"Wet season", film singapourien sur un amour interdit entre une enseignante et son élève

C’est la mousson, un océan de pluie noie Singapour. Des semaines d’averses violentes et continues qui, chaque année, conditionnent les activités, les comportements et le moral des habitants. La chaleur est étouffante, on n’y voit pas à deux pas. Le ciel est plombé, tout est sombre. Sur la route, les bouchons se succèdent.

Dans une salle de classe, une professeure de chinois et son élève partagent un durian, un fruit exotique de l’Asie du sud-Est, interdit dans les transports publics : malodorant, ses effluves rappelent un fromage trop fait ! Ce fruit défendu dans lequel ils croquent joyeusement va symboliser la transgression vers laquelle dérive leur relation.  

EPICENTRE FILMS

Ling a une obsession : avoir un enfant. Depuis huit ans, elle tente en vain d’y parvenir. Son mari s’est lassé de leurs tentatives, on le sent distant, de moins en moins concerné. Elle passe beaucoup de temps à s’occuper de son beau-père grabataire, avec lequel elle est parvenue à maintenir une complicité. Wei Lun, lui, est un grand gamin délaissé par ses parents. Un ado solitaire passionné par les arts martiaux.  

Ces deux-là se rapprochent inexorablement. Il pourrait être le fils qu’elle n’a pas eu. Elle pourrait être la mère qu’il ne voit jamais. Les barrières vont tomber jusqu’à une relation plus passionnelle, un « fruit défendu ».  

Yann Yann Yeo et Christopher Ming-Shun Lee dans « Wet Season » (EPICENTRE FILMS)

Dans Mourir d’aimer (1971), André Cayatte abordait déjà ce sujet de la relation interdite entre la professeure et l’élève, en s’inspirant de l’affaire Gabrielle Russier, condamnée pour détournement de mineur, qui s’était suicidée en 1969. Chez le réalisateur singapourien, moins de vagues, peu de mots pour verbaliser les situations. L’adultère du mari de Ling n’est qu’effleuré. Sa relation avec son élève relève presque du déni. Mais rien n’arrête le tremblement de terre qui va faire bifurquer leurs existences.

Anthony Chen observe avec une grande pudeur la dérive des sentiments de ses deux personnages. Nulle démonstration spectaculaire, seul un enchaînement de tranches de vies éloquentes qui annonce l’irréversible dérèglement de vies sans histoires.

Yann Yann Yeo dans « Wet Season » (EPICENTRE FILMS)

La fiche

Genre : Drame
Réalisateur : Anthony Chen
Acteurs : Yann Yann Yeo, Christopher Ming-Shun Lee et Koh Jia Ler
Pays : Singapour
Durée : 1h43
Sortie : 19 février 2020
Distributeur : Epicentre Films

Synopsis : Des trombes d’eau s’abattent sur Singapour. Les nuages s’amoncellent aussi dans le cœur de Ling, professeur de chinois dans un lycée de garçons. Sa vie professionnelle est peu épanouissante et son mari, avec qui elle tente depuis plusieurs années d’avoir un enfant, de plus en plus fuyant. Une amitié inattendue avec l’un de ses élèves va briser sa solitude et l’aider à prendre sa vie en main.

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