- Rêve de fans devenu réalité, la SnyderCut de Justice League est proposée mercredi soir sur OCS Max et sur OCS à la demande.
- Après avoir quitté le projet, le réalisateur Zack Snyder peut enfin partager sa vision du film, et il en va de même pour le compositeur de la musique Tom Holkenborg.
- Ancien musicien solo et protégé de Hans Zimmer, Tom Holkenborg s’est imposé comme une valeur sûr du blockbuster, il est en interview dans 20 Minutes.
Quatre ans après la sortie de Justice League au cinéma, enfin la version remaniée
par Joss Whedon et critiquée par les fans, le réalisateur d’origine
Zack Snyder a pu finir son « cut » comme il voulait, avec la bande originale de Tom Holkenborg alias Junkie XL. Le compositeur avait été également exclu du projet et a pu prendre sa revanche avec quatre heures de musique et quelques morceaux de bravoure.
Disponible en achat et location digitales, Zack Snyder’s Justice League est (déjà) proposé en exclusivité
ce mercredi sur OCS Max à 20h40 et sur OCS à la demande, avec en bonus la version noir et blanc Justice is Gray, la préférée de Zack Snyder. 20 Minutes a profité de l’occasion pour s’entretenir avec Tom Holkenborg, ancien protégé de Hans Zimmer et nouvelle valeur sûre de la musique de blockbuster, puisqu’on lui doit également Deadpool, Mad Max : Fury Road ou Godzilla vs. Kong.
Cela n’est pas forcément connu, mais vous avez collaboré pendant plus de 10 ans avec le compositeur Hans Zimmer, déjà sur « Man of Steel » et « The Dark Knight Rises ».
J’ai quitté les Pays-Bas pour Los Angeles en 2002, et j’ai rencontré Hans quelques années plus tard. Nous nous sommes tout de suite entendus, puis vus très souvent. Dès que l’opportunité de travailler avec lui s’est présentée, je l’ai saisi, même si c’était un petit boulot. Notre collaboration s’est intensifiée au fil des années, des films : Megamind, Inception, Divergent…
C’est ainsi que l’industrie fonctionne, que tous les milieux fonctionnent, non ? Vous commencez au bas de l’échelle, comme assistant, puis vous montez les échelons un par un, jusqu’à devenir le bras droit du patron, puis de pouvoir déployer vos ailes et prendre votre envol.
Mais vous aviez déjà une carrière de musicien et DJ, en tant que Junkie XL ?
C’est vrai, et ce qui est intéressant. Un jour, j’étais numéro 1 des charts avec le remix d’A Little Less Conversation d’Elvis Presley, et le lendemain, je travaillais presque gratuitement. (rires)
Après avoir collaboré avec Hans Zimmer sur « Batman V Superman », il vous a laissé tout seul sur « Justice League ». Pas trop la pression ?
Hans m’avait fait venir sur Batman V Superman pour m’occuper plus spécialement de Batman, car il avait déjà tout donné pour la trilogie The Dark Knight de Christopher Nolan. Mais dès qu’on s’est retrouvés tous les deux en studio avec nos instruments, c’est parti dans tous les sens et mon travail ne s’est pas limité à Batman. Justice League s’est présenté ensuite comme un rêve de gosse, de pouvoir bosser sur un si gros film, tout seul, avec tous les super-héros de mon enfance. Nous avons beaucoup travaillé avec Zack Snyder en 2017, réuni beaucoup de musiques, puis
Zack est parti.
Comment avez-vous vécu votre remplacement par un autre compositeur, Danny Elfman, pour la version du film sortie en salle ?
Quand un réalisateur quitte un projet, cela signifie presque automatiquement que le compositeur part aussi, car une nouvelle équipe arrive pour finir le film. C’est dur mais c’est comme ça. Je n’ai jamais vu la version de Joss Whedon avec la musique de Danny Elfman, je ne voyais pas l’intérêt. Pourquoi ? Pour me faire du mal ? Quand il a été possible de finir notre film avec la SnyderCut, j’étais content de ne pas l’avoir vu, car j’aurais pu être influencé. Quel soulagement.
Même si j’avais notre travail de 2017 dans un coin, j’ai discuté avec Zack pour reprendre tout de zéro, de faire table rase. Que je puisse donner le meilleur de moi-même, là, maintenant. Justice League est un peu comme mon Everest : un travail énorme, beaucoup de musique, composé et enregistré chez moi, en pleine pandémie. Le projet est donc unique par plein d’aspects.
Cela n’a pas été un crève-cœur de jeter votre premier travail à la poubelle ?
Cela a été assez facile en fait. Si je prends mon travail très au sérieux, je ne me prends pas personnellement au sérieux. Je ne suis pas le genre de musicien qui une fois une musique terminée, la considère comme son chef-d’œuvre ou je ne sais quoi. Tu dois pouvoir faire un autre chef d’œuvre le lendemain. Je travaille sur chaque projet avec toute mon énergie, toute ma passion.
Et une fois que c’est terminé, je peux juste dire : « ok, c’est le max que je peux donner ». Mais peut-être que le lendemain, j’aurais été encore meilleur. Impossible de savoir. Je ne reste donc pas accroché au passé. C’est ce qui s’est passé sur Justice League, quatre années séparent le film salle de la SnyderCut. Pourquoi aurais-je utilisé de vieilles compositions ? Alors que j’ai évolué en tant que musicien, que j’ai beaucoup appris, que je peux faire mieux.
« Justice League » introduit de nouveaux personnages et thèmes comme Cyborg et Flash, mais revisite également ceux de Superman et Wonder Woman. Comment avez-vous fait ?
Les thèmes de Superman et Wonder Woman sont maintenant connus du public, cela faisait sens de les réutiliser, car nous sommes dans le même univers, la même série de films. Même si j’ai abordé Wonder Woman de manière plus organique, plus tribale, dans la droite lignée des Amazones. Mais pour Batman par exemple, ce film est comme un nouveau jour pour lui. Il était ce personnage torturé dans Batman V Superman, hanté par la mort de ses parents.
Or, dans Justice League, il est un nouvel homme, le leader qui réunit la Ligue des Justiciers. C’était essentiel que son thème musical soit différent. De même pour les petits nouveaux Cyborg et Flash, ou encore Aquaman dont la backstory est esquissée. Il y avait de la place pour de nouvelles musiques, de nouvelles explorations.
L’un des moments les plus importants et émouvants du film, « At the Speed of Force » avec Flash, doit beaucoup à votre musique. Est-ce le genre de choses que l’on sent ?
Il y a en effet des scènes que j’ai abordées différemment, et il ne faut pas croire, pour lesquels j’ai beaucoup discuté avec Zack. C’est le cas pour Cyborg et Flash dont les histoires sont importantes. Il fallait les aborder avec beaucoup de cœur, rendre hommage à la qualité émotionnelle de ces personnages. Que les fans adhèrent totalement à ces moments et à ma musique est la plus belle des récompenses.
Peut-on dire que votre score de « Justice League » cherche à réunir le meilleur des deux mondes, le meilleur de la musique orchestrale et le meilleur de la musique électro ?
C’est en effet la zone que j’aime le plus explorer, dans laquelle je suis le plus à l’aise. La musique « artificielle » et la musique « naturelle », et tout ce qu’il y a entre les deux. Justice League est un score très spécial à mes yeux, car j’ai pu m’aventurer dans les endroits, les périodes, qui me passionnent et me fascinent, des pièces classiques du début du XIXe siècle aux premiers scores hollywoodiens des années 1930-1940 en passant par le rock des années 1980. Je suis allé y chercher des éléments uniques à utiliser pour le film. Seul un film si long, de 4 heures, permet une telle exploration, un tel brassage.
Comment s’est passée votre collaboration avec Zack Snyder tout au long de ce projet unique, mort puis ressuscité ?
Tout ce que je peux vous dire, sans révéler trop des coulisses, c’est que j’ai toujours été très proche de Zack, que je l’admire autant comme artiste que comme individu. Nous avons fait pas moins de six films ensemble, de 300 : La Naissance d’un empire, où il était producteur, à Justice League et bientôt Army of the Dead. C’est un réalisateur fantastique, plein d’énergie, et une personne géniale à côtoyer.
En quoi Zack Snyder est-il différent d’un autre cinéaste visuel et visionnaire comme George Miller, pour lequel vous avez composé « Mad Max : Fury Road » ?
J’ai travaillé avec beaucoup de réalisateurs différents vous savez, et c’est ce qui rend mon travail au sein de l’industrie hollywoodienne si excitante. Chaque cinéaste a son propre point de vue, sa propre idée de ce qui est important ou pas pour lui. Tim Miller (Deadpool), Robert Rodriguez et James Cameron (Battle Angel Alita), Peter jackson (Mortal Engines), George Miller, Zack Snyder… Ils m’ont tous appris des choses.
A une époque, vous travaillez encore à la fois sur vos albums solo et les bandes originales, mais vous semblez vous consacrer aujourd’hui à 100 % au cinéma. Pourquoi ?
J’ai commencé la musique comme ingénieur, producteur puis artiste. Mais arrivé à Los Angeles, je me suis senti attiré, pour ne pas dire aspiré, par le cinéma et la musique de film. Je ressentais moins le besoin d’être « un artiste », de sortir mes albums. Cela a été un processus naturel, sans remise en question. Aujourd’hui, j’embrasse complètement cette carrière, ce milieu, cette énergie. Je compose encore pour moi, bien sûr, mais sans l’idée de la partager, à part à un cercle très restreint. Et cela me va très bien.
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