Liban : sept films à voir ou revoir pour mieux comprendre la crise que traverse le pays

Depuis quelques jours, des milliers de Libanais crient leurs colère dans les rues de Beyrouth à la suite des explosions dans le port de la capitale. Déjà confronté à une crise économique et humanitaire sans précédent, le pays doit faire face à ce nouveau drame. Pour beaucoup d’habitants, la négligence de la classe politique, rongée par la corruption et le clientélisme, en est en grande partie responsable. Les explosions ont fait renaître un important mouvement de contestation qui avait déjà pris racine en 2019.

Franceinfo vous propose une liste (non-exhaustive) de sept films pour tenter de mieux comprendre cette crise. Ils évoquent dans leurs choix artistiques forts certaines problématiques profondes du pays du Cèdre, qu’elles soient confessionnelles, économiques et sociales (avec toutes les formes d’inégalités), identitaires ou mémorielles, conduisant à une impasse politique. 

« Capharnaüm », Nadine Labaki, 2018

Dans CapharnaümZain, un garçon de douze ans, veut attaquer ses parents en justice. Pourquoi ? « Pour m’avoir mis au monde », déclare-t-il devant le tribunal. Sa famille survit dans un quartier pauvre de Beyrouth. Elle décide de marier la soeur de Zain à un adulte du quartier. Le garçon s’enfuit. Il rencontre une immigrée éthiopienne sans papiers et son bébé avec qui il va lier une relation fraternelle. Ce film jette une lumière crue sur l’exclusion et la misère de certaines catégories de la population, notamment les travailleurs étrangers, et rencontre un franc succès au Liban. Il reçoit le prix du Jury à Cannes en 2018. 

« L’insulte », Ziad Doueiri, 2017

L’insulte raconte l’histoire d’un effet papillon : une insulte se transforme en affrontement entre Toni, un chrétien libanais, et Yasser, un réfugié palestinien. Les deux hommes se retrouvent face à face devant un tribunal. Au fil des révélations d’un procès qui finit par enflammer tout le pays, les personnages deviennent des métaphores de deux camps de la guerre civile libanaise (1975-1990) et de ses massacres. Le film est nommé en 2018 à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. 

« Le goût du ciment », Ziad Kalthoum, 2017

Construire la maison d’un autre alors que la sienne est en train d’être bombardée : le paradoxe dont se saisit Ziad Kalthoum, cinéaste orignaire de Syrie, donne naissance au Goût du ciment. C’est un documentaire sur des travailleurs syriens du bâtiment exilés au Liban, l’un des pays du monde qui accueille le plus de réfugiés. A Beyrouth, ils oeuvrent sur le chantier d’une grande tour. Ils ont quitté la Syrie, détruite par une guerre toujours en cours, et participent à présent à la construction du Liban voisin, lui-même ravagé par un conflit armé plusieurs années avant la Syrie. 

« Tombé du ciel », Wissam Charaf, 2016

Omar, videur dans une boîte de nuit de Beyrouth, rêve de devenir garde du corps. Mais ses plans, et sa vie, sont chamboulés par le retour soudain de son grand frère Samir, un ancien militaire disparu vingt ans auparavant et que tout le monde croyait mort. Avec humour, et une bonne dose d’absurde, Wissam Charaf met en scène ces retrouvailles et, avec elles, une société libanaise encore malade de ses blessures passées. 

« La vallée », Ghassan Salhab, 2014

Dans la vallée de la Bekaa, un homme a perdu la mémoire. Après un accident de voiture, il erre perdu et en sang jusqu’à rencontrer un groupe de deux hommes et deux femmes. Leur véhicule est en panne. Il les aidera à le réparer, ils l’emmeneront avec eux jusqu’à la ferme où ils vivent pour tenter de lui faire retrouver ses souvenirs, pas toujours de manière très douce… La quête d’identité, la guerre et le rapport à un pays qu’on ne reconnait plus font partie des thématiques qui infusent dans le film sans être pour autant clairement évoquées. 

« Valse avec Bachir », Ari Folman, 2008

Film documentaire d’animation d’un cinéaste israëlien, Ari Folman, qui essaie de reconstituer ses souvenirs de la guerre du Liban au début des 80, Valse avec Bachir traite lui aussi d’une mémoire enfouie. Il faut la retrouver pour pouvoir vivre en paix. En interrogeant d’anciens camarades de son service militaire, Ari Folman remonte jusqu’au 17 septembre 1982, une des nuits du massacre de Sabra et Chatila. Des centaines de Palestiniens sont tués à Beyrouth dans le quartier de Sabra et le camp de réfugiés de Chatila par des milices chrétiennes phalangistes, avec la bénédiction de l’armée israélienne. Les images d’horreur du massacre font le tour du monde et marquent un tournant dans l’histoire des trois pays. 

« West Beirut », Ziad Doueiri, 1998

Considéré comme l’un des meilleurs films sur la guerre civile libanaise, West Beirut met en scène trois adolescents. L’un d’eux, Tarek, jeune garçon musulman, veut filmer la capitale libanaise avec une caméra Super 8 et passe beaucoup de temps avec May, une jeune fille chrétienne. Mais la ville est divisée en deux : Beyrouth Est pour les chrétiens, et Beyrouth Ouest pour les musulmans… 

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