Acteur phare de l’âge d’or d’Hollywood, interprète inoubliable de Spartacus, Les Sentiers de la gloire ou 20.000 lieues sous les mers, Kirk Douglas est décédé à l’âge de 103 ans. C’est son fils Michael Douglas qui a annoncé la triste nouvelle.
Hollywood a perdu son dernier monstre sacré. Kirk Douglas n’est plus. C’est son fils, l’acteur Michael Douglas, qui a annoncé la bien triste nouvelle sur ses pages Facebook et Instagram : « C’est avec une immense tristesse que mes frères et moi vous annonçons que Kirk Douglas nous a quittés aujourd’hui à l’âge de 103 ans. Pour le monde, il était une légende, un acteur de l’âge d’or du cinéma (…) mais pour moi et mes frères, Joel et Peter, il était simplement papa”.
Issur Danielovitch Demsky de son vrai nom, est né le 9 décembre 1916 à Amsterdam, dans l’État de New York. Seul garçon d’une fratrie de sept enfants, il vit une enfance dans la misère, avec des parents immigrés juifs de Gomel, en Biélorussie, qui ont fui le pays pour des raisons politiques. Le jeune homme se découvre tôt, à l’école, une vocation d’acteur. Contre l’avis de ses parents, il part à New-York pour suivre des études de théâtre en 1939. C’est à ce moment qu’il opte pour le nom de scène de Kirk Douglas. Il suit les cours de Charles Jehlinger à l’Académie américaine d’art dramatique, où il rencontre sa première femme, Diana Dill. Pour subvenir à ses besoins, l’acteur est aussi lutteur de foire. Il s’engage ensuite dans la marine pendant la Seconde Guerre Mondiale, et sera réformé en 1944 à la suite d’une dysenterie chronique.
Son premier rôle au cinéma est dans le film noir L’ Emprise du crime (1946) de Lewis Milestone, qu’il obtient grâce à son amie Lauren Bacall, rencontrée lors de ses années au théâtre. Il apparaît ensuite aux côtés de Robert Mitchum dans La griffe du passé, puis rencontre Burt Lancaster sur le tournage de L’homme aux abois (1948). En choisissant de jouer dans Le Champion (1949) dirigé par Mark Robson le rôle d’un homme qui refuse de se laisser corrompre, Kirk Douglas obtient son premier grand succès populaire et critique, couronné par une première nomination aux Oscars.
En contrat avec la Warner, il tourne dans des films de Michael Curtiz (La femme aux chimères) ou Billy Wilder (Le Gouffre aux chimères) avant de rompre son contrat pour retrouver plus de liberté. Il s’essaie au western avec La Captive aux yeux clairs de Howard Hawks avant de récolter une nouvelle nomination aux Oscars en se glissant dans la peau du producteur Jonathan Shields dans Les Ensorcelés de Vincente Minnelli (1952).
Kirk Douglas tourne ensuite en Europe (Le Jongleur, Un acte d’amour, Ulysse) avant de fonder en 1954 sa propre maison de production. Remarié à une assistante rencontrée sur un tournage, Anne Buydens, il achète les droits de Lust for life, un roman sur la vie du peintre Van Gogh. Il est à nouveau nommé à l’Oscar du meilleur acteur pour son interprétation dans La Vie passionnée de Vincent Van Gogh de Vincente Minelli, qui ne le laisse pas indemne.
L’acteur retrouve son vieil ami, Burt Lancaster pour un western resté culte, Règlements de comptes à O.K. Corral, de John Sturges (1957). Les deux hommes n’auront de cesse de jouer ensemble, dans des comédies (Au fil de l’épée en 1959, Le Dernier de la liste de John Huston en 1962), puis encore plus tard pour le téléfilm Victoire à Entebbe en 1976 qui raconte la prise d’otages d’un avion.
En 1957, Kirk Douglas monte le projet Les Sentiers de la gloire, qui permet à Stanley Kubrick de sortir de l’ombre, bien que le film ait été interdit dans plusieurs pays en raison de son propos antimilitariste. Sa composition de l’avocat pénaliste Dax reste une de ses plus marquantes.
L’acteur se tourne ensuite vers la fresque épique avec Les Vikings, où il donne la réplique à Tony Curtis et Janet Leigh. C’est un succès au box office. En 1959, après le triomphe de Ben-Hur, Kirk Douglas lance son propre péplum avec Spartacus. Le tournage est un calvaire et le réalisateur Anthony Mann cèdera sa place à Stanley Kubrick. Mais l’histoire de l’esclave qui fit trembler Rome est un succès mondial qui confirme le statut de grande star d’Hollywood de l’acteur.
Ignorant la chasse aux sorcière à laquelle se livre le gouvernement américain, Kirk Douglas fait fi de la liste noire de Hollywood et engage l’un des noms inscrits, le scénariste Dalton Trumbo pour plusieurs films, dont Spartacus et Seuls sont les indomptés (1962).
Dans les années 60, l’acteur tourne avec les plus grands : Elia Kazan (L’Arrangement, 1969), John Frankenheimer (Sept jours en mai, 1964), Otto Preminger (Première victoire) ou encore René Clément (Paris brûle-t-il ?, 1966). Il reste aussi fidèle à John Huston, Vincente Minnelli (Quinze jours ailleurs) ou encore Anthony Mann (Les Héros de Télémark, 1965).
Il débute les années 70 par un western original, Le reptile, signé Joseph L. Mankiewicz. Mais les années 70 sont marquées par ses deux échecs en tant que réalisateur : Scalawag, adaptation de L’île au trésor, est un bide au box office et s’avère un véritable calvaire à tourner. Deux ans plus tard, son western La Brigade du Texas n’attire pas non plus les spectateurs. Kirk Douglas tourne par la suite deux films avec Brian de Palma : Furie en 1978, et Home Movies l’année suivante.
Dans les années 80, il retrouve son ami Burt Lancaster pour une dernière collaboration sur le film Coup double. Victime d’un grave accident d’hélicoptère, l’acteur apparaît beaucoup moins au cinéma. En 1991, il revient dans la comédie de John Landis, L’embrouille est dans le sac, mais il est victime d’une attaque cérébrale en 1994. Deux ans plus tard, il reçoit un Oscar d’honneur pour « 50 ans de force créative et morale dans la communauté cinématographique ». Il a également reçu un César d’honneur en 1980.
Dans les années 2000, Kirk Douglas apparaît dans deux films : Une si belle famille en 2003 et Illusion, de Michael A. Goorjian en 2004. Sa dernière apparition date de 2008 dans le téléfilm Meurtres à l’Empire State Building. Il prend officiellement sa retraite cinématographique.
Démocrate engagé, Kirk Douglas a aussi continué de briller dans d’autres domaines artistiques tels que le théâtre (Vol au-dessus d’un nid de coucou dans les années 60, The boys of autumn dans les années 80 avec Burt Lancaster), et la littérature. Il a en effet publié plusieurs romans de fiction, ainsi qu’une autobiographie sous forme de trilogie, écrite à différentes périodes de sa vie. Le dernier volet, Let’s face it : Ninety years of Living, Loving, and Learning, est sorti en 2006.
Source: Lire L’Article Complet