Parler gode ceinture et cancer du sein dans un même épisode ? C’est possible pour Carrie Bradshaw et ses copines. Retour sur une série qui a fait de son public des fans libérés.
« J‘enquête sur les femmes qui pratiquent le sexe comme les hommes : elles couchent et ne ressentent rien ensuite !” C’était il y a vingt-cinq ans. Le 6 juin 1998, sur la chaîne du câble HBO, le premier épisode de Sex and the City donnait le ton. “Est-ce que les New-Yorkaises ont renoncé à l’amour et se shootent au pouvoir ?” se demandait l’héroïne Carrie Bradshaw. Chroniqueuse spécialisée dans la sexualité, voilà l’une des questions existentielles qui ponctueraient ses chroniques… C’est aussi ce sur quoi s’est longtemps interrogée Candace Bushnell. Dans ses articles pour le New York Observer, cette journaliste américaine a exploré la libido. La sienne, sous le nom de Carrie Bradshaw dont elle partage les initiales, et celle de ses amies. Darren Star, producteur notamment de Beverly Hills, sent le jackpot ! Candace, elle, ne le touchera pas vraiment puisque les droits de son œuvre ne lui sont rachetés que 55 000 euros. Dommage pour elle, mais ne reste désormais qu’à peaufiner l’intrigue et trouver les parfaites interprètes pour les quatre copines trentenaires que le show va mettre en scène. Pour Carrie, l’écrivaine fun et sexy, on pense d’abord à Kristin Davis. Sauf que la brune prend peur en lisant la description du personnage, censé allier “ le corps de Heather Locklear et l’esprit de la poétesse Dorothy Parker”. Elle préfère largement jouer la prude et romantique galeriste Charlotte York, initialement prévue comme un rôle secondaire. Carrie sera de son côté incarnée par Sarah Jessica Parker, qui n’avait pourtant aucune envie d’intégrer une série, de peur de ruiner sa carrière au cinéma, florissante. Pour l’avocate cynique et ambitieuse Miranda Hobbes, c’est Cynthia Nixon qui est l’heureuse élue : l’actrice a bien failli rater son casting à cause de ses cheveux blonds, alors que son personnage est roux, mais elle accepte illico de se teindre la crinière.
Un casting compliqué
Enfin, c’est l’attachée de presse nymphomane Samantha Jones qui doit trouver preneuse… Kim Cattrall est convoitée par la prod, mais elle refuse à deux reprises, se jugeant trop vieille, avec ses huit ans de plus que les autres girls. Elle accepte pourtant, excitée de travailler avec Sarah Jessica Parker, avec qui elle s’écharpera publiquement deux décennies plus tard ! En 1998, les actrices sont en tout cas grandes copines et leur complicité transparaît à l’écran. L’Amérique puritaine adore et adhère, bizarrement ravie d’entendre parler aussi crûment de sexe, pour la première fois à la télé. De l’art de la fellation à l’épineux dossier de l’anulingus, des plans à trois aux sextoys, en passant par les prouts lâchés au lit : les scénaristes ne s’interdisent rien, puisant souvent dans leur propre vie pour nourrir les intrigues.
Quand Carrie se fait larguer en trois mots sur un Post-it, c’est que cela vient d’arriver à une jeune femme de l’équipe ! “L’écriture des épisodes ressemblait à une thérapie de groupe”, explique Jennifer Keishin Armstrong, auteure d’un livre sur le sujet. “Chaque rencard pourri pouvait devenir une bonne histoire. Les scénaristes n’étaient plus tristes de leurs romances foirées : elles attendaient juste de venir au boulot pour tout raconter !” Alors certes, quelques voix vont bientôt critiquer un casting 100 % blanc, loin de la réalité de New York. “C’était irresponsable”, dénoncera Cynthia Nixon elle-même, assurant avoir souvent milité pour plus de diversité dans le show. Cela n’empêche toutefois pas les audiences de grimper, et les récompenses de pleuvoir. Première pépite du câble à recevoir un Emmy Award, elle permettra aussi à ses stars (à l’exception de Kristin Davis) de recouvrir leurs cheminées de trophées individuels. Elles n’ont pourtant pas besoin de bibelots gratos : elles peuvent s’acheter ce qu’elles veulent avec leur énorme salaire, qui se double dans le cas de Sarah Jessica Parker du rôle de productrice qu’elle a âprement négocié. Résultat ? 2,8 millions d’euros par épisode, selon la rumeur. La blonde considère peut-être suffisamment donner de sa personne, elle qui doit parfois porter des talons hauts pendant dix heures de suite pour le tournage ! Mais elle le sait bien : la mode est l’un des éléments phares du programme. Le dressing de Carrie en atteste, avec ses montagnes de paires de Louboutin et Manolo Blahnik. Sarah Jessica Parker, ultra fashionista, a d’ailleurs rapporté beaucoup de fringues chez elle.
2,8 millions d’euros par épisode
Dans la série, aucun vêtement n’est porté deux fois, à l’exception d’un manteau de fourrure que l’héroïne arbore dans les premiers épisodes, puis dans le final de la saison 6, tourné à Paris, en 2004. Eh oui, le show s’arrête en effet, mais pas la SATC-mania. Les ventes du sextoy en forme de lapin popularisé par un épisode ? Elles continuent d’exploser. Idem pour l’épilation brésilienne ou certaines marques vantées par les personnages. Quant aux tours en bus, qui emmènent les fans sur une quarantaine de lieux marquants à New York ? Ils se poursuivent de plus belle. Le public retrouvera en bonus les BFF en 2008 et 2010, pour deux films. Puis, en 2021, dans une nouvelle version de la série, And Just Like That… Grosse différence, quand même : Kim Cattrall, en guerre ouverte avec SJP depuis des années, n’a pas rempilé. L sexagénaire fait toutefois un apparition dans la nouvelle saison, dont la diffusion vient de débuter aux États-Unis… Mais avec une grosse condition : ne pas voir ses ex-costars. Ambiance. Autre malaise de ce reboot ? Les accusations d’agressions sexuelles qui ont visé Chris Noth, aka Mister Big, en 2021. Le comédien a beau nier, le reste du cast prend publiquement ses distances… Ex and the city ! Ici, les hommes ne sont de toute façon pas les personnages principaux. Il n’est donc pas question qu’ils bradent le show de Bradshaw…
Maëlle Brun
Le vrai Mr. Big
Non, Mr. Big n’est pas une invention : le grand amour de Carrie est calqué sur l’éditeur de presse Ron Galotti, avec qui Candace Bushnell est sortie un an. “C’est l’un de ces New-Yorkais avec une grosse personnalité. On le remarque dès qu’il entre quelque part.” Dans la série, le rôle était prévu pour Alec Baldwin, mais devant son refus, Chris Noth en a hérité. Des accusations d’agressions sexuelles plus tard, il est persona non grata. De Mr. Big à Mr. Bide…
Une clause au poil
Si l’héroïne de la série s’envoie en l’air dans chaque épisode, ou presque, elle n’apparaît jamais nue, gardant son soutien-gorge au lit. Il faut dire que l’interprète de notre Carrie-couche-toi-là, Sarah Jessica Parker, avait négocié une clause de non-nudité dans son contrat. “Je suis timide, mais je n’ai aucun jugement envers les acteurs qui se déshabillent”, lançait-t-elle il y a quelques jours. Ses trois partenaires se sont d’ailleurs désapées, elles à qui une telle disposition n’avait pas été accordée. À quel sein se vouer ?
En avant les tendances !
SATC ne s’est pas contentée de populariser des marques de fringues. Après un épisode où l’on voit Carrie et Miranda manger des cupcakes de Magnolia Bakery, la pâtisserie a dû engager un videur tant les clients ont afflué. “Mais le phénomène cupcake est allé au-delà, devenant mondial”, affirme l’experte de la série Jennifer Keishin Armstrong. Pareil pour le cosmopolitan, boisson préférée des copines. Sauf que sur le plateau, il ne s’agissait que de jus de cranberry… Un peu saoulant, paradoxalement !
Comment va tutu ?
L’image a marqué le générique de SATC. Vêtue d’un tutu blanc, Carrie se regarde placardée sur le côté d’un bus, qui l’arrose en roulant dans une flaque. Un look devenu iconique qui n’a pas coûté cher à la prod. Achetée pour 5 euros, la jupe en tulle vient d’un magasin discount. Le producteur déteste, mais pas l’actrice principale. “Quand je l’ai montrée à Sarah Jessica, elle a adoré”, se souvient la styliste Patricia Field. Un vêtement qui a depuis été vendu aux enchères, pour un prix resté secret…
Des guest-stars très stars…
En six saisons, Sex and the City a vu défiler du beau monde. Des acteurs connus, comme Vince Vaughn, Sarah Michelle Gellar, Carole Bouquet ou Matthew McConaughey, dont le rôle a d’abord été proposé à Alec Baldwin, George Clooney et Warren Beatty. Mais des stars plus étonnantes sont venues se montrer, de Jon Bon Jovi à Alanis Morissette, en passant par Heidi Klum, le danseur Mikhaïl Baryshnikov, monsieur Playboy, Hugh Hefner, et Mikhaïl Donald Trump !
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