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J’accuse, nouveau film de Roman Polanski, sort en salles mercredi 12 novembre 2019 alors que le cinéaste est une nouvelle fois accusé de viol. Femme Actuelle a vu pour vous son dernier long-métrage.
“L’histoire d’un homme injustement accusé est toujours passionnante.” Comment ne pas voir, dans l’interview de Roman Polanski mise à disposition des journalistes dans le dossier de presse de son nouveau film, le parallèle que s’autorise le cinéaste entre les accusations dont il fait l’objet et l’ignoble, honteuse, antisémite affaire Dreyfus qui a secoué la France ? Si le réalisateur de J’accuse, en salles mercredi 13 novembre 2019, affirme qu’une nouvelle affaire Dreyfus ne pourrait se reproduire aujourd’hui “avec les moyens technologiques dont nous disposons” il estime toutefois qu’une “autre affaire”, pourrait bel et bien trouver sa place dans l’actualité. “Il y a tout ce qu’il faut pour cela”, jure-t-il. “Des accusations mensongères, des procédures juridiques pourries, des magistrats corrompus, et surtout des réseaux sociaux qui condamnent et exécutent sans procès équitable et sans appel.” Et d’ajouter : “Mon travail n’est pas une thérapie. En revanche, je dois dire que je connais bon nombre de mécanismes de persécution qui sont à l’oeuvre dans ce film et que cela m’a évidemment inspiré […] Tout cela me poursuit encore. Tout, et n’importe quoi. C’est comme une boule de neige, chaque saison en ajoute une couche. Des histoires aberrantes de femmes que je n’ai jamais vues de ma vie et qui m’accusent de choses qui se seraient déroulées il y a plus d’un demi-siècle.”
Roman Polanski a raison sur un point : “chaque saison en ajoute une couche.” Samedi 9 novembre 2013, c’est le “J’accuse” de la photographe française Valentine Monnier qui a fait la Une du Parisien. Dans les colonnes du quotidien, l’ex-comédienne raconte le viol dont elle aurait été victime. “En 1975, j’ai été violée par Roman Polanski”, décrit-elle. “Ce fut d’une extrême violence, après une descente de ski, dans son chalet, à Gstaad (Suisse). Il me frappa, me roua de coups jusqu’à ma reddition puis me viola en me faisant subir toutes les vicissitudes. Je venais d’avoir 18 ans.” Pourquoi ne parle-t-elle que maintenant ? “Mi-septembre, Valentine Monnier nous contacte pour publier son texte”, écrivent nos confrères. “Valentine a raconté son histoire dans des lettres à la police de Los Angeles, à Brigitte Macron, Franck Riester et Marlène Schiappa.” C’est toutefois la sortie de J’accuse, où Roman Polanski compare, dans plusieurs entretiens, “l’acharnement dont a été victime Dreyfus à celui que lui-même aurait subi… Lui qui est poursuivi pour avoir violé une mineure de 13 ans [et qui, ayant échappé à la justice américaine, est considéré comme fugitif par Interpol, ndlr.]”, qui poussera Valentine Monnier à s’exprimer publiquement. “Est-ce tenable, sous prétexte d’un film, sous couvert de l’histoire, d’entendre dire j’accuse par celui qui vous a marqué au fer, alors qu’il vous est interdit à vous, victime, de l’accuser ?” s’interroge-t-elle. Depuis les révélations du quotidien, la promotion du long-métrage a été interrompue. Le réalisateur, de son côté, conteste les faits.
J’accuse est un film à voir pour sa dimension historique : chronologie précise des événements, rôle du Lieutenant-Colonel Picquart et d’Emile Zola, histoire tragique d’Alfred Dreyfus : tout y est raconté avec force détails. Un peu trop, peut-être. L’interminable passage sur le bordereau aurait mérité d’être raccourci et la beauté de la photographie ne fait malheureusement pas oublier la longueur du film. Quant à la performance des acteurs, si celle de Louis Garrel est en tous points remarquable, celle d’Emmanuelle Seigner, surjouée et à la limite de sonner faux, est plus qu’oubliable. Enfin, difficile, à certains moments, de ne pas voir un peu d’Hubert Bonisseur de la Bath dans le jeu de Jean Dujardin… ce qui, pour un thriller historique, est plutôt déconcertant. La séquence sur la sortie de L’Aurore, pour finir, est aussi magistrale que saisissante. Tout comme la scène du duel, tournée en plan large, à couper le souffle au propre comme au figuré. Malgré des qualités incontestables, J’accuse n’est pas la sortie cinématographique de l’année annoncée. Le film ravira peut-être certains cinéphiles mais on conseillera à ceux qui s’intéressent à l’affaire Dreyfus (et qui refusent de voir le dernier Polanski) de regarder un documentaire ou d’ouvrir un livre à la place.
La note de Femme Actuelle : 2/5
Synopsis :
Pendant les 12 années qu’elle dura, l’Affaire Dreyfus déchira la France, provoquant un véritable séisme dans le monde entier. Dans cet immense scandale, le plus grand sans doute de la fin du XIXème siècle, se mêlent erreur judiciaire, déni de justice et antisémitisme. L’affaire est racontée du point de vue du Colonel Picquart qui, une fois nommé à la tête du contre-espionnage, va découvrir que les preuves contre le Capitaine Alfred Dreyfus avaient été fabriquées. A partir de cet instant et au péril de sa carrière puis de sa vie, il n’aura de cesse d’identifier les vrais coupables et de réhabiliter Alfred Dreyfus.
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