Le philosophe a repris le chemin de ces pays en guerre qui n’ont pas souvent l’honneur de nos journaux télévisés…
Pourquoi avoir choisi de profiter du confinement pour rendre compte de la misère « aux portes de chez nous » ?
Bernard-Henri Lévy : Avec Marc Roussel, mon coréalisateur, nous avons commencé à travailler sur ce film quelques jours avant le début de la pandémie, et nous avons décidé de continuer malgré tout. Parce qu’un intellectuel n’est jamais plus dans son rôle que lorsqu’il parle de ce dont les autres ne parlent pas. Le confinement des corps, d’accord, mais le confinement des regards et des esprits, non !
Ici, il est question de devoir de mémoire, mais aussi, et surtout, d’urgence du présent ?
Exactement. Le devoir de mémoire n’a de sens que lorsqu’il débouche sur une possibilité d’engagement. À quoi bon la mémoire si elle n’éclaire pas le présent, si elle ne permet pas de tirer des leçons du passé ?
Dans ce film, il y a des moments particulièrement émouvants, comme celui où vous rendez visite à des enfants de soldats de Daech. Y avez-vous trouvé un peu d’espoir ?
Ces enfants sont considérés par la communauté internationale comme des damnés. Ils sont la figure même du désespoir. On ne peut pas les assimiler, sans autre forme de procès, aux fautes de leurs pères.
Vidéo: « Je suis toujours surpris de la sauvagerie possible des hommes », confie Bernard Henri-Lévy, dans #HDP1 (Dailymotion)
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Vous montrez aussi une forme de féminisme, différente de ce que l’on connaît en France…
C’est l’un des moments les plus bouleversants pour moi : les jours passés avec ces jeunes filles kurdes syriennes, qui, telles des amazones modernes, veillent sur leurs morts, défendent leur patrie, les armes à la main. Une grande leçon de modestie et de courage.
Comment ces visions d’horreur vous sont-elles encore supportables ?
Cela s’appelle un cauchemar récurrent. Je le vis depuis cinquante ans. L’une des choses que j’aimerais avoir réussie avec ce film, c’est de communiquer un peu de cet éternel retour du pire. Sans donner de leçon, sans culpabiliser.
Une autre idée du monde : mardi 22 juin à 21h10 sur Canal+
Interview Amandine Scherer
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