Ce téléfilm, diffusé sur M6 le 5 octobre et qui met en lumière le handicap, est librement inspiré de l’histoire du restaurant éponyme situé dans le XVearrondissement de Paris. Rencontre avec trois acteurs tout simplement magiques…
Ici Paris : Comment avez-vous été appelés sur ce projet ?
©Cécile ROGUE / Summertime / M6
Mélanie Doutey : Le réalisateur, Hervé Mimran, nous a contactés avec une première version du scénario. Ce qui nous a convaincus Bernard et moi, c’est que ce film, dont le sujet principal est l’inclusion, allait être tourné avec des jeunes en situation de handicap.
Êtes-vous protectrice dans la vie ?
Mélanie Doutey : Oui, je crois, tout en essayant de ne pas en devenir étouffante. Dans le film, on voit bien que la relation entre Virginie et son fils est assez exclusive et que par amour elle décide de monter ce restau inclusif. Il devrait y avoir plus de lieux comme La Belle Étincelle quand on voit les répercussions super positives que ce travail a sur les personnes en situation de handicap et sur leurs proches.
Bernard Campan : Quand on a la chance de faire un métier où on gagne bien sa vie, difficile avec le temps et l’âge de ne pas se diriger vers des films qui ont du sens. La Belle Étincelle est une comédie débridée, qui fait du bien. Aucun de mes proches n’a de handicap déclaré, mais j’ai été sensibilisé à cette cause en parrainant des associations, par le biais de films ou des amitiés.
« Dans la vie, je suis aussi une maman poule protectrice »
Était-ce plus compliqué de travailler avec des autistes ?
B. C. : En visitant des enfants malades dans les hôpitaux, en échangeant avec eux, il n’y a pas besoin de parler, on est dans la profondeur. Continuons si possible de faire ce genre de films ! Pour changer de regard, continuer à faire évoluer les mentalités. Ce sont des petites pierres qui se posent. Ces jeunes sont confrontés, dans leurs études et leur travail, au regard de l’autre, qui juge, qui exclut. Il y a un enseignement à retirer de cette expérience : ça marche !
Habitué aux rôles comiques, vous avez réalisé Presque avec le philosophe Alexandre Jollien, qui est atteint de paralysie cérébrale.
B. C. : Oui, avec Alexandre, c’était un film sur la philosophie, la vie, la spiritualité. C’est au-delà du handicap. La France est en retard. Il y a 700 000 autistes environ. Il faut que les mentalités évoluent. Ça passe par l’école, mais c’est un vœu pieu, les profs ne sont pas formés, les parents non plus. Presque parle du dépistage. Des chapelles s’affrontent. Les psychanalystes, les psychiatres… La psychanalyse ne comprend rien à l’autisme.
Votre femme travaille-t-elle dans le même milieu que vous ?
B. C. : Anne est chorégraphe et danseuse, mais elle a côtoyé le milieu médical, notamment les hôpitaux pour enfants. Elle est responsable de missions auprès de Médecins du monde.
« Il faut continuer à faire évoluer les mentalités »
Quelle est votre actualité ?
B. C. : La comédie débridée aphrodisiaque avec Isabelle Carré, La Dégustation. Peut-être reviendrai-je également avec Les Inconnus. Tout est entre les mains de Riad Sattouf qui travaille sur un scénario.
Lionnel Astier, êtes-vous proche de la cause du handicap ?
©Cécile ROGUE / Summertime / M6
Lionnel Astier : Oui, d’autant que ma famille est concernée. On avait fait des clips avec Samuel Le Bihan à l’époque. J’ai hésité à m’engager à cause de la pièce dans laquelle je joue avec Victoria Abril, Drôle de genre, qui est très physique, mais comme La Belle Étincelle se tournait à Maisons-Alfort, à 10 minutes de Joinville où je vis et qu’il y avait relâche le samedi et le dimanche, j’ai pu organiser mes repos.
Y a-t-il des cas d’autisme dans votre famille ?
L. A. : Oui, un homme de mon âge, du côté de ma femme. C’est compliqué car il n’a pas été reconnu comme tel. Nous avons également un proche beaucoup plus jeune qui doit être Asperger. Il savait parler anglais à la maternelle ! Une fois qu’on a compris comment ça marche, c’est très impressionnant. Les autistes ne trichent pas, dans la manière de travailler, de s’impliquer. Ils ne savent pas mentir.
Dans La Belle Étincelle, vous êtes d’une bienveillance incroyable.
L. A. : Ces jeunes sont exemplaires, à fond. C’est facile de travailler avec eux. C’est dense. La fatigue vient plus vite chez eux, mais c’est simple, vu leur sincérité. Ils sont très justes. Leur façon de communiquer est une leçon. Mon personnage est comme eux. Il est en fin de carrière, et aura, comme moi, une deuxième existence grâce à eux : le soir, quand je suis sur les planches avec Victoria, je joue un personnage un peu cynique et dans la journée, j’incarne un personnage solaire, rigolo. Je suis heureux d’être là. L’aventure est belle. Il faut absolument former ces jeunes. Leur vie commence.
« J’ai des cas d’autisme dans ma famille… »
Aviez-vous déjà joué avec Bernard et Mélanie ?
L. A. : Oui, avec Bernard, dans Un dernier pour la route. Mélanie est formidable. C’est très subtil ce qu’elle fait. Le scénario est bien construit. Je deviens chef en fin de course et elle, une maman qui est obligée de mentir…
Quelle est la place du théâtre dans votre vie ?
L. A. : Comme pour Vincent (qui campe le cuisinier dans le film), qui est pâtissier dans la vraie vie, le théâtre m’a sauvé. J’ai eu une enfance difficile, j’ai perdu mon père à 10 ans, puis mes deux grands-pères. Je n’avais plus goût à rien. Je ne foutais rien. Parfois, il y avait une fulgurance, un prix de dissertation. Ma prof de français m’a sauvé, elle s’est occupée de moi. Je me suis tourné vers le monde artistique alors que je suis issu d’une famille d’ouvriers, mon père était mineur. J’ai fait les Beaux-Arts. Ça m’a donné un regard. Le théâtre permet de sortir des choses de soi, y compris les mauvaises.
Quels sont vos projets ?
L. A. : Une autre pièce de théâtre d’ici un an, Kaamelott, avec mon fils Alexandre en 2024, et je vais tourner avec mon cadet, Simon, qui réalise une série pour TF1.
PROPOS RECUEILLIS PAR ELSA CHEMOR
À voir…
©Cécile ROGUE / Summertime / M6
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