François Busnel : son tacle aux ministres et journalistes "hors sol"

Dix collégiens et lycéens vont lire à voix haute le texte de leur choix. Un projet à l’initiative de l’animateur de La Grande Librairie, ardent défenseur de la langue française. Si on lisait à voix haute, jeudi 17 juin à 20 h 50 sur France 5.

Sur quels critères les meilleurs lecteurs de votre concours seront-ils jugés ?

FRANÇOIS BUSNEL : Le rythme, la façon de jouer le texte et de ne pas être dans la déclamation. Un jury composé notamment d’Éric-Emmanuel Schmitt et de Gaël Faye note les candidats lors des éliminatoires. En finale, il ne fait que délibérer.

Votre objectif est de redonner le goût de la lecture aux jeunes, mais ce combat n’est-il pas perdu d’avance ?

Ceux qui le croient, ce sont des ministres hors-sol et des journalistes qui refusent de regarder la réalité. Si vous allez dans les collèges et les lycées, comme je le fais en participant à des actions de lutte contre l’illettrisme, vous voyez que la lecture et la musique sont les meilleurs ciments sociaux. La lecture peut sauver des vies.

Selon un récent sondage, La Grande Librairie est, pour 97 % des libraires, l’émission qui fait vendre le plus de livres. Une réaction ?

Nous ne sommes que des silex qui se frottent les uns aux autres. J’en suis un, le lecteur un autre et le libraire est le troisième, qui va allumer le feu. Je veux utiliser la télévision pour transformer les électeurs en lecteurs : la lecture peut changer la dynamique d’un pays.

Le succès de Lupin, sur Netflix, a fait découvrir Maurice Leblanc à toute une génération. Croyez-vous donc au pouvoir des fictions ?

J’ai hâte de découvrir ce qu’a fait Marc Dugain en adaptant Eugénie Grandet de Balzac pour France Télévisions. La puissance des fictions est colossale : les deux tiers des finalistes du concours ont lu Harry Potter après avoir vu les films, certains ont même lu Game of Thrones de George R. R. Martin après avoir vu la série !

Avez-vous signé pour une nouvelle saison l’an prochain ?

Oui et aussi pour La Petite Librairie – après le 13 h de France 2 et avant le 19/ 2 0 de France 3 -, ce programme court que j’ai proposé à Delphine Ernotte, la patronne de France Télévisions, lors du premier confinement.

Le français évolue et de nouveaux mots font leur entrée dans le dictionnaire. Mais que pensez-vous de l’écriture inclusive, la systématisation du féminin, dont le ministre de l’Éducation nationale a proscrit l’usage à l’école ?

Je suis pour qu’une langue vive grâce aux apports des parlers régionaux et des langues étrangères. Mais je ne suis pas pour qu’elle évolue pour faire plaisir à des bureaucrates ou à des minorités.

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