- À l’heure du prime time, France 2 diffuse ce samedi Le quiz des champions, une émission dans laquelle s’affrontent dix champions et championnes de jeux télé.
- Machines à audiences, personnages de télé et vrais compétiteurs, pourquoi ces candidats et candidates sont-ils de plus en plus nombreux à occuper le petit écran des mois durant ?
Ils appuient sur des buzzers, affrontent des challengers, répondent à des centaines de questions puis touchent le pactole. Eux, ce sont les champions et les championnes de jeux télévisés. Des 12 Coups de midi à Tout le monde veut prendre sa place en passant par Questions pour un champion et Slam, dix des visages les plus emblématiques de ces émissions s’affrontent ce samedi soir dans Le quiz des champions sur
France 2.
Cela fait désormais quinze ans qu’existent des programmes imaginés de façon à faire émerger des champions. En France, le premier du genre est lancé par Nagui. Le public retrouve, chaque midi, son protégé et s’attache à lui. « Au moment où Tout le monde veut prendre sa place est proposée à France Télé, il y a une révolution dans le storytelling, indique Fiona Bélier, directrice générale adjointe de La Fabrique des Formats, un organisme qui réalise notamment des veilles sur les tendances de programmes dans le monde. Toute la mécanique est construite pour faire rester le candidat le plus longtemps possible et, de ce fait, en faire un champion. »
Au fil du temps, d’autres émissions empruntent ces codes. De quoi créer une compétition entre les chaînes, d’attirer plus de public chaque jour et de créer des personnages médiatiques. De toute évidence, cela fonctionne.
Champions de jeux ou personnages de fiction ?
Lorsque l’on a un grand candidat sur son plateau, on le chouchoute, on le bichonne et, surtout, on apprend à le connaître. Dévoiler son histoire, c’est donner aux téléspectateurs et téléspectatrices la possibilité de s’y attacher. « On en fait une histoire beaucoup plus large qu’uniquement un champion dans un jeu. C’est clair qu’ils peuvent capitaliser sur cette aventure, la raconter, la mettre en scène et mettre en scène le candidat s’il est d’accord », énumère Fiona Bélier.
Cyril Féraud, animateur et coproducteur du Quiz des champions, se passionne pour le côté feuilletonnant des champions. « Quand on est téléspectateur de jeu, on aime aussi voir comment les candidats vont évoluer semaine après semaine, est-ce qu’ils vont supporter la pression ? Est-ce qu’ils vont fatiguer ? On connaît après leurs points forts, leurs points faibles donc on tremble un peu pour eux », explique-t-il.
Jour après jour, émission après émission et victoire après victoire, les émissions racontent l’histoire d’un champion qu’il faut battre. De quoi retrouver des logiques de narration que l’on connaît surtout en fiction. « On est très proches de l’univers de la fiction et de la dramaturgie qui peut être mise en place », argumente la directrice générale adjointe de La Fabrique des Formats. De là à comparer Bruno des 12 coups de midi à Roland Marci de Plus belle la vie, il n’y a qu’un pas.
Faire grimper la cagnotte et les chiffres d’audience
Même si cela ne participe pas au côté tendre et innocent de la jolie histoire, il faut bien avouer qu’avoir un champion dans ses rangs est tout bénef pour la chaîne qui diffuse le programme. « Au niveau des audiences, ça se ressent : quand un champion dure longtemps, les téléspectateurs l’accompagnent », résume Cyril Féraud. Là encore, grâce au caractère feuilletonnant de la mécanique, les audiences augmentent automatiquement.
« Ce qui est formidable avec les champions, c’est qu’ils ne laissent jamais personne indifférent. Soit on s’identifie à eux et on est fan d’eux, soit on a du mal avec eux mais on regarde quand même pour voir quand est-ce qu’ils vont chuter », résume l’animateur.
Capitaliser sur les champions donne aussi l’occasion aux chaînes de surfer sur l’image qu’ils renvoient. Par exemple, il n’est pas rare de voir Les 12 coups de midi déclinée en émission spéciale pour la rentrée des classes ou les fêtes de fin d’année. Sur le service public, en juin dernier, Nagui proposait déjà Le Club des invincibles, une émission dans laquelle quatre champions et championnes (parmi lesquels Marie-Christine, Paul et Sandrine que l’on verra samedi soir) affrontaient des célébrités. En quelques semaines, ces candidats extraordinaires s’invitent dans le quotidien du public et obtiennent eux aussi le statut de star du petit écran.
Derrière le champion, une âme de sportif
Si l’on voit de plus en plus de champions et de championnes à la télévision, ce n’est pas uniquement parce que les chaînes et le public s’y retrouvent. Les acteurs principaux, eux aussi, prennent les choses en main afin d’inscrire leur nom dans l’histoire. « Les champions ont quasiment un entraînement de sportifs de haut niveau, s’étonne Cyril Féraud. Ces gens-là révisent des domaines sur lesquels ils ne sont pas forts parce qu’ils savent qu’ils vont participer à des jeux où on peut les interroger sur plein de choses. » Christophe, l’un des participants emblématiques à Questions pour un champion, a notamment entrepris l’écriture de cahiers de révisions afin d’étoffer ses connaissances en cinéma des années 2000 ou en musiques récentes.
« Les candidats sont tendanciellement plus à l’aise avec le dispositif télévisuel, ils sont mieux préparés donc ils se professionnalisent eux aussi, enchérit Fiona Bélier. Ce sont des choses que l’on a vues dans la téléréalité, où l’on arrivait non plus à des candidats mais à des professionnels qui deviennent d’ailleurs tous influenceurs. Sur le jeu, c’est pareil. » Entraînés pour participer, les candidats sont donc de plus en plus nombreux à venir avec un objectif en tête : gagner et rester le plus longtemps possible à l’antenne.
« Ce ne sont pas des candidats lambda, ils ont mérité leur place de champions et ils sont bluffants », conclut Cyril Féraud qui souligne la préparation aussi mentale que physique de ces personnalités qui enchaînent parfois l’enregistrement de sept émissions par jour. Un vrai rythme de champion.
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