Kiki Kirin, son ultime rôle en maîtresse de cérémonie (du thé)

  • Kiki Kirin, décédée l’an dernier à l’âge de 75 ans, joue une maîtresse de cérémonie du thé dans son tout dernier film, « Dans un jardin qu’on dirait éternel », en salle ce mercredi.
  • Célèbre au Japon pour sa carrière haute en couleurs, elle n’a été révélée que récemment en France dans le rôle d’une spécialiste de la pâtisserie dorayaki dans « Les Délices de Tokyo » de Naomi Kawase.
  • L’actrice jouait aussi la grand-mère d’« Une affaire de famille », palme d’or à Cannes en 2018.

On l’appelait Kiki Kirin, parce que son précédent pseudo, l’actrice japonaise aux yeux rieurs, l’avait vendu aux enchères lors d’une émission de télévision. N’ayant « rien d’autre à vendre », l’icône du cinéma japonais avait choisi ce jour-là de céder son premier nom de scène, Chiho Yûki. Elle était comme ça, Kiki Kirin, exubérante dans la vie autant qu’intransigeante à l’écran.

A l’étranger, Keiko Uchida – de son vrai nom d’épouse, mariée au pote de John Lennon, le chanteur de rock psychédélique Yuya Uchida – fut découverte sur le tard, par la grâce de presque tous les films d’Hirokazu Kore-eda. Le public français l’avait particulièrement appréciée en grand-mère facétieuse d’Une affaire de famille, palme d’or à Cannes en 2018. Mais aussi dans Les Délices de Tokyo de Naomi Kawase en 2015, film dans lequel elle confectionnait de délicieux dorayaki (une pâtisserie typique japonaise) malgré une maladie qui la rongeait à petit feu. Un personnage auquel répond parfaitement son tout dernier rôle dans le très délicat Dans un jardin qu’on dirait éternel, du réalisateur japonais Tatsushi Omori, qui sort ce mercredi en salles.

« Mon corps physique n’est pas vraiment le mien »

Kiki Kirin y incarne une maîtresse de cérémonie du thé qui dispense son enseignement à de jeunes disciples pendant de longues années et qui symbolise à la perfection les leçons de vie qu’elle dispense avec autant de tact que d’autorité au fil des saisons. Vingt ou vingt-cinq ans plus tard, ses élèves sont toujours là, dans ce Jardin qu’on dirait éternel. Et elle aussi ! Quel plus bel hommage qu’un film qui raconte comme le fait de domestiquer le temps permet d’accéder à une harmonie spirituelle hors du temps, même si Kiki Kirin a fini par s’éteindre 
en septembre 2018, quelques jours avant la sortie du film au Japon.

Au fil d’une carrière marquée par d’innombrables succès, c’est sa façon d’affronter l’intimité avec la mort qui aura marqué les esprits. Au cours de ses quinze dernières années, sa bataille médiatiquement assumée avec son cancer du sein a forgé chez elle une franchise rare (Kiki Kirin n’hésitait pas à sortir ses radiographies devant ses producteurs quand elle voulait décliner un rôle) et un détachement facilitant ses adieux : « Une leçon importante que m’a apprise la maladie est que mon corps physique n’est pas vraiment le mien », répétait-elle souvent, selon des propos rapportés dans le dossier de presse du film.

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