- Jean-Paul Rouve fait peur dans la peau de Gabriel Matzneff pour « Le Consentement ».
- Karin Viard, Emilie Dequenne, Pierre Deladonchamps, Nadama Niane, Guillaume Canet et Vincent Cassel ont eux aussi incarné des « héros » pas vraiment recommandables.
- Toutes et tous ont eu du mal à aborder ces compositions mais y ont trouvé matière à satisfaction.
Jean-Paul Rouve l’admet volontiers. Incarner Gabriel Matzneff dans Le Consentement de Vanessa Filho en salle depuis vendredi, n’a pas été facile. « Il faut plonger très loin pour interpréter un homme comme lui, confie le comédien à 20 Minutes. Ce qui aide le plus à s’en remettre, une fois le film fini, c’est de se dire qu’on n’a rien à voir avec lui. »
Jean-Paul Rouve est parvenu à s’oublier au point d’être crédible dans le rôle de l’écrivain qui a séduit Vanessa Springora alors qu’elle n’avait que 14 ans. « C’est l’idée d’être utile en aidant des jeunes à pouvoir reconnaître de véritables prédateurs qui m’a motivé », reconnaît-il. D’autres interprètes ont aussi donné vie à l’écran à des personnages peu recommandables issus de fait divers plus ou moins récents. 20 Minutes a fouillé dans ses archives pour rappeler comment ils avaient abordé ces rôles.
Explorer l’obscurité
« C’était la première fois que je n’arrivais pas à comprendre l’un de mes personnages », se souvient Karin Viard. En 2018, elle a joué une mère incapable de soutenir sa fille victime d’un pédophile ami de la famille dans Les Chatouilles d’Andréa Bescond et Eric Métayer. « Le comportement de cette femme vis-à-vis de son enfant m’était si étranger que cela m’intéressait de la jouer », confie-t-elle. Pierre Deladonchamps, glaçant en violeur d’enfant dans le même film, la rejoint sur ce point. « Etre comédien, c’est aussi savoir explorer l’obscurité et s’en extirper. C’était étonnamment moins difficile parce qu’il s’agissait de l’histoire d’Andréa Bescond et qu’elle était sur le plateau me donnant l’impression d’aider à faire comprendre ce qu’elle a vécu. »
Adama Niane, acteur décédé cette année mais qui fut Guy Georges dans L’Affaire SK1 (2013) de Frédéric Tellier, a su lui aussi ne pas se laisser dévorer par le tueur en série qu’il incarne. « Mon devoir était de montrer sa part d’humanité tout en le maintenant à distance », expliquait-il à l’époque. Un travail qui a aussi pesé sur les épaules d’Emilie Dequenne au moment d’A perdre la raison de Joachim Lafosse en 2012. « Me dire que mon personnage allait tuer ses enfants alors que je jouais la maman de très jeunes comédiens m’a certainement aidé dans ma composition, précise-t-elle. Mais cela a été très pénible. » Même si la scène de massacre n’est pas montrée à l’écran, la tension est si forte que le spectateur a presque l’impression d’y assister. Mais pourquoi accepter de souffrir ainsi pour son art ?
Faire la part des choses
« Cela fait partie de notre métier que de révéler aussi les zones d’ombre des êtres et c’est très intéressant à construire puis très gratifiant à voir », déclare Guillaume Canet pour évoquer la gendarme tueur La Prochaine fois je viserai le cœur de Cédric Anger en 2012. Et puis certains de ces mauvais éléments semblent être nés pour devenir des icônes du cinéma. « Comment ne pas avoir envie de jouer un homme aussi complexe et charismatique que Mesrine !, s’exclame Vincent Cassel qui se glissa dans la peau du gangster pour le diptyque de Jean-François Richet. C’est un personnage en or pour un comédien car il mettait sa vie en scène. » En 2009, un César est venu entériner son choix.
« La seule chose qui m’inquiétait parfois est qu’on puisse imaginer que j’épouse la cause de Hitler parce que j’ai accepté de l’incarner, mais j’estime que la qualité du film et le message sans équivoque qu’il donnait justifiaient ce risque », avouait l’acteur allemand Bruno Ganz, acteur suisse disparu en 2019 qui lui prêtait ses traits dans La Chute d’Oliver Hirschbiegel en 2005. Heureusement pour lui (et pour ses consœurs et confrères), le public semble savoir faire la part entre la vraie vie et le cinéma.
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