- Une institutrice et son jeune fils vivent un cauchemar dans un village reculé du Morvan.
- Dans « Ogre », Arnaud Malherbe joue sur la terreur des contes enfantins.
- Ce film d’atmosphère en appelle tout autant aux yeux qu’aux oreilles du spectateur.
Les peurs enfantines prennent corps dans Ogre d’Arnaud Malherbe, découvert au Festival de Deauville puis à celui de Gérardmer. Une jeune institutrice jouée par la vibrante Ana Girardo découvre que la vie calme qu’elle espérait dans un petit village du Morvan, lui réserve de très mauvaises surprises. Une créature rôde dans la forêt et elle a un appétit particulier pour les petits enfants, comme le fils de l’héroïne, âgé de 8 ans.
« Je me suis inspiré de mes propres peurs d’enfants dans la campagne où j’ai grandi, confie le réalisateur à 20 Minutes. Je crois que ce type d’angoisse, basée sur l’imagination, est commune aux gamins. Je trouvais donc intéressant de les transposer dans le monde des adultes en partant du principe que les légendes partent d’une réalité. » La forêt et ses mystères sont un terreau fertile pour bâtir un suspense horrifique. Le cinéaste, à qui on doit les séries Chefs et Moloch, a sans doute pensé à des films comme The Wicker Man de Robin Hardy pour bâtir un suspense rural très prenant.
La peur dans les yeux et les oreilles
Si on voit peu la créature, incarnée par Fabien Houssaye, celle-ci hante durablement les cauchemars du spectateur. Famélique et rageuse, elle renoue avec les mauvais rêves de « grand méchant loup » des tout-petits. « C’est pour cela que je ne voulais pas trop la montrer, insiste Arnaud Malherbe. Elle devait être suffisamment effrayante pour marquer le public et pas assez présente pour qu’il s’habitue à elle ». On n’a pas envie de tomber sous les dents de la bestiole et on comprend que les villageois la respectent au point de se résoudre à des choix inacceptables.
La surdité du jeune héros est aussi une bonne façon de renforcer la peur. Arnaud Malherbe a travaillé sa bande-son avec un soin tout particulier pour faire partager le ressenti du bambin. « L’univers sonore est aussi important que ce que l’on voit, précise-t-il. Souvent, dans la vie, on se fait peur avec ce que l’on entend, parce qu’on se crée des films dans sa tête. » La menace de plus en plus lourde entourant une héroïne au passé chargé constitue un atout majeur pour un conte qui délaisse le gore au profit d’une atmosphère oppressante. Même le soutien d’un médecin compréhensif joué par Samuel Jouy renforce son isolement et celui d’un public s’identifiant à elle. Ogre confirme que le cinéma de genre français se porte bien.
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