- Un joaillier juif et son employé concluent en arrangement pendant la Seconde Guerre mondiale.
- Les rapports entre l’ancien patron caché à la cave et son apprenti tournent au vinaigre.
- Gilles Lellouche, épatant en « collabo », donne la réplique à Daniel Auteuil et Sara Giraudau dans cette adaptation d’une pièce à succès de Jean-Philippe Daguerre.
Trois vies malmenées par la guerre. Adieu Monsieur Haffmann, adaptation par
Fred Cavayé de la pièce de
Jean-Philippe Daguerre couverte de Molière en 2018. Dans le Paris de 1941 (implanté au coeur de Montmartre et que nous avions filmés pendant le premier confinement), un joaillier juif confie sa boutique à son apprenti puis se retrouve contraint de se réfugier dans sa cave pour échapper à la barbarie nazie.
Très vite, les rapports de force s’inversent entre l’ex-patron et son ancien employé et cela d’autant plus que ce dernier fait à l’homme caché une proposition indécente dont nous ne dévoilerons pas les détails. Fred Cavayé qualifie de « thriller intime » ce suspense pour lequel il s’est offert un casting de choix.
Gilles Lellouche fait peur
Gilles Lellouche en exploiteur de plus en plus veule trouve à qui parler face à un
Daniel Auteuil contraint à l’obéissance pour survivre. Ajoutons Sara Giraudeau en épouse et enjeu puis Nikolai Kinski, fils de
Klaus Kinski, en officier allemand et le drame peut se nouer. Et cela d’autant plus que le commerçant se montre fort désireux de sympathiser avec un occupant aussi riche qu’amateur de beaux bijoux.
Adieu Monsieur Haffmann est une illustration parfaite de la maxime d’Alfred Hitchcock : « Plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film ». Gilles Lellouche surprend constamment par la façon dont il fait évoluer son personnage qui passe de brave type amoureux fou de sa femme à franc salopard sans foi ni loi. « Je trouvais intéressant de lui faire jouer un salaud pour qu’il puisse montrer autre chose que ce que l’on connaît déjà de lui » explique le réalisateur dans le dossier de presse.
Des coups de théâtre
Et pourtant, le cinéaste connaît bien l’acteur qu’il avait déjà dirigé dans A bout portant et Mea Culpa. Leur complicité a-t-elle favorisé la justesse de composition du comédien ? Son alchimie avec d’excellents partenaires a-t-elle été déterminante ? Le résultat est concluant, ce Français moyen, qui tombe petit à petit dans la magouille puis l’innommable, effraie le spectateur, tant il semble crédible.
La tension va crescendo sous la houlette de Fred Cavayé qui évite de tomber dans le piège du théâtre filmé malgré l’exiguïté des décors. De la cave à la boutique ou même dans des rues menaçantes, le réalisateur prend le public dans les mêmes rets que les protagonistes. Cela renforce l’implication de ce dernier dans Adieu Monsieur Haffmann dont l’intrigue conçue comme un mécanisme d’horlogerie réserve plusieurs coups de… théâtre.
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