Prodiges (France 2) Elizabeth Vidal : "La musique classique appartient à tout le monde"

La soprano Elizabeth Vidal ne ménage pas son temps et ses efforts pour aider les jeunes talents à éclore. Et le prouve encore une fois ce soir sur France 2.

Vous êtes de retour pour une sixième édition. Quelles sont les raisons qui motivent cette constance ?

Elizabeth Vidal : La transmission est quelque chose qui appartient à ma vie quotidienne. Très tôt, alors que je voyageais dans le monde entier, j’ai toujours voulu garder un peu de mon emploi du temps pour l’enseignement et le partage avec la nouvelle génération. Quand on m’a proposé ce projet, j’ai sauté sur cette occasion de faire comprendre que la musique classique appartient à tout le monde, toutes générations et classes sociales confondues. Il arrive que des femmes de condition modeste me reconnaissent et me remercient d’avoir suscité une vocation musicale chez leurs enfants.

Que pensez-vous de cette cuvée 2019 ?

J’ai été, une nouvelle fois, émerveillée. Il y avait beaucoup de perles rares, en particulier dans le chant. Même si cette catégorie est délicate, car on ne commence vraiment à travailler qu’à la maturité. Mais lorsque l’on tombe sur une candidate de 16 ans qui, sans avoir pris de cours, possède une voix énorme, une richesse de timbre extraordinaire, on croit au miracle du don. Bien sûr, il lui faudra travailler, mais c’est déjà un talent d’exception ! Elle s’inscrit dans la lignée de la regrettée Jessye Norman, disparue cet automne.

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Justement, pour les garçons, la voix mue à la puberté. Est-ce que l’épreuve n’est pas un peu faussée ?

Effectivement, quand on choisit une « voix blanche » ou d’ange, il se peut qu’un an après, elle change. Je reste toutefois en contact avec les candidats et j’organise des concerts, que j’appelle « Soirées prodigieuses ». J’y invite ces jeunes à se produire, comme cet été, à Carros (06), ou dans le cloître du monastère de Cimiez, dans le cadre du festival des Nuits musicales de l’Académie internationale d’été de Nice. J’ai eu le cas d’un petit garçon, Hakob, révélé lors de l’édition 2 de Prodiges, qui avait une « voix blanche » et qui, maintenant, devient baryton. Chez les filles, il y a eu Aviva, candidate lors de la première édition, avec laquelle je travaille à Nice et qui commence à signer ses premiers engagements. Elle se produit aussi avec les jeunes du Bolchoï. Pour moi, c’est une grande satisfaction.

En 2014, l’année du lancement de Prodiges, vous interprétiez, sur un album, de grands thèmes et des airs classiques remixés façon variétés. Pourquoi ?

Toujours dans le but de sortir l’art lyrique de son ghetto ! Vendu dans la section classique, mon album s’est quand même écoulé à 25000 exemplaires, malgré une promo modeste. Ce qui est une performance.

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Le dramaturge George Bernard Shaw disait : « Un opéra, c’est une histoire où un baryton fait tout pour empêcher un ténor de coucher avec une soprano. » Mythe ou réalité ?

Une réalité ! Je suis mariée à un baryton (André Cognet, ndlr). On a essayé de faire un duo d’amour ensemble. On a cherché dans la littérature musicale, impossible ! Le baryton était soit le père qui essaye d’empêcher sa fille d’épouser un ténor, soit le jaloux ou le méchant… (Rires) 

Prodiges, est à suivre jeudi 2 janvier à 21h05 sur France 2

Interview Hacène Chouchaoui

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