- « Seules les bêtes » glace le sang en centrant son intrigue sur la disparition mystérieuse d’une femme.
- Dominik Moll retrouve la mécanique diabolique du livre de Colin Niel qu’il adapte en entremêlant le destin de ses personnages de la Causse à l’Afrique.
Seules les bêtes de
Dominik Moll prouve qu’en France aussi, on peut réaliser d’excellents polars. La disparition mystérieuse d’une femme est au centre de l’action dans cette adaptation d’un roman de
Colin Niel , édité chez Actes Sud en 2017 et
couvert de prix .
Plusieurs personnes en France et en Afrique vont voir leurs vies voler en éclats à la suite de ce qui semblait être un fait divers banal. « C’est la construction du livre qui m’a fasciné, explique Dominik Moll à 20 Minutes. Sa mécanique m’a envoûté au point de me donner envie de la reproduire à l’écran. » Le réalisateur, connu, entre autres pour les séries Tunnel et Eden, a gagné son pari. On est scotché.
La solitude au cœur du récit
« Le point commun de tous les personnages est de se sentir profondément seuls même s’ils semblent très entourés », déclare Denis Ménochet, touchant en fermier marié qui croit redécouvrir l’amour sur un site de rencontres. Dans les paysages glacés de la Causse, sa détresse sonne juste tandis qu’il s’enferme dans son bureau pour pianoter sur son ordinateur. « On n’a pas besoin d’aller en Scandinavie pour trouver ce type de héros pathétique, commente l’acteur. La France aussi recèle de lourds secrets. » On découvre ceux des héros et leurs conséquences au fil d’une intrigue réfrigérante.
Les femmes aussi
L’épouse du fermier joué par la brillante Laure Calamy (vue en assistante groupie dans la série
Dix pour cent) tente de fuir son désamour en vivant une liaison sordide avec un voisin campé par
Damien Bonnard. « Cette vie très dure a eu raison de son couple, insiste la comédienne. Elle espère renouer avec sa féminité et ne fait que s’enfoncer davantage dans la dépression. » Les autres héroïnes du film, jouées par
Valeria Bruni Tesdechi et la découverte au visage d’ange
Nadia Tereszkiewicz, sont aussi perdues qu’elle.
Un engrenage universel
« L’engrenage dans lequel sont emportés les spectateurs est universel parce que les personnages sont mus par des pulsions profondément humaines », précise Dominik Moll. Il plonge dans les tréfonds des âmes d’êtres dépassés par les événements qu’ils ont provoqués. Seules les bêtes a tous les atouts pour sortir de nos frontières et démontrer les qualités des polars français dans le monde entier. On sort le souffle court d’une projection où le réalisateur nous a menés par le bout du nez.
Source: Lire L’Article Complet