- La Big Bertha a été éliminée à l’issue du sixième épisode de Drag Race France.
- Son lipsync face à Lolita Banana sur la chanson Corps de Yseult a laissé de nombreux fans en larmes.
- Pour 20 Minutes, cette reine amatrice de bonne chère revient sur ce fameux lipsync, son Snatch Game décevant et ses projets.
C’est ce qui s’appelle partir avec panache. La Big Bertha a quitté Drag Race France avec l’un des lipsyncs les plus bouleversants de toute l’histoire de l’émission. Il faut remonter au premier All Stars américain et au lipsync qui opposait Raven et Jujubee pour retrouver une telle émotion. Elle aura aussi marqué l’émission par son franc-parler et son combat pour l’acceptation de tous les corps.
Avant d’évoquer votre parcours dans la compétition, parlons de ce lipsync sur la chanson « Corps », qui pour le coup est en train de vraiment devenir « légendaire ». Comment l’abordiez-vous ?
Cela faisait partie des chansons qui pour moi était l’une des plus importantes en lipsync. Yseult est une de mes artistes préférées. Les paroles de sa chanson Corps, c’est tout mon combat, c’est tout le personnage de Bertha. D’une certaine manière, j’étais content de lipsyncer sur cette chanson-là, devant Yseult en plus. Cela a rajouté beaucoup d’émotion. Et c’était dur, bien entendu. J’étais très très fier de faire ça avec Lolita et de terminer ce lipsync – qui est censé être un exercice solo – en duo avec elle. Ce n’était pas du tout prévu. Cela montre bien qui est Bertha. Bertha cabaret, c’est Bertha troupe, ce n’est pas du tout la Bertha qui se met en avant pour écraser les autres. Quand tu as une copine en détresse, tu y vas. Quand j’ai vu Lolita se débattre avec son laçage et son corset, il était impossible pour moi de ne pas aller la voir, de ne pas me jeter sur elle pour l’aider et de la prendre dans mes bras. Souvent, les gens de ma troupe m’appellent « Mama bear », la maman ourse. C’est plus fort que moi. Il faut que je protège mes sœurs.
C’est cette fameuse question de Nicky Doll (« Qui devrait partir ce soir de l’émission et pourquoi ? ») et surtout les réponses des autres reines qui semblent avoir blessé Lolita. Est-ce que vous comprenez sa réaction ?
Oui. Lolita est une performeuse fantastique, une artiste incroyable. C’est une machine de guerre ! Elle n’est jamais fatiguée. On a eu beaucoup de discussions, parce qu’elle ne montrait que ce côté-là. Elle était très compétition, trop. Et nous les autres filles, dans notre tête, on était plutôt dans un fonctionnement de troupe. C’est pour ça qu’il y a eu un petit décalage entre nous. Et on a parlé du côté humain parce que c’est une aventure humaine. Lolita était très concentrée sur la compétition. C’est un petit cœur en sucre, mais elle a une énorme carapace. Depuis la compétition, on bosse souvent ensemble et maintenant on arrive à voir la Lolita humaine, sans artifice. Je pense que le choix des noms s’est basé sur le côté humain.
C’est quelque chose qu’on se demande souvent en tant que spectateurs. Il y a certaines séquences que tout le monde sait incontournables, et pourtant quand les candidates y sont confrontées, certaines semblent prises par surprise. Comment l’expliquez-vous ?
Très honnêtement, on avait totalement zappé l’éventualité de cette question. Quand tu es dans Drag Race, c’est les Jeux olympiques du drag, c’est très peu de sommeil, beaucoup d’énergie créative. Tu es vraiment déconnecté en fait. Il y a des choses auxquelles tu ne penses pas. Quand Nicky a posé cette question, on s’est toutes regardées pour se dire « Pu***, on n’a vraiment pas envie de faire ça ». Mais c’est vrai qu’on est dans Drag Race, il y a toujours cette question-là, donc let’s go. Je savais très bien que Lolita et moi étions en bas du classement. Je ne voulais pas me nommer, ce n’était pas le but, donc forcément j’ai choisi Lolita.
A la conférence de presse de présentation de l’émission, Nicky Doll disait qu’à vivre, Drag Race, c’était Koh-Lanta. C’est comme ça que vous l’avez vécu ?
C’est Koh Lanta, c’est Pékin Express, c’est Fort Boyard, c’est Intervilles – sans les vachettes ! Nicky Doll dit souvent que c’est la compétition télévisuelle la plus dure. En y réfléchissant, c’est vrai. On doit savoir danser, chanter, être comédienne, faire rire, savoir coudre, etc.
Vous semblez être passée un peu à côté du Snatch Game, où vous incarniez Jean-Pierre Coffe. Avec le recul, qu’auriez-vous fait différemment ?
J’aurais pu faire un autre personnage. Mais j’aime bien écrire et je me suis dit que j’allais raconter une histoire avec ce personnage-là. J’avais toute une storyline de Jean-Pierre Coffe qui découvre l’univers des drags. Et ce n’est pas ce qu’il faut faire. Il faut juste avoir un personnage, des bullet points d’idées et se raccrocher à toutes les questions. Après, c’était compliqué pour moi parce que j’étais juste après Soa de Muse et La Grande Dame et chaque fois, je pleurais de rire à l’intérieur. Je me disais « Garde ton personnage ! Garde ton personnage ! », mais je pleurais littéralement de rire.
Vous n’avez pas gagné de maxi-défi, qu’est-ce qui vous a manqué, selon vous ?
Un challenge culinaire ! (Rires)
En revanche, vous avez gagné l’un des mini-défis les plus populaires, le reading challenge. Vous aviez préparé vos vannes longtemps à l’avance ?
Pas du tout. C’est juste quand on nous a dit « reading challenge », j’ai dit « ok d’accord ». Ça ne sert à rien de préparer des vannes avant l’émission parce que tu utilises beaucoup de choses qui se passent pendant le tournage. Et il faut découvrir les filles aussi pour faire des choses personnalisées. Moi ma maxime de vie, c’est « qui bene Amat, bene castigat », qui aime bien châtie bien. Comme je les aime d’amour, c’était facile pour moi de balancer des petites piques.
Dans le challenge Popstars, vous avez voulu parler de consentement. C’est du vécu ?
Totalement. Quand tu es en drag, tu es un personnage, un personnage qui provoque et attire les regards. Je travaille beaucoup dans le cabaret et le théâtre et je fais souvent le festival d’Avignon. C’est là que je me suis rendu en tractant dans les rues que j’étais un objet. Par exemple, ma poitrine. Combien de fois m’a-t-on touché la poitrine ? Très souvent des femmes, d’ailleurs. Au début, je répondais « non, ne me faites pas ça ». Maintenant, on me touche la poitrine, je touche la poitrine de la personne en face. Et là les personnes sont un peu choquées. Le consentement, ça passe par le respect. On n’est pas un objet, on n’est pas un produit en promotion en tête de gondole d’un supermarché.
Ressentez-vous déjà un effet « Drag Race » pour vos bookings, sur vos réseaux ?
Sur mes réseaux, bien entendu. Dans la rue aussi, c’est très marrant. Je suis venue à Bruxelles parce que je suis la marraine du Cabaret Mademoiselle qui se trouve ici. A la gare du Nord, je me fais arrêter tout le temps. On me dit « Excusez-moi, vous êtes La Big Bertha ? ». Non non, je suis La Grande Dame ! Mais c’est très bienveillant.
Niveau booking, je bossais déjà beaucoup avant. C’est mon métier depuis un moment déjà. Mais cela m’ouvre des portes. Par exemple, je pars à Montréal bientôt pour performer avec toutes les stars de Drag Race US. C’est génial. J’ai halluciné quand Rita Baga m’a appelée. Elle est venue me voir au Cabaret Mademoiselle. Déjà, elle m’a dit « je veux que tu viennes faire tes numéros chez moi ». Et ensuite elle m’a rappelé pour me dire d’annuler tous mes bookings du 3 au 7 août. Quand j’ai su ce que c’était, je lui ai dit « Ah. Vraiment ? Bon, ok. Let’s go ! »
Après Montréal, où pourra-t-on voir Bertha ?
A la tournée Drag Race France Live, qui commence début septembre. On fait toute la France, mais aussi Bruxelles au Cirque Royal le 13 septembre. On est en pleins préparatifs et ça s’annonce magique. Et surtout d’être toutes les dix, avec Nicky Doll. Cela va être tellement beau, hyper personnel, puisque chaque queen aura son numéro à elle.
Quelle a été votre relation avec Nicky Doll pendant l’émission ? Elle était en larmes de votre élimination…
Je pense que toutes les filles feront la même réponse. Drag Race France sans Nicky Doll n’aurait pas eu la même saveur. Nicky a été un soutien de malade. Parce qu’elle a vécu la version américaine. Elle a toujours eu un mot pour nous. Elle venait nous voir en loge tous les matins pour nous demander si ça allait, comment on se sentait. C’est elle qui disait à la prod « on fait une pause, amenez-leur de l’eau, des tabourets, etc. ». C’est pour ça qu’on l’appelle notre grande sœur. C’était hyper important de se sentir en famille pour ce tournage. Il y avait aussi toutes les équipes techniques, toutes les nounous, toute la team de la com. Il y avait un esprit de bienveillance, de famille. Rien que pour ça, j’ai bien envie de faire un barbecue avec toute la team cet été !
Vous n’en faites pas mystère, Soa de Muse est votre favorite pour la victoire. Pourquoi ferait-elle une bonne gagnante de « Drag Race France », selon vous ?
Soa, ça fait huit ans qu’on se connaît, qu’on a partagé des galères de malades. On a performé dans des cabarets, on était payées que dalle. C’est une performeuse hallucinante. Et comme je le dis dans l’émission, ce n’est pas il, ce n’est pas elle, c’est une muse, c’est une créature. C’est hyper important de montrer que l’univers du drag s’ouvre. On n’est plus dans les années où c’est un homme qui se déguise, entre guillemets, « en femme ». On a dépassé ça. L’univers drag est bien plus vaste à l’heure actuelle, avec des drag-queens, des drag-kings. C’est important que la franchise Drag Race France se démarque par rapport à ça. Soa apporte des valeurs de combattante, des valeurs de personne différente. Et c’est ma sœur, quoi ! J’ai envie de voir la couronne chez elle. Même si j’ai un amour inconditionnel pour Paloma et La Grande Dame, qui sont de vraies découvertes. Le choix est difficile parce qu’elles peuvent totalement gagner aussi. Mais c’est sûr que mon cœur parle et pour moi c’est ma petite Soa.
Autre chose à rajouter ?
J’ai faim ! (Rires)
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