Avant d’incarner Enric dans Un si grand soleil, Julien Masdoua a été coach sur le plateau de Demain nous appartient. Il a aussi joué dans Plus belle la vie. Rencontre avec un comédien plein de surprises.
Télé Star : Comment vous a-t-on présenté Enric et que saviez-vous de son évolution ?
Julien Masdoua : Je savais que c’était un syndicaliste, qu’il était d’abord en opposition avec Julien Bastide, que les choses allaient évoluer positivement entre eux. J’avais bien sûr une idée précise de sa famille recomposée et je savais que ce personnage allait être un "récurrent" puisque j’avais un appartement. Quand on vous construit un décor c’est généralement que vous êtes amené à rester.
Quelles étaient vos hésitations?
Je n’en avais aucune. J’étais heureux de travailler, heureux que ce soit à Montpellier puisque j’y vis depuis 30 ans et évidemment enthousiaste à l’idée de donner la réplique à Frédérique Kamatari (Mo) et Valérie Kaprisky (Jo).
Vous venez du théâtre. Comment reliez-vous l’exigence des planches avec le tournage d’une quotidienne ?
Je connaissais l’exercice d’une quotidienne puisque j’ai été coach sur Demain nous appartient et que j’ai eu un gros guest à jouer sur Plus belle la vie. Je me suis rendu compte que justement, ce qui me relie le plus à une quotidienne c’est l’esprit de troupe.
Prenez-vous le temps de regarder la série ?
Je crois être le seul de tout le cast à n’avoir raté aucun épisode ! Je ne le fais pas par conscience professionnelle mais parce que j’aime cette série. Et que j’ai un plaisir fou à regarder le travail des autres. Il y a une saine émulation entre nous. Mon maître étalon c’est Maëlle Mietton (Alice Bastide). Elle a mis la barre très haute. Je l’observe, elle m’inspire. Je suis fan.
Que traverse Enric en ce début d’année?
Il y a un an, il renversait une femme, la laissait agoniser dans la rue et se rapprochait du fils de cette dame en se faisant passer pour un ami d’enfance. Et là, au moment où Enric est injustement soupçonné d’être l’auteur de l’accident qui a coûté la vie au veilleur de nuit du zoo, cette vieille histoire lui pète au visage. Le public comprend qu’il est en pleine culpabilité, qu’il n’a pas oublié et que ça le ronge au point qu’il a besoin d’aller se dénoncer pour soulager sa conscience et assumer ses responsabilités.
Quelles vont être les conséquences ?
D’un point de vue familial, ça va être compliqué. Mo et Inès vont être choquées et vont se demander si elles peuvent lui pardonner. Après je ne sais pas s’il va être incarcéré, libéré… En tout cas, sa reconstruction va être intéressante à composer.
Vous avez été coach sur Demain nous appartient. Quels souvenirs en gardez-vous?
C’était une expérience passionnante. J’étais là dès le premier jour et j’ai surtout travaillé avec Ingrid Chauvin, Maud Baecker et Samy Gharbi. Mon rôle était de trouver des petites astuces pour faire grandir leur personnage. Sur Demain nous appartient, on peut être au coeur d’une arche dramatique pendant trois mois, se retrouver en prison et reprendre une vie complètement normale deux semaines après comme si cet événement était digéré. Mon travail était d’aider les comédiens à intégrer de petits détails à leur jeu pour que le public comprenne les émotions qu’ils traversaient. Ça pouvait être des respirations, des hésitations, des absences, des silences… Il m’arrivait aussi de collaborer avec les auteurs pour revoir les dialogues.
Vous avez aussi été au casting de Pour Sarah avec Clément Rémiens. Vous aviez travaillé avec lui aussi sur DNA?
Clément c’est mon fils adoptif ! Quand il est arrivé à Sète, il n’avait jamais tourné. Je l’ai pris sous mon aile. On ne s’est plus jamais quitté. C’est l’être humain le plus extraordinaire que je connaisse. Il est branché écologie, intellectuellement, humainement il est parfait. Il vient passer la plupart de ses week-ends à la maison, on a des projets ensemble. Il a envie de s’essayer à la réalisation…
Comment êtes-vous passé du Capes d’histoire à la comédie?
Je m’apprêtais à passer l’agrégation mais quand j’ai compris que le système pédagogique français n’était pas compatible avec ma vision de l’enseignement, j’ai préféré, par honnêteté, quitter cet endroit où je n’aurais finalement pas été heureux. J’aurais aimé montrer des films à mes élèves, les emmener à Auschwitz pour leur faire passer l’envie de dessiner des croix gammées et qu’ils prennent toute la mesure de ce qui s’est passé là-bas. En apprenant l’Histoire, on ne reproduit pas les erreurs du passé. J’avais envie de leur expliquer pourquoi ils sont assis à côté d’un enfant qui s’appelle Mohammed. Il y a des raisons. Ca leur aurait permis d’avoir un regard bienveillant sur leurs camarades. Mais l’Education Nationale n’a pas le temps pour ça. On doit remplir un programme, des cases… Ce n’était pas pour moi pourtant j’avais la vocation. J’ai donc choisi de faire passer ces messages à travers par le théâtre.
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