La consommation d’alcool et de psychotropes n’est pas assez prise en compte dans la lutte contre les violences conjugales, alerte une tribune. Ecrite par des médecins et des proches de malades alcooliques, elle réclame plus de mesures à l’issue du Grenelle des violences conjugales.
Ils avaient déjà lancé l’alerte le 21 octobre dernier dans des lettres ouvertes adressées à Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à l’égalité femmes-hommes, et Agnès Buzyn, ministre de la Santé. Dans une tribune parue dans Le Parisien-Aujourd’hui en France, des spécialistes et des proches de malades alcooliques dénoncent une insuffisante prise en compte du rôle de l’alcool et des psychotropes dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
« Lancé à grand renfort dans les médias, le Grenelle des violences conjugales, qui va se conclure vendredi prochain, ne pourra que décevoir au regard de la quasi-absence de propositions des travaux préparatoires », estiment les auteurs de la tribune. Ils se basent sur des faits : l’analyse des morts violentes au sein des couples survenues en 2018, dont les 121 féminicides dénombrés par le ministère de l’Intérieur, montre que, dans plus de la moitié des cas (55%), l’auteur ou la victime sont sous l’emprise d’une substance comme l’alcool, les stupéfiants, et autres psychotropes.
Face à cela, les auteurs de la tribune disent avoir proposé des « mesures efficaces, cohérentes, faciles à mettre en oeuvre et surtout reposant sur les connaissances scientfiques qui font consensus ». Des propositions comme faire en sorte que les personnes concernées diminuent leur consommation d’alcool, qu’une obligation de soins sois ordonnée par la justice, à former les policiers, à faire fermer les débits de boisson une heure et demi plus tôt – méthode qui a fait ses preuves en Australie, ou encore la mise en place d’une campagne nationale d’information sur les répercussions de la maladie alcoolique sur l’entourage des malades. « Ces mesures visaient à prevenir ces violences, à en réduire la fréquence et les conséquences », soulignent-ils.
Les spécialistes et les représentants des proches malades alcooliques ont bien été reçus par les « responsables du programme au sein du ministère de la Santé ». Mais ils regrettent, « malgré une écoute bienveillante et l’assurance que [leurs] propositions seraient prises en compte », que ces mesures ne figurent pas dans le document présentant les propositions formulées à l’issue des différents groupes de travail. Une seule d’entre elles a été retenues, celle concernant « l’analyse systématique des consommations d’alcool et de psychotropes en cas de plainte ». « Si nous nous félicitions que le phénomène des violences liées à l’acool et aux psychotropes soit mieux observé, nous déplorons qu’aucune mesure sur la prévention, l’aide aux victimes ou la prise en charge spécifique des autres [des violences] n’ai patu digne d’attention », expliquent les rédacteurs de cette tribune.
Ils poursuivent en expliquant qu’ils pensent savoir pourquoi ces mesures n’ont pas été retenues : « Malheureusement, nous pouvons aisément comprendre ce qui bloque. La prévention de ces violences spécifiques supposerait, pour le gouvernement, d’agir sur la consommation d’alcool. Dans notre pays, la moindre mesure, aussi justifiée soit elle, touchant à la consommation d’alcool, devient un problème politique paralysant les décisions. Et dans la foulée, le gouvernement oublie les mesures de soins que nous avions proposées. Il se condamne donc à l’inefficacité. La protection des victimes de violences liées à l’alcool et aux psychotropes attendra, le gouvernement se contentant de mieux observer. » Ils terminent donc en demandant à Marlène Schiappa, Agnès Buzyn et Chirstelle Dubos, secrétaire d’Etat auprès de la minsitre de la Santé, « de ne pas occulter une cause majeure des violences contre les femmes et d’y répondre avec l’engagement et l’énergie qu’elle mérite ».
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