- Kiyoshi Kurosawa mêle glamour et suspense pour son premier film historique, « Les amants sacrifiés ».
- C’est aussi un film d’espionnage au cœur de la Seconde Guerre mondiale avec une atmosphère et des rebondissements qui rappellent les meilleurs films d’Hitchcock.
Vous souvenez-vous des Enchaînés d’Hitchcock, avec Ingrid Bergman et Cary Grant prêts à jouer les agents doubles pour faire tomber un groupuscule
nazi réfugié en Amérique du Sud ? On retrouve un peu le même esprit dans Les amants sacrifiés, primé à Venise en 2020, sur une intrigue de film d’espionnage très différente, car japonaise, mais fidèle à l’esprit du maître aussi bien en matière de suspense que de glamour.
Cette fois, l’action se situe au Japon en 1941 à l’aube de son entrée en guerre aux côtés de l’Allemagne et de l’Italie. Le pays vit une poussée nationaliste et belliqueuse que le très joli couple épris de modernité que forme Yusaku et sa femme Satoko voit d’un mauvais œil, et qui ne manquera pas de les aspirer…
Suspicion et doute
On ne détaillera pas les péripéties qui les attendent, mais elles sont passionnantes et les mèneront jusqu’en Mandchourie, terrain d’expérimentation, par l’armée japonaise, d’armes biologiques sur des prisonniers chinois. Les rebondissements, nombreux, sont remarquablement amenés (le scénario est signé Ryusuke Hamaguchi, le réalisateur de Drive my car) et mises en scène (par Kiyoshi Kurosawa, expert
pour provoquer la peur).
C’est ainsi que, subrepticement, la suspicion et le doute commencent à s’immiscer, même dans les actes les plus banals. « Un simple dîner de famille par exemple. Je ne trouve pas de matériau plus complexe et inspirant que celui-ci, explique Kiyoshi Kurosawa dans la note d’intention du film. Alors que la caméra capture la vie quotidienne apparemment quelconque de Satoko et Yusaku, le public retient son souffle par anticipation d’un retournement. Cette forme d’expression cinématographique puissante est ce que nous appelons le suspense. »
Suspense et élégance
Les comédiens ajoutent à ce suspense ce qu’il faut d’élégance. Avec une mention spéciale à Yu Aoi, actrice découverte en France dans la mini-série Shokuzai du même Kurosawa.
Reste le fond de l’histoire, sujet tabou et peu documenté dans un pays qui n’aime pas revenir sur son passé, qui a conduit Hamaguchi et Kurosawa à prendre des libertés, mais qu’importe. Les éventuelles invraisemblances, qui faisaient aussi le sel de certains grands films d’Hitchcock, n’ont pas empêché Les amants sacrifiés de connaître un énorme succès dans les salles au Japon.
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