engagée, ambassadrice de charm(s) pour Pandora.
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Quelle a été votre expérience la plus incroyable en tant que mannequin jusqu’à présent ?
J’en ai eu tellement ! J’essaye de ne rien prendre pour acquis. Je dirais probablement qu’être la première femme portant le hijab à apparaître sur une couverture de Vogue était un rêve devenu réalité.
Quelle est votre meilleure rencontre ?
Il y a ces stars qui m’impressionnent… Rihanna, par exemple, dont je suis fan. Mais il y a aussi ceux dont les histoires résonnent en moi au plus haut point. Je pense que l’une de mes meilleures rencontres a été lorsque je suis retournée dans mon camp de réfugiés avec l’UNICEF pour donner la toute première conférence TED depuis un camp. J’y ai fais la connaissance de Miss Kakuma, la gagnante du concours de beauté organisé dans le camp de réfugiés. Un concours de beauté dans un tel contexte? Je n’arrivai pas à y croire. Participer à l’élection de Miss Minnesota USA en 2016 a lancé ma carrière. Je me suis rendue compte qu’en dépit des différences de situations, Miss Kakuma et moi avions beaucoup de choses en commun.
Pouvez-vous nous dire ce que votre hijab signifie pour vous ?
La signification du hijab, pour moi, englobe énormément de choses et continue d’évoluer. Il symbolise mon attachement à mon interprétation de ma foi islamique, avant tout. Mais il également un symbole de force : j’ai commencé à le porter pour être comme ma mère, une femme forte, qui a fui la guerre de Somalie en marchant 11 jours pour atteindre la frontière kényane. En réponse à ceux qui pensent que le hijab est un outil d’oppression, je choisis de le porter et d’affirmer mon choix, donc il est aussi un acte de résistance.
Le hijab est très mal compris, ce qui entraîne une méfiance par peur de l’inconnu. Mais c’est également un bel accessoire et les gens sont intrigués de rencontrer quelqu’un qui le porte.
Que dites-vous à ceux qui disent que les hijabs et le mannequinat ne sont pas compatibles ?
Pourquoi pas ? C’est un morceau de tissu qui représente tellement pour un individu. Et puis, le foulard est aussi un accessoire pour les femmes non musulmanes. Pouvoir présenter le hijab dans certaines des publications les plus lues au monde le normalise, prouve qu’une femme qui le porte est puissante et détient le contrôle de sa vie.
Quel message souhaitez-vous transmettre aux filles portant le hijab?
Ne changez pas vous-même, changez la donne ! Si vous ne vous voyez pas représentée dans un espace ou dans un corps de métier, incarnez le changement. Sortez de votre zone de confort. N’attendez pas d’être invitée, prenez place ! C’est un message que j’essaye de diffuser à travers mes prises de parole et mon travail au quotidien.
Vous avez récemment créé des masques compatibles avec les hijabs, envisageriez-vous de vous aventurer plus loin dans le secteur de la création ?
Absolument ! Je pense que nous devons regarder au-delà de la réponse universelle, de la « taille unique », car ce n’est tout simplement pas valable. Nous devons nous adapter et nous ajuster pour réaliser des produits qui fonctionnent pour tous ceux qui trouvent un avantage à les posséder. Je veux faire plus dans ce sens.
Dans les premiers mois de ma carrière de mannequin, j’ai travaillé dans un hôpital pour nettoyer les chambres des patients. Je voulais que mes anciennes collègues portant le hijab sachent qu’elles étaient vues et entendues. Ces femmes, en particulier pendant une pandémie, méritent d’être dans de bonnes dispositions pour accomplir efficacement leur travail. Les ensembles de hijab et de couvre-visage étaient un petit moyen de leur donner cette opportunité.
Vous avez beaucoup d’engagements philanthropiques. Quelle est votre plus grande fierté ?
Devenir ambassadeur de l’UNICEF a certainement été un moment fort de ma carrière. Comme j’étais autrefois le destinataire des aides qu’ils fournissent aux enfants du monde entier, en être maintenant un défenseur est surréaliste.
J’ai eu l’occasion de combiner mode et activisme à de nombreuses reprises. J’ai posé en couverture de CR Fashion Book pour l’UNICEF, travaillé sur le charm UNICEF X Pandora, visité en Thaïlande l’atelier éco-responsable de la marque, approché le travail de Johnson & Johnson sur les vaccins contre le VIH, voyagé avec Vita Coco aux Philippines…
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J’ai la chance de voir l’autre facette des marques que tout le monde ne connaît pas : le travail assidu qu’elles font en matière de durabilité, d’inclusion, d’acceptation, de fournir des emplois aux personnes qui en ont besoin… J’ai l’impression qu’il y a des marques qui font un réel effort pour aligner leurs visions commerciales avec des actions philanthropiques. Je pense que nous vivons à une époque où nous continuerons d’en voir davantage et où l’accent sera mis sur l’impact que les entreprises ont au-delà de leurs produits et services.
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