- TF1, M6 et Netflix dévoilent dès début novembre leurs films et téléfilms de Noël.
- Les programmatrices de chaînes répondent ainsi à la demande croissante des téléspectateurs et en profitent pour affiner leur sélection.
- Même très codé, le genre du téléfilm de Noël peut réserver quelques surprises et proposer un regard sur la société.
« Il y a quelques années, les gens ont dit « ha mais c’est beaucoup trop tôt » quand on a commencé à programmer les téléfilms de Noël dès le 1er décembre… » Christine Bouillet, directrice de la
programmation de M6, regarde donc avec amusement sa chaîne et ses concurrentes directes et indirectes, comme TF1 ou
Netflix, programmer leurs films inédits de Noël dès le premier lundi qui suit la Toussaint.
Depuis deux ou trois ans, c’est devenu une tradition, les téléfilms de Noël débarquent alors même que les chrysanthèmes n’ont pas eu le temps de faner. « On s’est fait doubler par la société, remarque Christine Bouillet. Aujourd’hui on voit bien que les grandes enseignes misent sur Noël très tôt en novembre, et que les gens adhèrent. On rentre dans l’hiver, on a besoin de réconfort… Il y a une mécanique un peu ritualisée. » Du coup, M6 programme chaque jour ses téléfilms de Noël inédits avec un succès qui ne se dément pas. « La meilleure preuve de notre succès, c’est qu’on a été beaucoup copié… » remarque Christine Bouillet.
Des performances magiques
Du côté de TF1, qui s’est mis beaucoup plus récemment aux téléfilms de Noël, on a bien rattrapé son retard avec la programmation d’une trentaine d’inédits, là aussi l’après-midi. « Sur cette case, nous alternons au cours de l’année des thrillers et des comédies romantiques. Après les vacances de la Toussaint, il aurait été bizarre de casser cette dynamique et nous décidons donc depuis quelques années d’enchaîner avec les films de Noël, explique Alexia Lucet responsable éditoriale des achats de téléfilms pour TF1. Il y a une vraie demande de la part des téléspectateurs. Avec la programmation des films de noël, les audiences de la case gagnent cinq points en moyenne sur la cible des femmes responsables d’achats. Ces programmes surperforment particulièrement sur cette case. »
Mais le film de Noël se consomme aussi en replay, à toute heure du jour et de la nuit notent TF1, M6… et Netflix. La plateforme est devenue particulièrement active sur le créneau et offre des productions originales à ses abonnés. En conséquence, la compétition fait rage parmi les diffuseurs pour dénicher les perles du genre. « On choisit des films qui font partie du haut du panier du genre, se vante Alexia Lucet. Tous nos films sont produits pour Hallmark. » Hallmark est, avec Lifestyle, la chaîne spécialiste du genre et en diffuse des dizaines chaque année. Le genre du film de Noël ne connaît pas la crise aux Etats-Unis.
« Avoir son film de Noël, c’est devenu une signature, un incontournable, une consécration pour les acteurs américains, remarque Christine Bouillet. Il y a de plus en plus de stars de séries qui jouent dans ces films. C’est comme si le kitsch était devenu chic. » Chez TF1 aussi on remarque un changement de gamme des productions. « Parmi les ingrédients du succès il y a des castings bien identifiés, avec des acteurs qu’on a l’habitude de voir dans les comédies romantiques et dans d’autres séries », analyse Alexia Lucet.
Un genre qui évolue (un peu)
Si le genre reste très codé, avec ses romances dans un décor de Noël fantasmé, plusieurs films osent quelques petites audaces. « TF1 a des partenariats avec les distributeurs de ces films qui nous en fournissent un certain nombre. Chaque année, on donne des recommandations sur les scripts, explique la responsable éditoriale des achats de téléfilms pour TF1. On donne notre avis avant même la production et la réalisation des films. Depuis quelques années, on voit des films avec des familles recomposées, des parents célibataires qui cherchent un nouvel amour, et aussi plus de mixité dans les couples. On est un peu plus en phase avec les sociétés dans lesquelles on vit et c’est très bien. »
Christine Bouillet se réjouit, elle aussi, que les minorités soient de plus en plus visibles, notamment dans les personnages secondaires : « Il peut aussi y avoir du second degré dans un film de Noël ! Et il y a le mouvement du Woman Empowerment est très visible dans ce genre. » Pour autant, les adeptes de téléfilms de Noël n’en attendent pas une révolution formelle. « Le public cherche une ambiance, une atmosphère, de la bienveillance et surtout, un décor, beau visuellement, et des romances aux valeurs saines et positives », tranche Alexia Lucet.
« Le téléfilm de Noël apporte une inspiration universelle »
Les fans de téléfilms de Noël sont-ils décérébrés pour autant ? « Il y a un côté plaisir coupable, bien sûr », selon Christine Bouillet qui y voit aussi un signe de temps modernes. « Le film de Noël et son succès ont une valeur symbolique profonde. Dans notre société sécularisée, c’est un genre qui apporte une inspiration universelle. Parmi les grandes typologies d’intrigues, on voit le triomphe des valeurs familiales, la rédemption et le retour aux sources. Le succès des films de Noël accompagne une forme de retour au merveilleux. »
Sans déroger aux canons du genre avec bons sentiments et neige artificielle, les films de Noël s’aventurent aussi du côté des films de genre, comme la tendance des Christmas Princess inspirée en creux par l’histoire de Meghan Markle ou rom com de Noël… Et les succès d’audience ne devraient pas freiner la frénésie de productions. M6 va même jusqu’à programmer ses films de Noël en prime time sur ses autres chaînes comme W9 et 6Ter. TF1 a aussi fait un carton dès dimanche avec La Liste du Père Noël. Il n’y a donc aucun obstacle pour qu’un jour, les téléfilms de Noël débarquent dès l’automne.
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