Woody Allen fantasme son cinéma au « Rifkin’s Festival »

  • Un vieil historien de cinéma voit sa femme lui échapper pour les beaux yeux d’un cinéaste français campé par Louis Garrel.
  • « Rifkin’s Festival » permet à Woody Allen de rendre un ultime hommage aux cinéastes fondateurs de sa cinéphilie.
  • Cette comédie savoureuse sera l’avant-dernier film du cinéaste de 86 ans.

On était sans nouvelles de Woody Allen depuis Un jour de pluie à New York, sorti en 2019. Le revoilà avec  Rifkin’s Festival, comédie réjouissante qui rend hommage aux films fondateurs de sa cinéphilie. « J’ai aimé le cinéma passionnément, confie le réalisateur de 86 ans à 20 Minutes. Et j’aimerais donner au public le goût pour tous ces films classiques que j’ai pu adorer. »

Rifkin’s Festival se déroule au Festival de San Sebastián, en Espagne, où Mort Rifkin, historien de cinéma désabusé (Wallace Shawn qui fait irrésistiblement penser à Woody Allen), voit son épouse attachée de presse (Gina Gershon) se faire conter fleurette par un cinéaste d’avant-garde (Louis Garrel en french lover intello). « Louis Garrel a le charme et le sens de l’humour nécessaire pour nourrir ce personnage », estime Woody Allen. Elena Anaya et Sergi Lopez complètent une distribution occupée à débattre et à aimer entre deux séances de cinéma dans une ville gorgée de soleil.

De la fantaisie et du respect

Le sujet de son film permet à Woody Allen de griffer le cinéma tel qu’il est pratiqué aujourd’hui. « Ma désaffection est venue petit à petit, insiste le cinéaste. Parmi les films récents, il n’y a guère que  Phantom Thread de Paul Thomas Anderson que j’ai vraiment aimé. Je ne trouve plus mon compte, ni dans les blockbusters, ni dans les films trop intellos. » A travers les fantasmes de son héros, vieux cinéphile jaloux, Woody Allen pastiche tous ceux qui l’ont marqué, Jean-Luc Godard, Federico Fellini ou Ingmar Bergman dont on retiendra une parodie du Septième Sceau mené par Christoph Waltz dans le rôle de la Mort. « Il y a un côté ludique d’amoureux fou du cinéma dans ces fantaisies, admet-il. Mais aussi un immense respect pour les réalisateurs que je cite. »

Et après ? Rifkin’s Festival, son 49e long-métrage, sera suivi par un ultime opus que le réalisateur va  tourner en septembre en France, « un pays qui m’a toujours soutenu », dit-il. Puis le réalisateur tirera définitivement sa révérence. « Cinquante films est un bon chiffre pour arrêter, dit-il. A 86 ans, j’ai moins d’énergie et j’ai perdu le feu sacré pour chercher des financements et vivre le stress des tournages. »

Bien qu’il les ait toujours niées, les accusations d’agression sexuelle par sa fille adoptive ont sans doute profondément affecté Woody Allen, d’autant qu’elles ont conduit de nombreux professionnels, dans le sillage du mouvement MeToo, à lui tourner le dos. Le réalisateur a alors eu beaucoup plus de mal à monter ses projets, lui qui avait habitué le public à lui présenter un long-métrage par an et qui n’en avait pas sorti, depuis trois ans, avant cet excellent Rifkin’s Festival.

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