Se rendre au cinéma étant devenu impossible en raison de la fermeture des salles de cinéma depuis le 13 mars, suite à la pandémie de Covid 19, le Centre National du Cinéma (CNC) envisage un dispositif qui permettrait aux distributeurs de films de sortir les œuvres en passant par un service d’achat à l’acte (Canal VOD, Apple TV…). Mais le processus pourrait prendre du temps à être mis en place, en raison de la « chronologie des médias » qui étale dans le temps la mise à disposition des nouveaux films, en salles, en DVD et en VOD.
Délais de quatre mois
Le quotidien économique Les Echos a révélé mardi 17 mars que le CNC avait deux options pour mettre en place un tel système. Concernant les films récents, sortis avant le décret de fermeture des salles, il est impossible de les voir distribuer en VOD avant une période de quatre mois, en l’état actuel des choses.
Une telle mise à disposition rapide supposerait donc une révision des textes législatifs. Mais pour les films prochainement programmés en salles, les distributeurs ont la possibilité de les sortir directement en VOD et en DVD.
Les Echos précise par ailleurs que « le CNC va s’assurer que leurs producteurs ne perdent pas par la suite les financements du CNC, notamment le fonds de soutien, qui dépendent de l’attribution d’un visa d’exploitation accordé lors d’une sortie en salle« .
Un distributeur déjà sur les rangs
Le distributeur La Vingt-Cinquième Heure a d’ores et déjà pris les devants, en annonçant que le documentaire Les Grands voisins, annoncé pour le 1er avril en salles, serait disponible à partir de cette date sur la plateforme mise spécialement en place à cette occasion.
« La Vingt-Cinquième Heure a depuis plusieurs semaines anticipé ce risque systémique majeur. Pour soutenir les exploitants et permettre aux spectateurs confinés de ne pas être exclus de l’accès à la culture, pour que notre secteur résiste à cette crise, nous avons développé une plateforme de diffusion géolocalisée de films en e-cinéma disponible sur www.25eheure.com », stipule le communiqué.
Mehdi Barsaoui, producteur de Un fils, sorti le 11 février pour une durée de quatre jours à peine, se dit également favorable au paliatif de la VOD sur Twitter.
Les exploitants en première ligne
Quelle va être la réaction des exploitants de salles, et notamment les indépendants qui ne sont pas affiliés aux grands réseaux que sont Gaumont-Pathé, UGC et CGR ? L’éventuelle rééchelonnement de la « chronologie des médias », règle défendue par la profession, sera-t-elle remise en cause, à l’issue de l’adoption hypothétique d’une nouvelle temporalité ? Sera-t-elle pérenne ?
Les distributeurs ont toujours eu la possibilité de sortir leurs films directement en DVD et/ou VOD, sans passer par une sortie en salles. Nombre de films sont ainsi mis sur le marché depuis des années. C’est toutefois souvent pour des raisons économiques, une distribution en salles étant beaucoup plus onéreuse qu’en DVD/VOD. La sortie en salles reste toutefois privilégiée par les grands distributeurs et les indépendants (Wild Side, Le Pacte, The Jokers, Pyramide, Losange…), par soucis de prestige et d’exposition dans les médias.
La France a jusqu’ici toujours privilégié la distribution des films en salles, une approche défendue d’abord par les cinéastes. Conçu comme un spectacle collectif par les frères Lumière, le cinéma se réduit de plus en plus à un spectacle individuel vu sur ordinateur, tablette, téléphone… Reste à espér que cette ouverture éventuelle à la VOD durant cette période de crise, ne deviendra pas le modèle à suivre. Un modèle qui mettrait en péril toute une frange de la profession, et les exploitants de salles indépendantes en tête.
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