Mes jours de gloire : notre quiz avec Vincent Lacoste et Noée Abita

Dans Mes jours de gloire, Vincent Lacoste campe un comédien loser tentant de relancer sa carrière. À l’occasion de la sortie du film, nous l’avons rencontré en compagnie de Noée Abita et du réalisateur Antoine de Bary.

Après Chambre 212 de Christophe Honoré, sorti en octobre dernier, Vincent Lacoste est déjà de retour sur grand écran avec Mes jours de gloire, premier long-métrage d’Antoine de Bary. L’acteur interprète Adrien, un Peter Pan des temps modernes. Il a beau approcher la trentaine, il vit encore comme un enfant. Petit, il a connu le succès en tant qu’acteur mais c’était il y a plus de dix ans et aujourd’hui Adrien n’a plus un sou.

Il retourne ainsi vivre chez ses parents et tente de redonner un coup de fouet à sa vie. Entre la possibilité d’une histoire d’amour et celle d’un retour qu’il s’imagine triomphant en tant qu’acteur, le chemin d’Adrien sera semé d’embûches. Vincent Lacoste partage l’affiche avec Emmanuelle Devos et Christophe Lambert, qui campent ses parents. Il donne aussi la réplique à la révélation Noée Abita, 20 ans, vue dans Ava et Le Grand Bain. Nous avons pu soumettre le duo à notre questionnaire « acteurs qui jouent des acteurs » (vidéo ci-dessus) et poser quelques questions au cinéaste Antoine de Bary.

AlloCiné : Pouvez-vous nous raconter votre parcours avant la mise en scène de votre premier film, Mes jours de gloire ?

Antoine de Bary : J’ai toujours voulu faire du cinéma ; quand j’ai eu 13,14 ans, j’ai eu la chance de pouvoir commencer à faire des stages sur des tournages, notamment avec un producteur de clips, Mourad Belkeddar. J’ai commencé à 14 ans en étant son stagiaire, je faisais ça l’été pour me payer des vacances.

À la sortie du BAC, j’ai fait 2 mois de FAC, j’ai arrêté très très vite et j’ai rappelé le Mourad Belkeddar pour travailler avec lui. Ensuite j’ai rencontré son frère, Elias, qui a co-écrit Mes jours de gloire et qui est aussi producteur. J’ai pu développer d’abord un court-métrage il y a 5 ans, L’Enfance d’un chef, avec déjà Vincent Lacoste. Et puis la suite c’est Mes jours de gloire.

Comment avez-vous rencontré Vincent Lacoste, qui est devenu un de vos amis proches ?

Je l’ai rencontré en accompagnant un copain, Félix Moati, au Grand Journal de Canal+. C’était au moment de la sortie des Beaux gosses. Il y avait donc Vincent Lacoste, Riad Sattouf et Anthony Sonigo. On s’est retrouvés dans les loges, face à face. Ils se sont recroisés avec Félix et petit à petit on s’est revus et on est devenus amis.

Le début du film et la scène des pompiers nous plonge directement dans la façon de voir le monde du personnage principal joué par Vincent Lacoste. Vous avez toujours voulu débuter par cette séquence ?

À la base, je dois le reconnaître, c’est un pote à moi qui a fait ça ; il a appelé les pompiers car il avait perdu ses clés. Il a fait croire qu’il y avait une fuite de gaz pour qu’ils sortent la grande échelle. J’ai trouvé cette anecdote extrêmement drôle. C’était pour moi la meilleure description de ce personnage inconséquent, plein de nonchalance, qui se permet par flemme mais aussi avec audace, de faire ça. Effectivement, dès la première scène, on montre ce qui décrit le mieux le personnage et dans ma tête, ça a toujours été la scène d’ouverture.

On s’amusait avec plein d’impros, on essayait à chaque fois de fluidifier les échanges pour les rendre les plus spontanés et naturels possibles.

C’est votre premier long-métrage et vous dirigez tout de même des acteurs expérimentés comme Emmanuelle Devos et Christophe Lambert, quelle est votre méthode sur plateau ?

J’ai de la chance, j’ai été gâté, car j’avais des bons comédiens avec moi. Ça fait une grosse partie du travail de direction d’acteurs d’avoir des comédiens qui ont compris le scénario, avec qui on a parlé de l’histoire, des personnages… Je ne sais pas s’il y a une méthode de direction d’acteurs mais ce que j’aimais bien, c’est qu’on a jamais tourné une scène telle qu’elle était exactement écrite. Du coup, tous les comédiens étaient extrêmement impliqués dans la fabrication.

On s’amusait avec plein d’impros, on rajoutait des bouts de phrases, on essayait à chaque fois de fluidifier les échanges pour les rendre les plus spontanés et naturels possibles. On tournait assez rapidement, caméra à l’épaule, on enchaînait, il n’y avait pas de loges, tout le monde était sur le plateau, prêts à tourner ; cela génère plus d’investissement de la part des acteurs. La direction d’acteurs, pour moi, c’est aussi les décors que tu vas choisir, l’axe de caméra et la manière dont tu vas leur demander de se déplacer par rapport à la scène.

Christophe Lambert est-il un acteur qui a bercé votre enfance avec Highlander ou Greystoke ?

J’avais un petit côté fan en effet, mais comme avec tous les comédiens quand on est réalisateur je pense. Quand tu écris un scénario et qu’il y a des rôles de parents, et que tu te dis, « tiens, un père, une mère… à qui est-ce qu’on pourrait proposer ? » Christophe avait quelque chose de formidable, je l’ai découvert dans Greystoke, dans Highlander, ça a baigné mon enfance. Tout d’un coup, je l’ai vu, à la fin de l’écriture du film, avec Elias, le co-scénariste, dans une émission télé.

Christophe Lambert avait quelque chose de formidable, je l’ai découvert dans Greystoke, dans Highlander, ça a baigné mon enfance.

Je le revoyais soudainement 20 ou 30 ans plus tard, avec quelque chose de beaucoup plus sensible, de beaucoup plus fragile. Je trouvais ça extrêmement beau. Il n’avait jamais tourné avec Emmanuelle Devos ; c’était formidable d’avoir ce couple de cinéma, ces deux figures tutélaires, ces acteurs qui ont participé à ma culture de cinéma. De les assembler pour qu’ils aient en enfant Vincent Lacoste, c’était le meilleur mix à mex yeux.

Dans le film, Adrien (Vincent Lacoste) passe le casting pour le rôle de Charles De Gaulle jeune, pourquoi avoir choisi d’en faire le fil rouge de l’histoire ?

Cétait déjà à la base du court métrage ; je cherchais un rôle qu’il pouvait incarner pour montrer la vie du comédien. Tu peux avoir la grippe le matin et l’après-midi te retrouver avec un fusil à courir dans une tranchée. Ce décalage me fait beaucoup rire dans la vie des acteurs. Un jour je suis tombé sur une photo du Général De Gaulle jeune et on n’est pas habitués à le voir jeune. En regardant cette photo, j’ai vu une ressemblance considérable entre lui et Vincent Lacoste. Je trouvais ça génial parce que tout d’un coup, tout prend sens avec De Gaulle. C’est le héros français, c’est le costume qui est trop grand, c’est l’histoire de quelqu’un qui cherche sa place.

Au fond, on peut trouver plein de parallèles quand on commence à fouiller ; De Gaulle, c’est quelqu’un qui se retrouve avec de grandes ambitions mais en réalité, pendant la Première Guerre mondiale il est enfermé, il est en prison, son maître à penser c’est Pétain qui se retrouve à participer à la collaboration. C’est quelqu’un qui, à 50 ans, donc assez tard, se retrouve avec un conflit mondial qui lui donne enfin sa place sur l’échiquier et lui permet d’assouvir toutes ses ambitions et tous ses rêves. Il y a un parallèle assez drôle avec le personnage d’Adrien, il a autant de mal à incarner De Gaulle qu’il a de mal à être adulte. Et puis De Gaulle, quel personnage ! C’est drôle à utiliser dans la fiction car c’est un sens de la punchline considérable. C’est un personnage historique qui représente tellement pour tout le monde en France qu’avoir la jeunesse de De Gaulle par Vincent Lacoste, ça me faisait rire.

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    On le suit, c’est son point de vue et il y a un côté 50 nuances de Lacoste. Ça m’amusait, plutôt que d’avoir une photo simple, c’est d’avoir une espèce de décalage entre le titre et le personnage. Ça racontait quelque chose du film en fait, on va suivre la vie et les états d’âme de ce personnage. Et c’est vrai que l’affiche de Dans la peau de John Malkovich est démente mais les personnages ont un masque avec la même expression du visage, contrairement à Mes jours de gloire.

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